L’ultimatum de Gideon Saar : « L’échec de la loi sur la juridiction dans les territoires signe la fin de la coalition »

Gideon Saar

L’heure fatidique de la coalition Bennett-Lapida approche-t-elle ? Pas sûr. Ne faites pas confiance aux politiciens qui menacent quand ils sont dans l’opposition, et qui n’agissent pas lorsqu’ils sont au gouvernement.

C’est ainsi que le ministre de la Justice Gideon Saar (New Hope, ou Nouvel Espoir, un parti de centre droit conservateur) a fait son dernier ultimatum – ou plutôt, c’est le premier ultimatum d’un membre de la coalition pour cette semaine.

Saar dit qu’il est déterminé à faire en sorte qu’il y ait un vote pour la loi provisoire sur la juridiction israélienne dans les territoires de Judée et Samarie – sujet essentiel dont j’ai parlé ce mercredi 1er juin.

Dans une interview accordée à Reshet Bet, Saar a déclaré aujourd’hui 1er juin, que l’existence ou la disparition de la coalition dépendra de l’issue du vote sur cette loi, qui aura lieu la semaine prochaine.

Hier, par les efforts des députés arabes – Jida Rinawi-Zoabi de Meretz et les députés de Ra’am – la loi sur la juridiction dans les territoires a été retirée du vote.

Or, il s’agit de l’une des lois fondamentales de la structure étatique d’Israël, qui est renouvelée tous les cinq ans depuis la libération de la Judée et de la Samarie en 1967. Une loi fondamentale qui n’est pas appliquée, bien entendu, mais fondamentale tout de même.

Il ne reste qu’un mois pour l’adoption de cette loi, et elle a encore le temps de passer en trois lectures. Par conséquent, la semaine prochaine est un moment crucial pour lancer le processus législatif.

Afin de ne pas provoquer une grave crise politique, juridique et de coalition, les députés du Meretz (extrême gauche antisioniste) et du Parti arabe devront alors renoncer à leur biais idéologique et confirmer ce qu’ils appellent une loi d' »occupation » d’Israël dans les territoires.

« La semaine prochaine, on saura si la coalition veut continuer son existence ou non », a déclaré Gideon Saar sur les ondes de Reshet Bet, en fait, avec un ultimatum.

Le député Ra’am Walid Taha a immédiatement posté sur les médias sociaux : « Nous sommes prêts », comme pour parodier le défi lancé par Benjamin Netanyahou en 2019. « Je suis prêt », a-t-il tweeté lorsque le leader du Likoud a exprimé son désir d’organiser une primaire du parti.

L’opposition n’a pas l’intention d’abandonner la bouée de sauvetage que lui offre la coalition Bennett, bouée sans laquelle elle ne serait pas au gouvernement, et elle fait pression sur Idit Silman (Yamina) pour qu’elle vote contre la loi sur la juridiction.

Selon les journalistes, Tikva Hadasha (New Hope) sonde le terrain pour entrer dans un gouvernement de droite avec le Likoud si cette loi fatidique ne passe pas.

En résumé : en raison de sa profonde inimitié envers Netanyahou, Saar a quitté le Likoud. Il semble donc être le politicien le plus difficile à persuader de quitter la coalition Bennet. Et puis soudain, le ton change, un drame. Mais soyons réalistes, le drame est l’ADN de la politique israélienne.

L’une des figures de proue du Likoud et observateur politique pour Channel 20 et Israel Hayom, Yaakov Bardugo, a déclaré que le Likoud regardait avec étonnement les actions de Saar. Selon lui, derrière les menaces du ministre de la Justice ne reposent pas sur un fond politique, mais sur autre chose, à savoir qu’il représente un système juridique qui craint le chaos si la loi échoue.

Ce que dit la loi sur la Judée Samarie

L’Avocate Avital Somplyansky, Procureure générale adjointe (droit public-constitutionnel), qui a été nommée le 12 mai 2022, explique :

La loi réglemente un large éventail d’aspects concernant la réglementation de l’État d’Israël avec ses citoyens de Judée et de Samarie.

Elle explique que

« l’expiration des règlements aura des conséquences dramatiques, une situation d’absence de réglementation juridique des pouvoirs des autorités de l’État à l’égard de la Judée et de la Samarie qui aura également des conséquences profondes pour la gestion du système juridique israélien en Israël. »

Cette réglementation d’urgence datant de 1967 (avant même le début de l’implantation israélienne en Judée et Samarie), il est très difficile de décrire la gestion de la zone sans que ces règlements soient en vigueur. »

Elle donne des exemples.

Somplyansky prévient en outre :

Bref, ce serait une aubaine pour les délinquants, les criminels, les Israéliens-Arabes, et politiquement, une première pierre pour la création d’un Etat palestinien, qui sera un Etat terroriste.

Car selon Somplyansky, il y a aussi des implications sécuritaires à ne pas étendre la loi.

Elle ajoute :

La procureure générale adjointe donne un autre exemple.

« Aujourd’hui, il est possible de transférer d’Israël vers la Judée Samarie un Israélien soupçonné d’avoir commis une infraction en vertu de la législation sur la sécurité. Il s’agit en fait d’une « clause d’extradition » vers la Judée et la Samarie, qui permet d’arrêter un Israélien ayant commis un délit en Judée et Samarie.

© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org

Source : https://news.israelinfo.co.il

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