Mission humanitaire de United Hatzalah au Maroc : témoignage d’une secouriste franco-israélienne

Par Noémie Sarah Dray

Je suis arrivée ici au Maroc à peine quelques jours après le tremblement de terre qui a ébranlé l’Atlas et sa région, faisant près de 3.000 victimes. Tout comme les autres membres de la mission d’urgence de United Hatzalah au Maroc, je traite les malades et les blessés, dont beaucoup n’ont reçu aucun soin depuis le séisme. Nous nous sommes déplacés de village en village, installant chaque jour notre hôpital de fortune dans un endroit différent pour traiter les populations locales et leur fournir l’aide médicale nécessaire. Nous fonctionnons comme un service d’urgences avec triage, accueil des patients, évaluation par un médecin et enfin traitement.

Aujourd’hui marquait le dernier jour de notre mission, et nous l’abordions avec une détermination renouvelée. Nous étions impatients de faire de ce dernier jour un moment aussi impactant que les précédents. Après un trajet de 90 minutes depuis Marrakech, nous sommes arrivés dans le village de Larjam où nous avons installé un hôpital de fortune très bien équipé. Nous avons été accueillis chaleureusement par l’ensemble du village, que ce soient les enfants qui voulaient jouer avec nous ou les adultes nécessitant des soins médicaux. Cela a été une expérience très enrichissante.

Tout au long de la journée, nous avons prodigué des soins à une centaine personnes. Chaque patient comptait, qu’il ou elle ait besoin de nos secouristes ou bien de nos médecins. J’ai commencé par soigner les patients en tant que secouriste, puis j’ai transitionné vers la distribution de médicaments en coordination avec nos médecins. Une femme m’a particulièrement marquée : elle avait 87 ans et souffrait de symptomes qui suggèraient un problème cardiaque, ce qui nécessitait une hospitalisation. Je me suis occupé d’elle, l’ai réhydratée par voie intraveineuse et suis restée à ses côtés pendant près de deux heures. Elle s’accrochait à moi, refusant de me laisser ne serait-ce qu’un instant. Ce lien étroit était incroyablement puissant et émouvant.

Pendant que nous attendions l’ambulance, elle s’appuyait sur moi. Elle avait mal mais je pense que nous avons réussi à alléger ses souffrances. Elle souriait et riait même, créant une atmosphère étonnamment positive malgré les circonstances. Lorsque l’ambulance est enfin arrivée, nous l’avons transportée avec précaution, mais elle n’arrêtait pas d’exprimer sa gratitude, nous couvrant de câlins et de baisers. Finir sur une expérience aussi poignante a donné tout son sens à notre mission et m’a fait ressentir un grand sens du devoir accompli. De tout ce qui s’est passé le dernier jour, c’est ce qui restera gravé en moi.

Notre mission a fait une brève pause pour Rosh Hashana, ce qui nous a permis de nous reposer un peu. Cependant, dès que nous avons repris les soins nous étions encore plus motivés et déterminés que jamais à faire tout ce qui était possible dans le temps qui nous restait. Je crois qu’au cours de toute la semaine, nous avons atteint notre objectif de traiter le maximum de personnes et apporter une assistance précieuse aux services médicaux locaux dépassés après le tremblement de terre. Pour moi, savoir que j’ai pu aider des gens et toucher la vie de nombreuses personnes qui n’avaient jamais rencontré quelqu’un en provenance d’Israël, voire quelqu’un de juif, a été une immense source de joie.

Il n’est pas facile de dire au revoir, mais nous comprenons la nécessité de retourner à nos vies normales. Bien que j’aie un peu le cœur lourd, j’espère sincèrement que les habitants de cette région pourront reconstruire leur vie et leur maison, retrouver leur routine et la normalité qu’ils méritent, et que notre assistance, si modeste qu’elle soit, les y aura aidé.

Noémie Sarah Dray est secouriste bénévole chez United Hatzalah. Elle a fait partie de l’équipe d’intervention d’urgence envoyée au Maroc suite au tremblement de terre qui a frappé le pays. Elle étudie les soins infirmiers à l’hôpital Sheba-Tel HaShomer et vit à Modi’in après avoir fait son alyah de France à l’âge de 10 ans.

Credit photo: United Hatzalah)

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