Le gouvernement “d’extrême droite” (!) a démoli le village pionnier d’Aira Shahar, construit sur des terres arabes

Destruction du village pionnier d'Aira Shahar en août 2023

Les médias de droite sont tous en arme, et ils diffusent une information incomplète des événements – quand je dis que la désinformation vient de tous les côtés, pas seulement de la gauche, voilà un exemple qui ne fait pas honneur à la profession de journaliste, qui devrait être neutre, honnête, et replacer les faits dans leur contexte pour que les lecteurs comprennent de quoi il s’agit, décident par eux-même, au lieu d’être manipulés.

Ce qu’il s’est passé

Ce matin lundi, un grand nombre de policiers de la police des frontières et de l’administration civile ont investi le village de Shahar, à l’Est de Ramallah, et ont commencé à détruire les bâtiments où vivent les pionniers. De nombreux habitants des communautés environnantes sont arrivés sur les lieux pour protester contre ces destructions.

Cinq bâtiments ont été détruits ou évacués par l’Administration civile et la police dans le village pionnier connu sous le nom de “Aira Shahar”. Ils étaient construits sur des terres arabes privées ou sur des terres de l’État sans permis de construire. Au total, il y a 20 bâtiments illégaux dans le hameau.

Les responsables de la sécurité ont déclaré que le ministre Bezalel Smotrich avait personnellement approuvé la destruction des bâtiments, selon Ynet.

Il s’agit de la première évacuation réalisée dans la ville de Shahar depuis la mise en place du gouvernement de droite il y a environ sept mois, et de l’une des plus importantes évacuations réalisées ces derniers temps.

Selon les pionniers, la responsabilité de l’évacuation incombe au président du sionisme religieux, Bezalel Smotrich, car selon les accords de coalition, l’évacuation des bâtiments illégaux se fera sous son autorité et avec son approbation, à l’exception de cas exceptionnels tels qu’un besoin urgent de sécurité, ou une nouvelle construction – qui sont sous l’autorité d’un ministre de la Sécurité Yoav Gallant.

Les habitants de Shahar ont déclaré :

“Le gouvernement de droite poursuit la tradition de Gantz et Lapid, qui consiste à endommager les villages juifs et à détruire les maisons. Les choses sont d’autant plus graves que tout cela survient une semaine après l’effusion de sang contre des pionniers héroïques qui se sont défendus. Et ceci, après les mensonges du porte-parole de l’IDF qui a adopté la fausse version des Arabes concernant les événements de Burqa”.

Ils ont ajouté :

“Après qu’il devient clair d’instant en instant que l’affaire de meurtre qu’ils essaient de mettre sur le dos des pionniers s’effrite, ils ont décidé de recourir à la vengeance par la destruction de la localité. Dans le cadre de l’évacuation, les maisons des familles avec leurs enfants sont maintenant détruites, des maisons qui existent sur la colline depuis plus de six mois, et qui sont sous la responsabilité du ministre Bezalel Smotrich. Et c’est lui qui doit approuver leur démolition. Il est choquant que Smotrich choisisse de lutter contre les pionniers.”

Les faits

Après l’évacuation, des sources proches du ministre Bezalel Smotrich ont déclaré à Srugim qu’ils n’avaient pas d’autre choix que de procéder à la démolition : les bâtiments ont été construits illégalement sur des terrains qui ne leur appartiennent pas.

Selon les sources de l’entourage de Smotrich ce lundi matin, nous apprenons que les bâtiments ont été construits sur des terrains appartenant à des Arabes, que des solutions ont été cherchées avec les habitants, en vain.

“Ce sont de nouveaux bâtiments, qui ont été construits sur des terrains arabes privés. Les organes de sécurité et de la profession juridique pour l’application de la loi réclament [que ces terrains soient libérés]. Malheureusement, nous n’avons pas pu parvenir à une solution concertée consistant à transférer les résidents sur des terres publiques voisines pour les installer comme nous l’avons fait ailleurs, et travaillons à le faire dans d’autres endroits, comme par exemple à Homesh.”

Depuis l’entrée de Bezalel Smotrich au gouvernement, les forces de Tsahal ont reçu l’ordre de l’échelon politique de ne pas évacuer les hameaux pionniers illégaux de Juifs en Judée et en Samarie, ni même de les déplacer. Les bâtiments de la Yeshiva de Homesh, par exemple, ont été déplacés sur un terrain voisin, des terres de l’État.

Dans le cas présent, cela ne semblait pas possible, puisque selon des sources de sécurité non identifiées et citées par Ynet, “l’évacuation de l’avant-poste de nuit s’est faite avec l’approbation personnelle de Smotrich et sous son autorité.”

Qui dit vrai ?

Limor Son Har Melech, députée de la Knesset d’Otzam Yehudit, est arrivée sur les lieux et a affirmé dans une interview à Ynet :

“Il y a quelqu’un d’autre qui décide de tout cela, son nom est le ministre de la Défense Gallant, il est la figure de proue. Je comprends que même là [les capacités de Smotrich] sont très limitées – et que c’est le ministre de la Défense qui décide en fin de compte sur le terrain. Si cela doit se produire ou non, c’est au ministre de la Défense que la décision revient.

Je sais que ce que Bezalel peut faire – il le fait. Mais je veux aussi que le peuple d’Israël comprenne qu’en fin de compte, celui qui dirige et qu’il est impossible d’arrêter, c’est le ministre de la Défense Yoav Gallant. Et il n’est pas une personne de droite, c’est la vérité. Je ne sais pas Comment Netanyahou l’a nommé à ce poste – c’est une excellente question.”

Le vrai problème

Ce n’est pas la destruction d’habitations et d’un village illégalement construits qui devrait émouvoir les médias et les commentateurs de droite, qui sont supposés être plus légitimistes que les gauchistes, pour qui le droit est une notion fluctuante et la réalité une quantité négligeable.

Si les terres appartiennent légalement à d’autres, les habitants et les habitations sont des squatters. Le fait que les squatters soient juifs et que les terrains appartiennent à des Arabes n’a rien à voir avec le droit immobilier : il ne dépend pas de l’identité des personnes, mais des titres de propriétés. Sans le respect de la propriété privée, il n’y a pas de démocratie. La sécurité des biens est un droit fondamental.

Ce qui pose problème, c’est que le gouvernement ne détruit pas les habitations illégales des Arabes et des bédouins au fur et à mesure qu’ils sont construits, qu’ils n’enclenchent pas le turbo pour faire comprendre aux Arabes que s’ils ne disposent pas de titre de propriété, c’est : dehors !

© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org

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