Le Premier ministre Binyamin Netanyahou a décidé que l’autorité sur l’administration civile serait transférée au ministre Bezalel Smotrich, malgré l’opposition du ministre de la Défense Yoav Galant, a rapporté Kan 11 mercredi soir. C’est une nouvelle avancée vers plus de démocratie en Israël, puisque jusqu’à présent, l’armée était indépendante du pouvoir élu dans ses décisions concernant le sujet important de la Judée Samarie.
Jeudi soir dernier, l’avant-poste Or Haim a été établi en Samarie, en mémoire du chef spirituel de la communauté sioniste religieuse, le rabbin Haim Drukman. L’avant-poste a été établi par son petit-fils, Naveh Schindler, sans l’autorisation du gouvernement ou des FDI – donc totalement illégalement.
Jusqu’à présent, le destin des « avant-postes illégaux » a été déterminé par l’administration civile, qui représentait le ministre de la Défense, qui est le souverain ultime des décisions dans les « territoires disputés ». Cependant, l’accord de coalition entre le Likoud et le sionisme religieux place l’administration civile sous l’autorité de Bezalel Smotrich, qui sert de ministre adjoint au ministère de la Défense, et ce conformément aux promesses qu’il a faites pendant la campagne, et pour lesquelles les électeurs israéliens ont voté.
Il y avait rupture de démocratie entre le peuple israélien et la façon dont la Judée Samarie était administrée, cette rupture a été comblée, il y a maintenant continuité démocratique.
Cependant, vendredi dernier, quelque cinq heures après l’établissement de l’avant-poste d’Or Haim, d’importantes forces de police et de garde-frontières, accompagnées d’inspecteurs de l’administration civile, sont arrivées à Or Haim et ont commencé à démolir les structures préfabriquées en évacuant les pionniers – sous l’autorité du ministre de la Défense Yoav Gallant.
C’était le début de la première crise de coalition entre le Likoud et le sionisme religieux. Smotrich (ainsi que son allié, Itamar Ben Gvir) avait envoyé des missiles sur Gallant et Netanyahou, qui s’était rangé du côté de Gallant, lui demandant de retirer ses troupes de démolition jusqu’au dimanche où ils pourront s’asseoir et discuter de la question.
Entre temps, Smotrich a boycotté la réunion du cabinet de dimanche et a menacé d’être absent, avec sa faction, des votes de la Knesset.
Si l’on ajoute à cela les problèmes qu’il rencontrait déjà à la suite du limogeage du président du Shas, Aryeh Deri, Netanyahou risquait de perdre temporairement 17 des membres de sa coalition.
Faisons le point
- Netanyahou a réussi à rassembler une coalition stable, suffisamment stable pour durer jusqu’aux prochaines élections légales de la 26e Knesset, au printemps 2027.
- Netanyahou doit rester à son poste de député pendant toute cette période car il ne veut pas déstabiliser le pays avec d’autres élections.
- Il fait toujours l’objet de trois inculpations pénales dans un procès qui traîne en longueur et ressemble à une persécution judiciaire à des fins politiques, mais le procès est ce qu’il est : une réalité. Il se poursuivra probablement pendant une bonne partie de son gouvernement actuel.
- Netanyahou a clairement signifié à Smotrich que son administration de la Judée Samarie n’était pas une carte blanche pour ignorer les lois.
- Il est tout à fait conscient que ce dernier peut quitter son poste de ministre des Finances – entraînant sa faction avec lui, s’il ne respecte pas les accords de coalition.
- L’avenir dira comment la droite modérée (molle disent certains) de Netanyahou, et la droite sioniste de Smotrich, s’entendront.
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org