Comment le Shin Bet et la police sont-ils passés à côté de la constitution de ces réseaux islamistes ? Comment les assaillants ont-ils pu amasser un tel arsenal sans se faire remarquer ?
Deux attaques meurtrières au cœur de deux villes israéliennes en moins d’une semaine ont coûté la vie à six citoyens israéliens et obligeront les services de sécurité du pays à enquêter en profondeur sur la façon dont ils ont raté la planification de l’attaque de dimanche.
Les images de l’attaque, qui ont été filmées par des caméras de vidéosurveillance, montraient deux hommes ouvrant le feu sur un groupe d’agents de police. Une victime a pris quatre balles en 40 secondes, tirées par l’un des terroristes avant que celui-ci ne la malmène et ne lui vole son arme en l’utilisant pour ouvrir le feu sur d’autres personnes dans le secteur.
L’attaque, qui a coûté la vie à deux jeunes agents de la police des frontières – Yezen Falah, Druze et Shirel Abukarat, jeune Ola Hadasha franco-israélienne – a été revendiquée par l’État islamique. C’était une attaque dévastatrice qui aurait pu être bien pire. Les assaillants étaient arrivés sur les lieux avec 1 100 balles, au moins trois armes de poing et six couteaux.
Ce n’est que par chance que des agents appartenant à l’unité d’infiltration YAMAS de la police dînaient à 30 mètres et ont pu arrêter les assaillants moins de 2 minutes après qu’ils ont déclenché leur massacre.
Les deux terroristes ont perpétré l’attaque moins d’une semaine après qu’un partisan de l’EI a poignardé à mort quatre civils israéliens à Beer Sheva.
On doit se poser les questions pertinentes. C’était clairement une attaque qui avait été planifiée et entraînée au préalable. Comment les forces de sécurité ont-elles manqué l’élaboration de cette conspiration au stade des préparatifs ? Comment les assaillants ont-ils pu amasser un tel arsenal sans se faire remarquer ?
Le fléau continu de la violence et des meurtres dans les communautés arabes d’Israël a secoué le pays qui, pendant des décennies, a ignoré la violence qui balayait constamment la communauté. Et bien que de nombreuses armes soient des armes de poing, d’autres sont de qualité militaire, telles que les M-16, les AR15 (semi-automatiques), les AK-47, les bullpups, etc.
La quantité d’armes illégales circulant dans les rues d’Israël est catastrophique. Selon GunPolicy.org en 2017, il y avait environ 267 000 armes illégales en Israël, en 2020 ce nombre a presque doublé, avec une estimation de la Knesset faisant état de quelque 400 000 armes illégales circulant dans le pays.
Mais ce n’est qu’un maillon du problème. Comment la police et les services de sécurité intérieure du Shin Bet ont-ils manqué la surveillance du processus de radicalisation des assaillants ?
Il y a eu des attaques de l’État islamique en Israël dans le passé, mais depuis l’effondrement du califat territorial du groupe en 2019, le mouvement a du mal à attirer le soutien de ceux qui pourraient mener des attaques en son nom. La menace posée par le groupe terroriste avait diminué, selon ce que beaucoup pensaient, et l’attention des forces de sécurité du monde entier s’était déplacée vers d’autres menaces visant leurs citoyens.
Au plus fort du pouvoir de l’État islamique, près de 100 Israéliens ont rejoint le groupe terroriste et plusieurs Israéliens-Arabes ont été arrêtés par le Shin Bet et la police israélienne pour avoir cherché à rejoindre le groupe. Plusieurs de ceux qui ont rejoint le groupe ont été tués et un petit nombre d’entre eux seraient retournés en Israël, soit de leur propre gré, soit après avoir été arrêtés par les autorités turques alors qu’ils tentaient de traverser la frontière et ils ont été expulsés vers Israël.
Selon certaines informations, la majorité des personnes emprisonnées pour leur soutien au groupe terroriste ont été libérées de prison et, comme l’attaquant de Beer Sheva, elles n’ont pas été suivies par la police.
En octobre 2015, les autorités ont mis fin au premier cas connu de complot de l’EI en Israël et ont inculpé sept Arabes israéliens pour appartenance à une cellule de l’EI prévoyant d’attaquer des cibles militaires.
La première attaque meurtrière qui aurait été inspirée par le groupe djihadiste a eu lieu en janvier 2016 lorsqu’un Israélien-Arabe a déclenché une fusillade à Tel-Aviv tuant trois personnes. Six mois plus tard, deux Palestiniens ont abattu quatre Israéliens au marché Sarona de Tel-Aviv.
Des années se sont écoulées depuis le dernier attentat perpétré par des terroristes affiliés à l’État islamique, mais ce mouvement a de nouveau relevé sa tête destructrice.
En plus des éventuels attentats terroristes perpétrés par des Palestiniens pendant le mois de Ramadan, les forces de sécurité israéliennes devront désormais à nouveau se tourner vers la menace posée par le groupe djihadiste.
« Une deuxième attaque par des partisans de l’Etat islamique à l’intérieur d’Israël oblige les forces de sécurité à s’adapter rapidement à la nouvelle menace. Et c’est ce que nous ferons », a déclaré lundi le Premier ministre Naftali Bennett, appelant les citoyens à la vigilance. « Ensemble, nous pourrons également vaincre cet ennemi (comme d’autres avant lui). »
Mais alors que les coalitions anti-Daesh peuvent détruire le califat dirigeant le groupe, son idéologie est beaucoup plus difficile à tuer.
L’attaque de Beer Sheva, perpétrée par Mohammed Abu al-Kiyan, un Bédouin de la ville voisine de Hura, s’est réglée grâce à des civils armés qui l’ont abattu sur les lieux, après qu’il a poignardé à mort quatre civils israéliens dans un centre commercial au cœur du ville.
Alors qu’al-Kiyan était un partisan connu de l’État islamique et que des membres de sa famille avaient rejoint le groupe djihadiste en Syrie, le Jerusalem Post a appris que la police penchait vers la conviction que l’attaque avait une motivation nationale et n’était pas menée au nom de l’EI.
L’attaque a duré huit minutes et la police israélienne est arrivée sur les lieux quatre minutes après la mort d’al-Kiyan.
C’était huit minutes de carnage qui auraient dû être un avertissement pour le Shin Bet et la police israélienne. Alors qu’ils ont augmenté leur niveau d’alerte à travers le pays, ils sont totalement passés à côté des assaillants d’Umm el-Fahm, dont l’un avait un frère servant dans la police.
Selon un reportage de Haaretz, l’un des terroristes, Ibrahim Agbarieh, a tenté de rejoindre l’État islamique.
L’un des assaillants de Hadera avait également posté des photos où on le voit à côté de Raed Salah, le chef de la branche nord du mouvement islamique en Israël. Depuis sa sortie de prison au début de cette année, il a été le fer de lance de l’appel à la violence.
Les responsables de la sécurité s’inquiètent réellement des attaques de réplication, après les deux attaques meurtrières de la semaine dernière. On craint que la radicalisation religieuse et les fêtes du Ramadan, de la Pâque juive et de Pâques chrétiennes ne conduisent à une explosion encore jamais vue en Israël depuis de nombreuses années. Après les deux attentats, les forces de sécurité ont renforcé leur niveau d’alerte et leur préparation dans tout le pays, pas seulement à Jérusalem et en Judée-Samarie.
En plus des terroristes évoluant en loups solitaires, comme Israël a vu dans le passé, y compris l’attaquant de Beer Sheva, des groupes terroristes comme le Hamas, le Jihad islamique palestinien et le Hezbollah – qui ont tous salué l’attaque – pourraient tenter de mener des attaques afin d’attiser les flammes initiées par Daesh.
Outre les fêtes religieuses, il y a aussi le premier anniversaire de l’Opération Gardien des Murs qui a été le théâtre des émeutes à travers le pays dans des villes mixtes israélo-arabes comme Lod et dans le Néguev, ainsi que le Jour de la Terre et les tensions persistantes dans le quartier de Cheikh Jarrah Jérusalem.
Des sources ont déclaré au Post que le frère n’est pas responsable des actions de l’attaquant, et bien que cela soit vrai, la question demeure : l’écriture était sur les murs Facebook des attaquants. S’ils n’ont rien vu venir, dans les attentats de Beer Sheva et Hadera, qu’est-ce qui attend Israël dans les mois à venir ?
© Marc Brzustowski pour Israël 24/7
Source : Jerusalem Post