Il a treize ans. Plus tout à fait un enfant, mais pas encore un adolescent.
Ce matin du samedi 28 janvier, il quitte la maison très tôt. Le soleil brille déjà dans un ciel sans nuages, mais il fait encore frais malgré les vingt degrés annoncés pour la journée à Jérusalem. Il marche, serrant son arme dans sa poche. Une arme dont il a appris à se servir. Il pense à ce qu’il va accomplir, il rêve à la gloire qui sera bientôt la sienne.
Avant de partir, il a posté un message sur sa page Facebook :
« Allah, victoire ou martyre. Maman, pardonne-moi, tu seras fière de moi. »
Il faut dire qu’hier, il a vu le drame qui se déroulait non loin de là, entendu le nom de Kheiry Alkam, l’homme qui était mort « en héros », abattu par les soldats après avoir accompli sa tâche, venger les neuf martyrs de Jénine. Il avait entendu les cris de joie, l’explosion d’allégresse des habitants de son quartier descendus dans la rue, les pétards, les feux d’artifice et les femmes qui distribuaient des sucreries aux passants. Il avait vu le portrait du nouveau shahid diffusé sur internet, les louanges, les félicitations du Hamas, des factions palestiniennes. Et il avait pris sa décision. Lui aussi se sacrifierait pour la Palestine.
Ce soir, ce serait son nom à lui qui serait sur toutes les lèvres. Il voyait déjà son portrait sur les murs. Sur les murs, mais aussi dans son école, dans sa classe, l’admiration de ses camarades, jaloux de sa gloire. Il imaginait les voisins qui se précipiteraient pour féliciter son père, le sourire plein de fierté de sa mère. Et puis, comme c’était arrivé pour un lointain parent, la belle somme que recevrait sa famille de l’Autorité palestinienne reconnaissante du sacrifice que son fils avait fait pour la cause. Il n’y aurait plus de soucis d’argent. Et tout cela, ce serait grâce à lui.
Le voilà arrivé à son but.
Il a mis le capuchon de sa veste et, tapi derrière une voiture, il attend, comme le héros de la veille, les Juifs qui sortent de leur temple. Il voit venir vers lui deux hommes. Un père et son fils. Il vise soigneusement. Surtout ne pas rater. Il tire une première balle. Touché au ventre, le père s’écroule. Déjà la seconde balle est partie, frappant le fils en pleine poitrine. Il vacille, mais réussit à tirer à son tour avant de s’effondrer. Grièvement blessé, l’enfant qui se voulait shahid est à terre. Transporté d’urgence à l’hôpital, il est entre la vie et la mort.
Sait-il seulement qu’il n’a pas réussi à tuer ses victimes ? Qu’importe. Le sinistre festival habituel est lancé.
Maintenant, les jeunes de son âge ne tarissent pas de louanges, parlent déjà de l’imiter, de se sacrifier à leur tour et de donner eux-aussi leur vie pour « libérer » la Palestine et chasser l’Occupant.
Le moloch palestinien peut ricaner dans l’ombre. L’enseignement de la haine dès la petite enfance et les incitations au meurtre continueront à lui offrir les sacrifices qu’il réclame.
© Michèle Mazel pour Israël 24 7.org
Michèle Mazel est diplômée de Sciences-Po et licenciée en Droit, et a été boursière Fullbright en science politique. Pendant plus de trente ans, elle a accompagné de par le monde son mari, le diplomate Zvi Mazel, qui fut notamment ambassadeur d’Israël en Egypte, en Roumanie et en Suède. Elle en a tiré la matière de nombreux ouvrages – thrillers et romans. Elle contribue régulièrement à plusieurs organes de presse.
Extrêmement bien raconté ! Merci !
Un gamin de 13 ans qui tire sur des gens, un autre un peu plus âgé qui abat froidement un adolescent de 14 ans, c’est dire le dieu qu’il servent. Personne parmi eux pour comprendre que Moloch ne fera de cadeau à personne ?
Dire qu’on a emmené le petit scorpion à l’hôpital, pour qu’il y soit soigné, nourri, remis sur pied, pour qu’il puisse recommencer dans un mois ?? Et si on lui offrait un beau parachute, qu’il aille l’essayer en Syrie ? A Gaza ?