La honte : des intellectuels juifs français défendent l’antisionisme

BDS Berlin : des personnes manifestant pour les droits des Arabes de tuer des juifs et contre la riposte militaire israélienne sur Gaza tiennent une bannière sur laquelle on peut lire : "Boycottons Israël"

Dominique Vidal et Rony Brauman ont envoyé une lettre ouverte au président du CRIF pour dénoncer ce qu’ils appellent «la dérive» d’une institution dont ils dénoncent la tentation d’endosser le rôle d’une ambassade bis de l’Etat d’apartheid israélien en France.

C’est aux citoyens et intellectuels juifs qu’ils ont décidé de s’adresser pour leur proposer la signature de cette lettre ouverte et, en quelques heures, plus de 70 personnes ont répondu à leur appel.

L’AFPS [Association France Palestine solidarité] a salué leur initiative.

“Jamais un président du CRIF n’avait affiché avec autant d’arrogance sa prétention à donner des leçons à tout un chacun : à la République, au gouvernement, aux partis politiques, aux intellectuels et aux chercheurs. C’est pourquoi, comme citoyens, intellectuels et juifs, nous avons écrit à Yonathan Arfi afin de le mettre en garde contre le risque que comporte sa démarche, par son fond et son ton”, écrivent les auteurs de la lettre à se dresser les cheveux.

Monsieur le Président,

Le combat contre l’antisémitisme nous anime depuis des décennies, comme citoyens, comme intellectuels et comme juifs.

Nous divergeons toutefois de longue date avec la conception qu’en défend la direction du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), dont vous êtes devenu récemment le président.

Si nous avons décidé de vous écrire, c’est que votre discours au 37e dîner du CRIF nous semble franchir une étape nouvelle et dangereuse dans le positionnement de votre organisation.

Jamais un président du CRIF n’avait affiché avec autant d’arrogance sa prétention à donner des leçons à tout un chacun : à la République, au gouvernement, aux partis politiques, aux intellectuels et aux chercheurs – la manière dont vous attaquez nommément Pascal Boniface est inacceptable.

Nous n’acceptons pas non plus votre présentation, malgré quelque précaution, de la critique de la politique d’Israël et de la défense du droit international.

En outre, nous ne pouvons comprendre votre obstination à présenter comme «antisémites» les idées antisionistes, dont vous savez fort bien qu’elles ont toujours été présentes – et même longtemps majoritaires – parmi les juifs, en France comme ailleurs.

Nous tenons à vous mettre en garde contre le risque que comporte votre démarche, par son fond et son ton. Vous alimentez, ce faisant, deux clichés antisémites que nous ne cessons de combattre :

• celui selon lequel les juifs formeraient un lobby cherchant à imposer sa volonté à notre pays ;
• celui selon lequel ils manifesteraient en réalité une double allégeance, à la France et à l’Etat d’Israël.

En profilant le CRIF comme une ambassade bis de l’Etat d’Israël, défendant inconditionnellement la politique de celui-ci, vous ne trahissez pas seulement sa fonction : vous confortez l’amalgame mortifère entre un gouvernement israélien qualifié de «fasciste» par un ancien Premier ministre et les juifs de France, que vous contribuez à transformer en cibles.

Il est temps de revenir à l’inspiration de notre ami Théo Klein : contre la concurrence des mémoires et des victimes, pour une lutte commune pour la paix au Proche-Orient, contre l’antisémitisme et le racisme.

Avec l’assurance de notre détermination à faire entendre une autre voix juive,

Bien à vous,

Signataires :

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