Pour un beau discours, c’était un beau discours. Du bunker souterrain où il se terre pour se protéger d’une éventuelle tentative d’assassinat, Hassan Nasrallah a fait de grands effets de manche.
« Oui, nous avons subi de lourdes peines, a-t-il dit en substance, mais cela ne nous a pas ébranlés et ne nous fait ni hésiter ni arrêter. Notre riposte viendra, elle sera forte et efficace », a-t-il asséné. Et d’ajouter : « L’attente israélienne, depuis une semaine, fait partie du châtiment, fait partie de la riposte, fait partie de la bataille. »
Le patron du Hezbollah n’a sans doute pas remarqué un étrange phénomène. Tandis que lui se frotte les mains en pensant à ce qui attend les Israéliens, au Liban, c’est le sauve-qui-peut, pour ne pas dire la panique. Tous ont compris que la riposte du Hezbollah entraînera nécessairement une riposte israélienne, et peut-être même déclenchera une guerre dont les effets seraient catastrophiques. Les places d’avion s’arrachent à prix d’or.
De nombreux pays, parmi lesquels la Suède, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Jordanie et l’Arabie saoudite, ont appelé leurs ressortissants à quitter le Liban. Plusieurs compagnies aériennes ont suspendu leurs liaisons avec Beyrouth, telles que l’allemande Lufthansa, Air France, Transavia, et Kuwait Airways.
Mais revenons au Liban.
- L’économie est en chute libre.
- Les touristes ont disparu.
- Les habitants du sud Liban, proches de la frontière, ont déserté villes et villages.
- Dans le monde étrange dans lequel nous vivons, de grands amis du pays du Cèdre comme la France, mais aussi la Suède, les États-Unis, le Royaume-Uni et des pays frères comme la Jordanie, les Émirats, et l’Arabie saoudite, loin d’exhorter le Hezbollah à renoncer à sa riposte et à négocier un accord, adjurent leurs ressortissants de quitter le Liban.
Au lendemain du discours de Nasrallah, plus d’un millier de soldats britanniques ont été mis en état d’alerte, prêts à intervenir pour évacuer leurs ressortissants alors que c’est encore possible. Des centaines de membres du personnel de trois services, dont les Royal Marines, ont été déployés à la base aérienne d’Akrotiri à Chypre, tandis que des centaines d’autres sont prêts à être déployés dans la région.
Bref, pour obéir aux Ayatollahs dont il est totalement dépendant, Hassan Nasrallah est prêt à sacrifier son pays et à laisser ses concitoyens sans défense. Personne n’ose protester. Le gouvernement libanais se tait.
De l’autre côté de la frontière, il se passe quelque chose de bizarre.
De nombreuses compagnies ont également suspendu leurs vols vers Israël. Pourtant, malgré les menaces de Nasrallah, des dizaines de milliers d’Israéliens qui se trouvent hors du pays cherchent, eux, désespérément comment y rentrer au plus vite…
Et l’ONU ?
Elle, qui n’a fait que jeter de l’huile sur le feu depuis le 7 octobre, se montrant résolument hostile à Israël, et n’a jamais condamné le Hamas ou le Hezbollah, qui a attaqué Israël sans provocation « par solidarité avec le Hamas » ou plutôt sur ordre de Téhéran, s’agite pour chercher à « éviter l’escalade. »
Gageons que ses employés zélés envisagent déjà comment condamner une nouvelle fois Israël pour sa riposte à la riposte.
© Michèle Mazel pour Israël 24 7.org
Michèle Mazel est diplômée de Sciences-Po et licenciée en Droit, et a été boursière Fullbright en science politique. Pendant plus de trente ans, elle a accompagné de par le monde son mari, le diplomate Zvi Mazel, qui fut notamment ambassadeur d’Israël en Egypte, en Roumanie et en Suède. Elle en a tiré la matière de nombreux ouvrages – thrillers et romans. Elle contribue régulièrement à plusieurs organes de presse.
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