Bien qu’il s’agisse d’une fête religieuse, la plupart des Israéliens laïques observent Yom Kippour d’une manière ou d’une autre.
D’où l’organisation du service de Rosh Yehudi à Dizengoff : des personnes qui n’iraient pas dans une synagogue pour Kippour accueillent ce service en plein air, auquel des juifs revenant de la plage, des surfeurs, se joignent souvent aux prières, en maillot de bain ou avec leur planche de surf, ainsi qu’un grand nombre de membres de la communauté homosexuelle de Tel-Aviv.
Mais les manifestants de gauche ne l’ont pas toléré. Le motif de leur intolérance ? Les femmes et les hommes se trouvaient dans deux zones séparées par des drapeaux israéliens suspendus dans les airs.
- À Tel Aviv, ils ont scandé « honte sur vous ! » et même « nazis ! » aux fidèles qui tentaient de prier. Ils ont arraché la mechitzah (la séparation). Certains ont hurlé : « Dieu ne vous pardonnera pas d’avoir enfreint la loi ». De multiples allusions ont été faites contre le gouvernement et le projet de réforme judiciaire.
- Sur la place Habima, alors que les gens étaient paisiblement assis et ne demandaient rien à personne, avec les hommes d’un côté et les femmes de l’autres, des activistes ont jugé cela intolérable et ont perturbé le service et enlevé les quelques barrières très symboliques.
- Des protestations similaires ont eu lieu ailleurs qu’à Tel Aviv dans d’autres services en plein air séparés par sexe : à Jaffa, Haïfa, Zichron Yaakov et ailleurs.
- Selon le maire adjoint de Tel Aviv, Chaim Goren, qui est religieux, les manifestants ont même perturbé des services où il n’y avait pas de séparation entre les hommes et les femmes.
- À Jaffa, le rabbin d’une yeshiva locale qui célébrait les offices en plein air, le rabbin Eliyahu Mali, a encouragé ses élèves à ne pas réagir aux manifestants, qui s’étaient volontairement placés à l’intérieur des places assises du sexe opposé et faisaient du bruit pour empêcher les prières.
- Une femme qui filmait avec son téléphone s’est précipitée vers le cantor et a tapé sur la table tout en hurlant en chantant.
« L’hypocrisie de la gauche dans toute sa laideur »
Le ministre de la Construction et président du parti Torah Judaisme Yitzhak Goldknopf a réagit à ces manifestations de la gauche contre les prières en public, et déclaré que l’hypocrisie de la gauche a été exposée dans toute sa laideur.
Goldknopf : « Les gauchistes prêchent l’inclusion et l’acceptation de la différence et de l’autre chaque fois qu’ils en ont occasion. Hier à Tel Aviv, leur hypocrisie a été exposée ; apparemment, [l’acceptation de l’autre], cela ne vaut que pour les illégaux et les Arabes. mais lorsqu’il s’agit du public qui conserve la tradition, la Torah et les mitzvot, l’acceptation et l’inclusion prennent fin et cèdent la place à la violence.
Le masque de leur hypocrisie a été exposé dans toute sa laideur.
Il est très regrettable qu’à l’extrême gauche, certains aient probablement oublié ce qu’est le judaïsme, et qu’au nom de la guerre contre la réforme [judiciaire], ils soient prêts à profaner le jour le plus saint de l’année. J’appelle les dirigeants de la gauche à faire preuve de responsabilité et à s’arrêter à temps, avant qu’il ne soit trop tard. »
Lapid : « Ils ont protesté contre la coercition obscurantiste »
Après la fin du jeûne de Yom Kippour, le chef de l’opposition Yair Lapid a lui aussi publié sur Facebook un commentaire sur les violences sans précédent qui ont marqué Yom Kippour cette année à Tel Aviv : en accusant les orthodoxes !
Lapid a expliqué qu’il a toujours aimé l’atmosphère unique du Jour du Grand pardon, mais que cette année, les activistes du groupe nationaliste ultra-orthodoxe Rosh Yehudi ont décidé de la détruire.
Lapid :
« À la fin du Jour du Jugement, le chef du gouvernement israélien ne devrait pas jeter de l’huile sur le feu de la discorde, mais essayer de calmer les passions. Pour votre information, la plupart des personnes qui ont protesté contre la coercition obscurantiste jeûnaient et priaient aujourd’hui. Ils ne sont pas contre le judaïsme, ils essaient de sauver le judaïsme d’une bande de racistes radicaux à qui vous avez donné le pouvoir. »
La controverse avait éclaté avant la fête, après que la municipalité de Tel Aviv a interdit un service hommes et femmes séparées du groupe religieux Rosh Yehudi, qui organise depuis plusieurs années des services de Yom Kippour sur la place Dizengoff.
Les offices, qui ont lieu au début du jeûne pour les prières de Kol Nidre et à sa fin pour la prière finale de Neilah, attirent généralement plus de 2 000 personnes, dont la plupart sont laïques.
« Malheureusement, l’intimidation a gagné »
« Il existe un faux libéralisme et un fanatisme sous couvert de libéralisme », analyse le président de l’organisation « Rosh Yehudi » à l’origine de la prière sur la place Dizengoff, Israël Zaira, dans une conversation avec Ynet.
« Ceux qui dirigent le mouvement aujourd’hui sont Shakma Bresler et le forum laïque, qui affirme que toute action juive menace la sphère publique. Comme si Tel Aviv appartenait à leur père et l’État d’Israël à leur mère. Il s’agit d’une tentative de faire taire des organisations comme Rosh Yehudi, qui travaillent depuis de nombreuses années avec beaucoup d’amour ».
L’objectif de la gauche : transformer Israël en un Etat non-juif
Au nom de la tolérance, la gauche exige d’accepter avec bienveillance la Gay pride et les défilés homosexuels, aussi outrageux et provocateurs qu’ils soient. Et au nom de l’inclusion, ils exigent l’interdiction des zones séparées pour le service en public de Yom Kippour.
Je crois que ce n’est qu’un début. Ceci n’est qu’une étape.
Je prédis qu’à terme, ils demanderont l’interdiction du service de Yom Kippour en public, et obtiendront, au nom de la laïcité, une décision de justice locale à cet effet.
Et ce ne sera qu’une étape vers leur objectif plus large.
Ils demanderont ensuite que l’interdiction de circuler en voiture à Yom Kippour soit annulée, par respect « pour leurs droits civiques », pour que leur liberté soit protégée.
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org