Traduction par Magali Marc de l’article de Seth J. Frantzman, paru dans le Jerusalem Post, le 4 décembre.
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La question fondamentale à Vienne est de savoir si l’Occident va supplier l’Iran de ne pas construire d’arme nucléaire et alléger les sanctions en échange d’un accord quelconque.
Samedi, le journal iranien Fars News s’est demandé « à quoi servent les négociations entre l’Iran et le P5+1 ? ».
En effet, les médias iraniens savent qu’il n’y a pas d’intérêt, et il semble que seuls les Occidentaux pensent qu’il y a une raison de continuer les discussions interminables à Vienne.
Le P5+1 désigne les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies – qui comprennent la Chine, les États-Unis, la France, la Russie et le Royaume-Uni – plus l’Allemagne. Cela inclut les trois pays européens de l’actuel E3.
La question fondamentale à Vienne est de savoir si l’Occident, et en particulier les États-Unis, vont supplier Téhéran de ne pas construire d’arme nucléaire et alléger les sanctions en échange d’une sorte d’accord.
Il n’est pas certain que l’Iran puisse réellement construire une bombe et qu’il le fasse, mais il fait du chantage pour obtenir ce qu’il veut.
Le lobby pro-iranien occidental a tendance à considérer la politique américaine – qui consiste à conclure un accord avec l’Iran en 2015, à le quitter, puis à retourner à Vienne pour en discuter à nouveau – comme un échec dans lequel c’est toujours la faute des États-Unis.
Dans ce narratif, les États-Unis prétendaient avoir besoin d’un accord en 2015 pour éviter une éventuelle « guerre » avec l’Iran. L’accord était censé empêcher la République islamique de construire des armes nucléaires – qu’elle prétendait ne même pas vouloir et n’était pas censée construire de toute façon.
L’ex-Président américain Donald Trump était sorti de cet accord. Mais pour certains, c’était la preuve que Washington et Téhéran étaient rendus au « bord de la guerre » et que l’Iran était contraint de déstabiliser le Moyen-Orient par l’intermédiaire de ses mandataires à Gaza, au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen.
L’Iran avait donc le droit de continuer son programme nucléaire, puisque les États-Unis avaient quitté l’accord.
La fausseté logique des points de discussion entre les États-Unis et l’Iran est toujours la même. Les États-Unis ont rompu l’accord. L’Iran veut de nouvelles négociations. Si les négociations échouent, un Iran doté de l’arme nucléaire émergera et il y aura une guerre pour empêcher cette éventualité. La bombe ou la guerre sont les deux seules options présentées.
Cela devient une sorte d’arnaque parce qu’elle repose sur la théorie selon laquelle les dirigeants iraniens construiraient effectivement un dispositif et le testeraient dans une explosion nucléaire. Après tout, c’est ainsi que les pays dépassent le statut de seuil nucléaire – ils doivent réellement construire l’arme et voir si elle fonctionne. C’est ce qu’ont fait les États-Unis en 1945, après avoir tergiversé en 1944. C’est également ce qu’ont fait le Pakistan et l’Inde.
Les négociations avec l’Iran n’ont donc pas progressé jusqu’à présent. Fars News le sait et reflète le discours du régime. Il affirme que « (cette) histoire remonte à la fin du gouvernement de M. Rouhani. Moins de cinq mois avant la fin du mandat de huit ans de l’Administration, la prudence et l’espoir subsistaient, mais à moins de deux mois de l’élection présidentielle, le gouvernement était en difficulté, et les négociations avec les Américains et les Européens ne pouvaient pas sauver le pays des problèmes économiques. »
Fars News poursuit :
« En reprenant ce cycle de négociations, on peut dire que l’enjeu principal est de poser les bases d’un accord. L’Iran a présenté son plan initial, et maintenant les parties occidentales doivent se concerter avec leurs capitales pour répondre à ces deux documents et à la proposition de l’équipe iranienne. »
Selon la définition du terme « arnaque », il s’agit d’une forme d’escroquerie à petite échelle. Les arnaqueurs sont des personnes qui escroquent les autres, parfois de manière systématique pendant de nombreuses années. De nos jours, beaucoup de choses aux États-Unis peuvent être qualifiées d’escroquerie, notamment dans les commentaires politiques.
Il ne fait aucun doute qu’un Iran doté de l’arme nucléaire constituerait une menace sérieuse.
Toutefois, la discussion concernant l’Accord sur le nucléaire et les négociations sans fin qui ne mènent nulle part, ainsi que l’accord de 2015 lui-même, ressemblent davantage à une arnaque qu’à une discussion sérieuse.
En effet, il n’y aura probablement pas de « guerre » avec l’Iran – du moins pas une guerre entre les États-Unis et l’Iran. Il y aura peut-être des tentatives pour empêcher Téhéran d’acquérir une arme nucléaire ou d’atteindre un certain niveau d’enrichissement.
Mais l’idée selon laquelle ce sera « soit la guerre, soit un Iran nucléaire » est probablement fausse.
Il n’est pas certain que les partenaires de la République islamique en Russie et en Chine acceptent ou souhaitent un Iran nucléaire.
Il se peut donc que l’Iran continue de tergiverser et tente d’obtenir des concessions de la part de l’Occident tout en sachant parfaitement qu’il ne veut pas d’une véritable arme nucléaire.
Source:
https://www.jpost.com/middle-east/iran-news/are-the-iran-deal-talks-just-a-grift-analysis-687809