En 1981, lorsqu’une grève des aiguilleurs du ciel a été annoncée aux États-Unis, le président Ronald Reagan a pris une décision radicale. Il leur a donné 24 heures pour reprendre le travail sans quoi ils seraient licencié. Personne ne l’a cru. Encore moins les syndicats. Le lendemain, quand les aiguilleurs du ciel ont annoncé qu’ils restaient en grève, Reagan a licencié sur le champ les 11 000 aiguilleurs du ciel qui avaient défié son ordre de reprendre le travail et a envoyé l’armée les remplacer. Trois jours plus tard, les syndicats étaient à la porte de Reagan et le suppliaient de négocier.
Benjamin Netanyahou n’est pas Reagan, et Israël n’est pas les Etats-Unis.
A la veille de Pourim, les journalistes font de leur mieux pour plomber l’atmosphère. Bien que la coalition parle de négociation et de dialogue, et que les deux blocs politiques s’entendent à merveille lors du vote de lois pourtant très controversées (loi sur le retrait de la nationalité des terroristes et de leurs familles, et celle sur le rejet du regroupement familial), les premières pages des médias sont occupées à créer une crise politique majeure. La réforme judiciaire apparaît de plus en plus comme un mouvement anti-Netanyahou, un prétexte pour renverser le gouvernement.
Dans la soirée, pour la première fois, les citoyens du pays ont entendu la réponse du Premier ministre Netanyahou aux revendications des réservistes et pilotes de l’air qui refusent de continuer à servir à cause de la politique de son gouvernement. La réponse était très molle.
S’exprimant à la base MAHAW, où il s’est rendu avec le ministre de la Sécurité nationale Ben-Gvir, Netanyahou a critiqué les officiers de réserve qui lancent un ultimatum au gouvernement. Il a déclaré que le mouvement de refus politique des réservistes de Tsahal « menace les fondements de notre existence commune », « il ne devrait pas y avoir de place pour cela dans nos rangs ».
« Je suis sûr que nous surmonterons le refus. La société israélienne a toujours rejeté le refus et honoré de manière sacrée le service commun … elle n’a jamais permis cela, ni dans l’armée, ni chez les réservistes », a déclaré le Premier ministre.
Netanyahou a fait valoir que le refus est inacceptable par principe, pour aucune raison et en aucune circonstance – « si nous lui donnons une légitimation, il se répandra et deviendra une méthode. »
Le Premier ministre s’est abstenu de lancer des attaques personnelles contre les réservistes qui avaient annoncé leur refus de servir. A l’inverse, dans l’opposition, Avigdor Lieberman, et même Yair Lapid, ont fortement critiqué et dénoncé le refus des réservistes de faire leur service.
Quant au boycott par les pilotes de l’escadron d’élite de l’armée de l’air israélienne, elle suscité la colère du commandement de Tsahal. Le chef d’état-major Herzi Halevi a demandé aux dirigeants politiques de ne pas laisser de telles choses se produire.
- Le député Shlomo Karai, proche de Netanyahou, a déclaré aux pilotes : « Allez au diable, le peuple d’Israël se passera de vous ».
Evoquant la fête de Pourim, Karai a déclaré :
« Et ‘Mordechai ne s’agenouillera ni ne s’inclinera’ – il y a des moments où il faut tenir bon contre l’hégémonie », a écrit Karai sur Twitter.
Il a ajouté : « Aux impudents qui refusent, lisons ce que dit Mardochée à Esther : « Le profit et le salut surgiront pour les Juifs d’un autre lieu, et la maison de ton père sera perdue. »
- Mais le commentateur politique Jacob Bardugo est allé encore plus loin : « ces [37] pilotes de réserve sont du pus qu’il faut éliminer ».
Bardugo s’en est pris aux pilotes de réserve qui ont annoncé qu’ils ne viendraient pas s’entraîner suite à la réforme judiciaire qui, selon eux, menacerait la « démocratie » (LOL).
« Ce ne sont plus les meilleurs pilotes », a déclaré Bardugo sur la radio Galei Israël. « Ce groupe s’est engagé envers lui-même. Le silence du système de sécurité me dérange beaucoup. Avec tout le respect dû à l’histoire des pilotes, ils devraient être renvoyés de l’armée aujourd’hui même. Même s’ils doivent s’entraîner, l’escadron sera cloué au sol, comme eux.
L’armée de l’air ne peut plus rester dans ce format », poursuit-il. « Il se peut que ce pus ait besoin d’être sorti. Pour l’instant, vous êtes un pus qu’il faut sortir, je dis ça avec tout le respect que vous avez pour les pilotes. Vous allez finir par être un coup dans l’aile, comme l’a dit Dan Halutz.
Vous, les 37 pilotes [qui ont annoncé le boycott du service], n’êtes pas nos braves soldats d’infanterie. Vous êtes les créateurs du chaos. Vous êtes les créateurs des toiles d’araignée dont Nasrallah a parlé. »
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org