Macron et le « retour » de l’antisémitisme

Tiens ! La question juive s’invite dans la campagne présidentielle.

Le président Emmanuel Macron, qui de l’avis de tous est sur le point d’annoncer officiellement qu’il brigue un second mandat, vient de déclarer qu’il regrettait que le combat contre l’antisémitisme soit, pour reprendre ses mots, « malheureusement redevenu d’actualité, car les vents mauvais ressoufflent. » Gageons que les Juifs, eux, regrettent qu’il ne s’en soit pas rendu compte plus tôt. Ils doivent surtout se demander aussi ce qu’il voulait dire au juste. « Redevenu d’actualité », ce combat ? Était-il donc devenu passé ? Inutile ? En un mot caduc, l’antisémitisme ayant disparu pendant le quinquennat qui s’achève ? Peu probable quand même, vu la constance sinon la hausse des « incidents » et « incivilités », pour ne pas dire violences à caractère antisémite. Signe des temps, mercredi 26 janvier, le quotidien Le Parisien titre en Une : « Antisémitisme, la peur au quotidien » et consacre deux pages à l’enquête du très respectable IFOP [i] publiée le même jour, qui révèle l’étendue de l’antisémitisme en France. Une enquête au titre évocateur : « Radiographie de l’antisémitisme en France – 2022. »

Le candidat Macron a-t-il pris le temps de lire cette enquête que ses services lui ont sûrement communiquée ? S’associe-t-il à ses conclusions ? Pour 48 % des Français en général et 45 % des Français Juifs, les «  idées islamiques » sont l’une des deux principales causes de l’antisémitisme. Il n’y a rien là d’étonnant. S’il est élu, fera-t-il mieux sur ce point que lors de son premier quinquennat ? Encadrement plus étroit de l’enseignement islamique ? Contrôle et au besoin blocage des dizaines, voire des centaines de chaînes et radios islamiques déversant leurs messages de haine jour et nuit ? Faire de même avec les prêches enflammés du vendredi dans les milliers de mosquées et lieux de culte clandestins disséminés à travers le territoire ? A tout le moins renforcement de la surveillance des fichés S ? Conjuguer ces actions ?

Mais venons-en à ce qui selon cette enquête est pour 62 % de l’ensemble des Français l’incroyable, la surprenante première cause de l’antisémitisme : le rejet d’Israël. Et d’abord, ce diplômé des grandes écoles qu’est le président français va-t-il se demander comment on a pu en arriver là ? Quel a été, quel est le rôle du Quai d’Orsay qui ne manque pas une occasion de montrer du doigt l’Etat juif et sous l’impulsion duquel la France apporte régulièrement son vote aux résolutions présentées contre lui dans toutes les instances internationales ? Et comme corollaire, en tant que chef de l’Etat durant les cinq dernières années, quelle est sa propre part de responsabilité ?

Oserait-on alors se hasarder à penser que les « regrets » exprimés sur ce prétendu « retour » de l’antisémitisme sur le devant d’une scène qu’il n’a hélas jamais quitté sont liés à des considérations électorales, et à un autre combat, celui qui se livre entre candidats réels et candidats putatifs pour la médaille d’or de la lutte contre ces « vents mauvais qui ressouflent ? » 

© Michèle Mazel pour Israël 24 7.org

Michèle Mazel est diplômée de Sciences-Po et licenciée en Droit, et a été boursière Fullbright en science politique. Pendant plus de trente ans, elle a accompagné de par le monde son mari, le diplomate Zvi Mazel, qui fut notamment ambassadeur d’Israël en Egypte, en Roumanie et en Suède. Elle en a tiré la matière de nombreux ouvrages – thrillers et romans. Elle contribue régulièrement à plusieurs organes de presse.

[i] Radiographie de l’antisémitisme en France – édition 2022 – Fondapol

Inscription gratuite à la newsletter Israël 24/7
Quitter la version mobile