D’après les écrits de Rav Yitzchok Hutner (1906–1980) et résumé par le Rabbi Pinchas Stolper, dans Living Beyond Time: The Mystery and Meaning of the Jewish Festivals (Shaar Press, 2003, p. 92–97).
La définition du Chessed (ou khessed) – amour bienveillant
Un amour altruiste qui doit s’exprimer. Le but de la Création fut d’offrir à Dieu un moyen de répandre Son amour. La qualité divine du Chessed constituait et constitue l’ingrédient fondamental de la création de l’univers. En nous instruisant dans les lois du Chessed et en imitant cette qualité divine, nous approfondissons la conscience d’avoir été créés à Son image.
Le Talmud, dans le traité Avoda Zara, enseigne que « Une personne qui ne pratique pas la chessed (bienveillance) est considérée comme quelqu’un qui n’a pas de Dieu. » Sans Chessed, la Création n’aurait pas pu exister, et si l’homme ne pratique pas le Chessed, il n’y a plus de place dans le monde pour le Créateur, puisque l’absence de Chessed écarte Dieu du monde. Notre responsabilité, en tant qu’êtres humains et en tant que Juifs, est de nous identifier à Dieu, source du Chessed, en L’imitant par des actes de bienveillance : le Chessed est donc une obligation majeure pour chacun.
Notre patriarche Abraham, fondateur du peuple juif et connu comme l’Amud HaChessed (le pilier du Chessed), fut le premier à comprendre que Dieu créa le monde selon l’attribut divin du Chessed ; il en déduisit qu’il nous appartenait d’imiter cette qualité. Abraham reconnut un Maître Bâtisseur ayant façonné un monde produit par le Chessed divin et voulut manifester la même bonté : accueillir des étrangers (hachnasat orchim), plaider pour la ville de Sodome au mérite de tout juste qui s’y trouverait — autant d’actes d’amour reflétant la voie divine.
En tant que descendants d’Abraham, nous observons le Chessed comme une alliance entre Dieu et Abraham. Le Talmud, dans Kesubot, dit : « Nos frères qui prodiguent amour et gentillesse sont les enfants d’un peuple qui prodigue amour et gentillesse. » Nous restons fidèles à l’alliance lorsqu’on suit la voie du Chessed.
Nous célébrons la Création et remercions Dieu chaque jour ; Rosh Hashanah en est la fête particulière, car avec la création d’Adam et Ève, la Création s’acheva. Dieu créa l’humanité pour pouvoir lui prodiguer Son amour : l’amour suppose un être aimé, et l’humanité est l’être aimé de Dieu.
Dieu et Sa Création sont honorés quotidiennement par des actes de Chessed. En vue de Rosh Hashanah, il faut aider les nécessiteux, comme le prophète Néhémie l’exhorta avant la fête : « envoyez des cadeaux aux pauvres ! » Les actes de Chessed, tels que le secours aux pauvres, sont indissociables de l’observance de Rosh Hashanah : aucune joie n’est complète sans partage. C’est pourquoi l’usage veut donner et collecter beaucoup de tsédaka avant et après Rosh Hashanah, et pourquoi nous disons dans les prières des grandes fêtes : « Teshuva, Tefillah uTzedakah Ma’avirin Et Roah HaGezeirah » — « Téshouva, Téfilah et Tsédaka font disparaître le mal [du] décret. »
Les actes de Chessed honorent la sainteté de Rosh Hashanah parce que, quand le Chessed pénètre l’esprit et le cœur, il devient le socle de la personnalité. À chaque acte de bienveillance, l’âme humaine recrée l’Univers en partenariat avec Dieu. Voilà pourquoi le Chessed est d’autant plus important pendant la saison de Rosh Hashanah, fête commémorant la Création, acte initial suprême de Chessed divin.
Le Chessed s’étend à tous les aspects de la vie et à toutes les fêtes juives : inviter les nécessiteux aux sedarim de Pessa’h et donner des ma’ot ḥittin pour acheter la matza ; envoyer des cadeaux, surtout en argent, aux pauvres à Pourim ; être charitable envers orphelins et veuves ; traiter autrui comme on aimerait l’être soi‑même face aux épreuves.
Rosh Hashanah est unique
Contrairement aux autres fêtes juives qui commémorent des événements postérieurs à la Création, Rosh Hashanah célèbre la Création elle‑même. Elle nous rappelle nos responsabilités envers Dieu, à la fois Créateur et Roi : élever l’honneur du Créateur pour les mystères de l’univers qui dépassent notre entendement et accroître l’autorité du Roi pour les événements révélés postérieurs à la Création.
Au cœur de Rosh Hashanah résident les aspects mystiques et cachés de la Création. Les rayons de lumière spirituelle qui nous parviennent à Rosh Hashanah sont mystérieux et insondables. Ces lumières révèlent que « Kevod HaShem Haster Davar » — la gloire de Dieu se trouve dans le caché. Tout ce qui touche à l’origine contient des éléments de la Création première et, par nature, demeure voilé pour l’homme. Qu’il s’agisse de la Torah ou d’événements humains, la gloire du Créateur se découvre dans ce qui est caché. Malgré notre incapacité à comprendre ces mystères, nous pouvons et devons célébrer et absorber les grandes lumières spirituelles émises par la Création, particulièrement perceptibles à Rosh Hashanah.
Rosh Hashanah, qui célèbre la création de l’humanité, est la fête de la lumière cachée de Dieu
Par l’alliance de Chessed conclue avec Abraham, le peuple juif, en tant que véritable descendant d’Abraham, s’associe à Dieu pour renouveler et recréer continuellement le monde. Quand l’humanité, et en particulier le peuple juif, imite Dieu par des actes de Chessed et collabore avec Lui, nous élevons, raffinons et sanctifions nos vies et celles de notre entourage.
Shana Tova
Source : https://www.israelnationalnews.com


Shana Tova