De la colle sur le sol de la Knesset pour tenter d’empêcher les députés d’entrer dans la salle afin de discuter et voter la loi. Vous avez bien lu ! Ils ont badigeonné le sol d’une colle extrêmement puissante afin d’entraver la marche normale du processus démocratique : rien n’est plus démocratique que le vote des lois, et ce, pour « sauver la démocratie ». J’en conclus qu’ils veulent « protéger le pays contre la démocratie », je ne trouve pas de meilleur mot pour expliquer cette aberration.
Bref,
Le plénum de la Knesset se réunit ce lundi soir pour voter en première lecture sur le projet de loi visant à abolir la clause de raisonnabilité, dont j’ai beaucoup parlé, mais pour ceux qui nous lisent pour la première fois, je rappelle qu’il s’agit d’un processus qu’on ne rencontre dans aucune démocratie occidentale (je n’ai pas examiné les pays africains et musulmans, mais j’ai publié une étude comparative des pays occidentaux) qui échappe totalement à la logique légale, et donne à la Haute cour le pouvoir absolu d’annuler toute loi, tout décret, toute décision du gouvernement qui ne lui plaît pas, même s’ils sont totalement légaux, même s’ils n’enfreignent aucune règle, simplement parce que cela ne plaît pas aux juges. Dans un discours prononcé en 2022 devant l’Association du barreau israélien, Yair Lapid a déclaré que la « cause de raisonnabilité » est « un cancer qui ronge notre démocratie. » Il a affirmé que ce principe permettait au tribunal de « passer outre la volonté du peuple. » Bien entendu, aujourd’hui, il est contre l’annulation car il est dans l’opposition.
Comment cela va se dérouler
Le président de la commission constitutionnelle, Simcha Rothman, présente d’abord le projet de loi, puis le ministre de la Justice, Yariv Levin, et le chef de l’opposition, Yair Lapid, prendront la parole. Le vote par lui-même devrait avoir lieu aux alentours de minuit. Selon des sources politiques, après le vote, M. Netanyahou examinera la possibilité d’assouplir la loi ou de parvenir à un compromis.
Mais n’allons pas trop vite.
Emeute fomentée de l’intérieur
Avant le vote, une émeute a éclaté à la Knesset lorsque des violents anarchistes ont réussi à pénétrer dans le plénum et ont été expulsés de force. Certains d’entre eux ont essayé de se coller au sol pour faire obstacle de leur corps, oui de se coller au sol !
Les émeutiers ont crié : « Ce n’est que le début » : « Ce n’est que le début ». Seulement trois personnes ont été arrêtées.
Comment sont-ils entrés, alors que la galerie publique était fermée aux visiteurs par crainte d’émeutes ? Ils ont été infiltrés par deux membres de la Knesset appartenant à l’un des groupes politiques les plus protégés, parce que la conseillère juridique du gouvernement est proche d’eux, Yesh Atid. Les deux députés coupables sont Meirav Cohen, et Naor Shiri.
La porte-parole de la Knesset a réagi aux violentes protestations :
« Compte tenu de la gravité de l’incident sans précédent qui s’est produit ce soir à l’entrée du plénum, pour lequel une plainte a même été déposée auprès de la police au nom de la garde de la Knesset – un officier de la Knesset a mené une enquête d’où il ressort que les membres de la Knesset Meirav Cohen et Naor Shiri sont ceux qui ont invité les émeutiers. La Knesset souligne que la question sera également traitée par le comité d’éthique en vertu de l’autorité que lui confère la loi.
Inutile de retenir votre source ou de nourrir des espoirs, rien ne leur arrivera, ils sont protégés par la justice à deux vitesses.
Benjamin Netanyahou : « ce n’est pas la fin de la démocratie, c’est son renforcement »
Le Premier ministre Binyamin Netanyahou a déclaré :
« Modifier la clause de raisonabilité selon le schéma établi par le juge Solberg de la Cour suprême n’est pas la fin de la démocratie, c’est son renforcement. C’est la raison pour laquelle des membres éminents de l’opposition et des juges de haut rang ont soutenu la modification du motif raisonnable.
L’ancien président de la Cour suprême, Asher Grunis, a déclaré que ‘la clause de raisonnabilité augmente l’incertitude juridique » et qu’il continuera à contrôler la légalité des activités et des nominations du gouvernement. Le gouvernement et les ministres ne pourront pas prendre en compte des considérations étrangères, procéder à des nominations inéligibles ou agir en conflit d’intérêts. Au contraire, sous le contrôle de la Cour qui se poursuivra, le gouvernement devra agir de bonne foi, avec proportionnalité, équité et égalité. Ce n’est pas la fin de la démocratie, c’est son renforcement. Ce n’est certainement pas une raison pour appeler à des refus et perturber la vie de millions de citoyens ».
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org