Initialement publié le 24 octobre 2022 @ 8h56
Récemment, un sioniste, un vrai, amoureux d’Israël, me disait dans une conversation privée : « Associer les mots sionisme et libéralisme est une hérésie ».
Je pense, hélas, que lui, comme beaucoup, ont une mauvaise connaissance de l’Histoire d’Israël. Ce pays s’est créé dans un environnement capitaliste et ultra-libéral (j’emploi l’expression « ultra-libéral », qui ne veut pas dire grand chose en soi, pour insister sur l’extrême liberté qu’il offre). Ce choix économique, qui est à la racine du sionisme, explique son immense succès – il y a plus d’entreprises israéliennes cotées au Nasdaq que de n’importe quel autre pays au monde à part les Etats-Unis) et que le niveau de vie a rattrapé, voire dépassé, celui de nombreux pays européens (le PIB israélien par habitant dépasse désormais celui de l’Allemagne, et il est loin devant celui de la France, socialisme oblige, ou tout le monde est pauvre pour que personne ne soit riche.
- Jabotinsky a rejeté le socialisme et il a promu le libéralisme économique :
« Jabotinsky wrote that the Bible is full of social protest, but not socialism. Its economic and social policy is one of freedom [définition du libéralisme]; rather than forbid or control economic activity [définition du socialisme] »
(« Jabotinsky a écrit que la Bible est pleine de protestations sociales, mais pas de socialisme. Sa politique économique et sociale est une politique de liberté [définition du libéralisme] ; plutôt que d’interdire ou de contrôler l’activité économique [définition du socialisme]. »
- Begin a soutenu l’ultra libéralisme, c’est à dire le marché libre :
« Begin’s commitment to economic liberty drew from the teachings of his mentor Jabotinsky, as well as from the time he spent in Soviet jails and labor camps, and he advocated free markets all through the 1950s and 1960s. »
(« L’engagement de Begin en faveur de la liberté économique s’inspire des enseignements de son mentor Jabotinsky, ainsi que du temps qu’il a passé dans les prisons et les camps de travail soviétiques, et il a prôné le libre marché tout au long des années 1950 et 1960. »)
- Begin a défendu le capitalisme et le libéralisme avec une grande constance et il a expliqué que c’est le système économique le plus efficace :
“Private initiative is the least expensive and most efficient system, [donc libéralisme]” said Begin, but he said his commitment to the rights to life, liberty and the pursuit of happiness was based on the Bible’s statement that man – all persons of all religions, nationalities and races – is created in God’s image.
(« L’initiative privée est le système le moins coûteux et le plus efficace, [c’est le libéralisme] », a déclaré M. Begin, mais il a ajouté que son engagement en faveur des droits à la vie, à la liberté et à la poursuite du bonheur était fondé sur l’affirmation de la Bible selon laquelle l’homme – toutes les personnes de toutes les religions, nationalités et races – est créé à l’image de Dieu.)
- Herzl, et les sionistes qui lui ont succédé, croyait dans le libéralisme, qui s’appelait (c’est aussi sa définition) « liberté économique » :
Herzl and later Zionists supported economic liberty. The Jewish community in Eretz Israel is “not in need of charity, but of capital… to continue that life of self-support and self-respect which had won the admiration of all,” [capitalisme et libéralisme donc], wrote Louis Brandeis, a US Supreme Court Justice who helped raised large sums of money for Zionist activity at the beginning of the 20th century.
(« Herzl et les sionistes qui l’on suivi sont favorables à la liberté économique. La communauté juive d’Eretz Israël « n’a pas besoin de charité [socialisme], mais de capital… pour poursuivre cette vie d’autosuffisance et de respect de soi qui avait gagné l’admiration de tous » [capitalisme et libéralisme donc], a écrit Louis Brandeis, juge à la Cour suprême des États-Unis, qui a contribué à collecter d’importantes sommes d’argent pour les activités sionistes au début du 20e siècle.)
- Tyler Cowen explique que la vision de Herzl en matière économique était que le socialisme ne permettrait pas au pays de réussir aussi bien que le capitalisme, dans son livre ‘The economics of Theodor Herzl and his Zionist vision’ :
“Making markets” through profit-seeking to be more successful than philanthropy-induced settlement »
(La « création de marchés » par la recherche du profit est plus efficace que la création induite par la philanthropie ».)
- Cowen ajoute que Jabotinsky était un partisan du libéralisme :
« Ze’ev Jabotinsky was another major figure in the Zionist movement opposed by the establishment because of, among other things, his support for economic freedom. »
(« Ze’ev Jabotinsky était une autre figure majeure du mouvement sioniste combattue par l’establishment en raison, notamment, de son soutien à la liberté économique. »)
Enfin, la définition du sionisme parle clairement du capitalisme et de « l’ultra libéralisme » comme les piliers indispensables d’une société moderne :
« Zionism: It manifests the desire to create a modern society that believes in the virtues of free trade and free enterprise, democracy and human rights. »
(« Le sionisme manifeste le désir de créer une société moderne qui croit aux vertus du libre-échange et de la libre entreprise, de la démocratie et des droits de l’homme. »)
On a le droit de ne pas aimer la société israélienne telle qu’elle est. Les médias, qui sont majoritairement de gauche, sont là pour pointer du doigt, voire inventer ou déformer la réalité quand cela sert leur militantisme anti-Bibi, et donner un coup de loupe sur la misère de nombreuses familles pauvres.
J’ai de nombreux amis israéliens d’extrême gauche, qui votent Meretz, et qui ont quitté Israël parce qu’ils sont dégoutés par son système capitaliste.
Je note cependant que les Israéliens sont heureux avec ce système : Israël se classe constamment parmi les 10 peuples les plus heureux au monde, et ce malgré des ennemis de toutes parts. Cette réalité là se heurte à toute la propagande du monde.
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org