Otages à Gaza : Israël remet en question sa politique d’échange de prisonniers

Israéliens réclamant la libération des otages

Professeur Ariel Merari, spécialiste du terrorisme :

« Le sentiment qu’Israël doit reconsidérer sa politique de longue date, endurcir son cœur et envoyer un message brutal à ses ennemis est de plus en plus présent en Israël

La situation actuelle est différente pour deux raisons principales », explique Ariel Merari, professeur à la retraite qui s’est concentré sur la lutte contre le terrorisme et a fait partie d’une équipe de négociation de l’armée.

  • « La première est qu’Israël est en état de guerre. La plupart des citoyens, même s’ils compatissent avec les otages et leurs familles, estiment que la guerre doit être gagnée.
  • La deuxième raison est que le public comprend mieux que jamais l’énorme erreur qui a été commise dans la gestion des enlèvements passés. »

En d’autres termes, selon M. Merari, Israël a donné beaucoup trop, en a payé un prix terrible, et il commence à en prendre conscience, dans la douleur des 200 otages.

« Un tel bilan modifie la tendance du public à accorder la priorité à la libération des otages », déclare M. Merari.

L’attaque du Hamas au début du mois a choqué non seulement par le sadisme affiché – têtes coupées, bébés brûlés, femmes violées et corps décapités – mais aussi par sa sophistication, son degré de préparation, et le fait que les terroristes ont exploité la fibre humanitaire des hauts-responsables israéliens, qui ont accordé massivement des permis de travail à des agents du Hamas infiltrés.

Une partie de la justification non déclarée des précédents accords déséquilibrés d’échanges de prisonniers était le sentiment qu’Israël était tellement plus fort que ses ennemis, qu’il pouvait supporter un accord perdant pour montrer qu’il se souciait de ses citoyens, qui consacrent deux à trois ans de leur vie au service militaire. Le message était que les citoyens israéliens ont droit à toute la force de l’État pour les ramener chez eux s’ils sont capturés.

Aujourd’hui, ce sentiment a cédé la place à un sentiment de vulnérabilité et à la conviction qu’il serait plus prudent de projeter l’image d’un Israël suffisamment endurci pour éloigner les ennemis.

« Pendant des décennies, nous avons fait de nos captifs et de nos disparus un outil de chantage », a écrit Nadav Haetzni, avocat et écrivain, dans le journal Yisrael Hayom lundi.

« Nous avons capitulé devant l’ennemi et nous nous sommes retrouvés avec beaucoup plus de personnes assassinées et kidnappées. Pire encore, comme on vient de nous le prouver une fois de plus, nous avons risqué notre existence même ».

Israël a confirmé que 199 Israéliens ont été enlevés. Le Hamas affirme qu’il détient 200 otages et que 50 autres sont détenus par d’autres organisations.

Le tragique massacre de 1 300 innocents juifs montre qu’une autre alternative à la « Solution à deux États » doit être trouvée : personne en Israël ne veut d’un Etat dirigé par le Hamas, et les faits ont douloureusement montré avec une clarté ensanglantée ce qu’ils font lorsque la « prison à ciel ouvert » arrache sa clôture.

© Jean-Patrick Grumberg pour Israël247

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