Traduction par Magali Marc de l’article de Richard Cravatts*, paru dans The Algemeiner, le 30 novembre, et signalé par Honest Reporting
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Le problème juif de l’Université de Toronto
Comme pour confirmer la profondeur de son animosité anti-Israël, le syndicat étudiant de l’Université de Toronto à Scarborough (SCSU) a adopté une motion empoisonnée lors de sa réunion virtuelle du 24 novembre, stipulant que le syndicat étudiant « réaffirme son engagement envers le mouvement BDS en … sensibilisant les gens à l’occupation continue de la Palestine par Israël et aux crimes de guerre contre les peuples palestiniens ».
En conséquence, le syndicat a décidé que l’université devait « s’abstenir de s’engager auprès d’organisations, de services ou de prendre part à des événements qui normalisent davantage l’apartheid israélien », et même interdire sur le campus les conférenciers qui « appuient l’occupation militaire de la Palestine. »
Plus insidieux encore, un élément d’une motion originale adoptée en 2013 exige que toute nourriture casher apportée sur le campus provienne d’entreprises qui n’appuient pas « l’apartheid israélien », sans parler de la création d’une pernicieuse « liste BDS » qui doit servir à mettre sur liste noire les organisations solidaires d’Israël.
Ce vote récent est le dernier d’une longue campagne d’actions anti-israéliennes et antisémites à l’Université de Toronto.
Dans cette université en particulier, la ‘University of Toronto Graduate Students’ Union (UTGSU) a la distinction douteuse d’être la seule association étudiante au Canada qui possède un comité dédié uniquement à la promotion du mouvement antisémite Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS). En 2019, elle a rejeté de façon scandaleuse la demande d’Hillel ( NdT: une association d’étudiants juifs présentes sur les campus universitaires canadiens) de reconnaître la campagne « Kosher Forward » afin que de la nourriture kasher soit offerte sur le campus. Pourquoi ? Parce que l’Association a décidé, à sa manière grotesquement antisémite, que Hillel est pro-israélien et que la nourriture casher ne devrait donc pas être autorisée.
À mesure que de tels efforts gagnent en intensité et en portée, ils deviennent plus destructeurs, plus sectaires et plus fanatiquement antisémites. Ils se concentrent uniquement sur le comportement et la politique d’un seul pays, alors que de nombreux autres pays violent les droits de l’homme et ont des antécédents bien plus flagrants et anciens d’oppression de groupes minoritaires ou marginaux dans leurs sociétés respectives.
Étant donné la puanteur de l’antisémitisme qui émane du gouvernement étudiant de l’Université de Toronto (UT) depuis plusieurs années maintenant, les étudiants juifs ont réagi à la réunion du 24 novembre avec leur propre motion, à savoir la « Réaffirmation des droits des étudiants juifs à l’UTSC », écrite pour les aider à se protéger de tout nouveau fanatisme anti-juif.
Cependant, malgré les bonnes intentions des étudiants juifs qui ont soumis la motion, les adversaires d’Israël au sein du gouvernement étudiant ont outrageusement supprimé des passages clés de la motion qui auraient empêché les Juifs pro-Israël d’être ciblés, calomniés et exclus du dialogue sur le campus.
Une section clé supprimée de la motion, par exemple, faisait la demande raisonnable au syndicat étudiant de « réaffirmer son engagement à s’assurer que les étudiants juifs ne soient pas gênés par des politiques ou des actions discriminatoires de la part du syndicat ou de ses dirigeants … en reconnaissant le droit des étudiants juifs, comme tous les étudiants, à organiser et à annoncer des événements pour exprimer leurs opinions politiques, culturelles et/ou religieuses ».
Pour tout autre groupe minoritaire sur le campus, ce langage, bien sûr, ne ferait jamais l’objet d’une controverse ; cependant, lorsque le débat porte sur Israël et les Juifs, la normalité disparaît.
L’une des tactiques des activistes anti-israéliens sur les campus – des groupes comme Students for Justice in Palestine, par exemple – consiste à tenter de supprimer toute opinion pro-israélienne ou tout effort pour réagir aux calomnies répandues sur l’État juif.
La liberté d’expression et la possibilité de débattre ouvertement de questions importantes sont, bien sûr, des parties fondamentales du rôle que doivent jouer les universités, mais le camp pro-palestinien a été déterminé à n’autoriser qu’un seul narratif – celui qui dépeint Israël comme un occupant raciste, militariste et colonial de terres volées.
Il n’est donc pas surprenant qu’une autre section de la motion des étudiants juifs ait été supprimée, celle qui demandait à la SCSU (Scarborough Campus Students’ Union ) de « défendre les principes de la liberté académique » afin que les étudiants, le corps enseignant et le personnel puissent « assister à des conférences, des ateliers et des films sur Israël et/ou la Palestine », « participer à des recherches conjointes avec des Israéliens et des institutions israéliennes », « s’inscrire à des cours en collaboration avec des universités israéliennes » et « voyager et étudier en Israël ou avec des organisations qui appuient Israël ou le sionisme ».
Aucun autre pays au monde n’est ciblé par les étudiants «woke» comme étant un tel paria sur la scène internationale au point d’interdire aux étudiants de le visiter, et pourtant cette section entièrement bénigne a été supprimée précisément parce qu’elle permettait aux étudiants de créer et de maintenir une affiliation académique ou spirituelle avec Israël.
Imaginez qu’une association étudiante supprime les aménagements pour la nourriture halal sur le campus parce que l’islam peut être lié au terrorisme. Tout le campus hurlerait à l’islamophobie et au sectarisme. Ce serait un cri assourdissant. Et depuis quand les étudiants juifs – qui peuvent ne pas appuyer ou même ne pas se soucier d’Israël – sont-ils responsables du comportement politique d’un pays étranger situé à des milliers de kilomètres du campus, et doivent-ils en souffrir ?
Cette campagne, bien sûr, fait partie d’un effort plus large visant à marginaliser les étudiants juifs, à dénigrer Israël et le sionisme sans débat, à déformer l’histoire et les faits pour élever la cause palestinienne et dénoncer l’État juif, et à promouvoir la haine et l’hostilité envers tout partisan d’Israël.
Ainsi, en plus d’interdire aux Juifs l’accès à la nourriture casher sur le campus, les personnes qui détestent Israël ont pris des mesures afin de rejeter la définition de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), en prétendant qu’elle supprime la solidarité palestinienne ; de décider qui sont les « mauvais » juifs et qui sont les « bons » juifs en fonction de leur appui ou de leur opposition à Israël ; de proclamer, à tort, que l’antisionisme ne constitue jamais de l’antisémitisme ; de prétendre parler au nom des juifs en décidant que le sionisme n’a absolument rien à voir avec le judaïsme ; et d’annoncer que le sionisme lui-même est antisémite.
Le fait que cette situation existe sur les campus du Canada et des États-Unis représente un grave échec moral et une réalité honteuse dont les administrateurs devront un jour répondre.
© Traduction et adaptation, Magali Marc pour Israël 24/7.org
* Richard L. Cravatts, Ph.D., membre du Freedom Center Journalism Fellow in Academic Free Speech et président émérite de Scholars for Peace in the Middle East, est l’auteur de « Dispatches From the Campus War Against Israel and Jews »
Source:
https://www.algemeiner.com/2021/11/30/the-university-of-torontos-jewish-problem/