80 000 personnes selon plusieurs médias, dont on pouvait sentir la joie dans leur voix, se sont réunis pour tenter d’obtenir par la rue ce qu’ils ont échoué à obtenir par les urnes, voilà ce qu’il faut retenir des manifestations de samedi soir à Tel Aviv, dont une partie s’est déroulé sous une pluie battante : oui, les visages mouillés, ce n’étaient pas des larmes d’émotion mais de gouttes de pluie.
Des manifestations plus modestes ont eu lieu au même moment à Jérusalem et à Haïfa.
“Pas de démocratie sans la Haute Cour”, ont scandé les manifestants en opposition à la réforme judiciaire du ministre de la Justice Yariv Levin, qui agit conformément aux promesses de campagne.
La réforme judiciaire de Levin comprend une “clause dérogatoire” qui permettra à la Knesset de légiférer à nouveau sur des lois que la Cour suprême a annulées, en attendant une majorité de 61 députés, un processus plus démocratique que le gouvernement par des juges non élus, comme c’est le cas aujourd’hui, qui peuvent à leur gré bloquer les décisions des représentants du peuple.
Des changements dans la manière dont les juges sont choisis, la réduction de la capacité des conseillers juridiques non élus à influencer les décisions du gouvernement, et la définition claire des circonstances dans lesquelles la cour est autorisée à intervenir dans les affaires législatives font également partie du projet de réforme destiné à rendre l’Etat d’Israël plus démocratique.
Par un procédé bien huilé à gauche, les manifestants ont utilisé le principe de l’inversion en accusant le gouvernement de vouloir faire exactement ce qu’eux veulent faire, à savoir un coup d’état.
Les organisateurs de la marche ont déclaré :
“Le dangereux coup d’État va rencontrer une résistance civile sans précédent [JPG : traduction : nous allons faire un coup d’état]. Tant que le gouvernement criminel [JPG criminel parce qu’il a été élu démocratiquement ?] ne reculera pas [JPG voilà l’aveu du coup d’état projeté] devant son intention de piétiner la démocratie [JPG : principe de l’inversion : les opposants piétinant la démocratie qui se met en place] et de promouvoir son dangereux programme [JPG : dangereux pour la gauche, car elle ne pourra plus influencer la politique], nous résisterons, marcherons, bloquerons [JPG bloquer = coup d’état] et protesterons. Nous ne faisons que commencer. Nous irons partout et poursuivrons les membres du gouvernement criminel [JPG : criminel parce qu’ils ont été élus ?] jusqu’à ce que le coup d’État soit arrêté [JPG : principe de l’inversion : il faut lire jusqu’à ce que notre coup d’état réussisse]. Nous sommes la dernière forteresse et nous ne tomberons pas [JPG : nous rejetons la démocratie, le vote des électeurs, le choix”.
Comme l’a très bien expliqué la future ministre May Golan, malgré les coups subis par le camp national – celui-ci n’a jamais appelé à une guerre civile.
“Le camp national en Israël a subi des coups sévères ; la reddition du Sinaï, l’Altalena, les Accords d’Oslo, une (vraie) révolution juridique à l’insu de tout le monde, l’expulsion des Juifs de leurs maisons et la remise de la Terre Sainte par sécession, les médias hostiles, les affaires arrangées, le vol des votes de droite et leur remise à l’extrême gauche – contre leur volonté, et plus encore… Les dirigeants du camp national ou leurs électeurs n’ont même pas osé penser à des soulèvements civils, ou parler de la fin de la démocratie et d’un coup d’État. Nous nous sommes courageusement opposés à tout cela ! Nous avons fait appel à plusieurs reprises aux citoyens d’Israël et les avons convaincus de la justesse de notre voie. Nous n’avons pas volé de voix, nous n’avons pas caché nos partenaires et nous avons présenté à nos électeurs tous nos plans de travail. Contrairement à la gauche, nous – nous n’avons fait que dire la vérité Maintenant, ils utilisent tous leurs bras longs, depuis les “anciens officiers de sécurité” jusqu’aux usines de propagande – qui se nourrissent et vivent de leurs fuites sans fin – en passant par les juges en exercice – et en sommeil. C’est pourquoi, de la même manière que nous nous sommes tenus fermement du côté de notre leader, nous nous tiendrons fermement du côté de nos électeurs.”
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© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org