L’intransigeance de Bibi a payé : les USA renoncent à arrêter l’intervention à Rafah

Le ministre israélien de la Défense a rencontré de hauts responsables américains à Washington après que le Premier ministre Benjamin Netanyahou a annulé les visites de ses collaborateurs.

Et au cours de deux jours de réunions entre le chef de la Défense israélienne et de hauts responsables de la Maison-Blanche et du Pentagone, les discussions sur l’opération militaire prévue par Israël dans le sud de la bande de Gaza n’ont pas porté sur les moyens de l’arrêter, mais sur la façon de protéger les civils pendant son déroulement.

Le ton professionnel des discussions a marqué un tournant par rapport aux semaines précédentes, au cours desquelles les hauts responsables américains avaient clairement mis en garde Israël contre une offensive totale sur Rafah, où plus d’un million d’Arabes déplacés ont trouvé refuge, tandis que le Premier ministre israélien avait promis de poursuivre l’opération “avec ou sans” les Etats-Unis.

Rafah a été au centre d’un désaccord croissant entre les dirigeants politiques israéliens et américains. L’offensive prévue à Rafah, où les combattants du Hamas sont en train d’effectuer leur dernier retranchement, est une nécéssité absolue si Israël ne veut pas que tout recommence.

La majorité de la population déplacée de Gaza est réfugiée à Rafah – les forces israéliennes l’ont progressivement forcée à descendre vers le sud.

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a poursuivi ses réunions à la Maison Blanche et au Pentagone lundi et mardi, comme cela avait été prévu, car les relations entre le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, et M. Gallant restent solides. Depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, les deux chefs de la Défense se sont rencontrés à plusieurs reprises et se sont entretenus par téléphone une quarantaine de fois.

Lors des réunions à huis clos de Gallant à Washington, une conversation plus pragmatique a commencé à émerger, dans laquelle les discussions portaient sur la conduite d’une opération par étapes afin de réduire les dommages potentiels causés aux civils tout en veillant à ce qu’Israël démantèle les quatre bataillons restants du Hamas à Rafah.

“Je pense qu’il est entendu que nous devons démanteler le Hamas”, a déclaré M. Gallant à l’issue de ses entretiens à la Maison-Blanche.

Austin a insisté auprès de son homologue israélien pour qu’il veille à ce que des dispositions efficaces soient prises pour protéger les civils avant qu’une opération militaire israélienne ne soit montée pour attaquer les combattants du Hamas dans la région.

“Il y a une séquence”, a déclaré un responsable américain de la Défense. “L’aspect militaire de l’opération ne devrait pas être mis en œuvre tant que les aspects humanitaires n’ont pas été pleinement pris en compte.

Les deux parties ont également convenu que les bataillons du Hamas à Rafah devaient être éliminés afin que les terroristes ne puissent pas tenter un retour ou continuer à faire entrer des armes en contrebande dans l’enclave, ce qui est une condition préalable à la fin de la guerre et à la mise en place d’une nouvelle autorité politique à Gaza. Cela signifie pour les Etats-Unis qu’il fallait essayer de trouver des moyens de travailler avec Israël sur sa stratégie de Rafah, faute de meilleures options. Autrement dit, la fermeté de Netanyahou a payé.

Les responsables israéliens ont déclaré aux médiateurs qu’ils pourraient lancer une opération à Rafah dès la fin du ramadan, vers la mi-avril, si les efforts pour parvenir à un accord échouaient, ont indiqué mercredi des responsables égyptiens. Les pourparlers pourraient reprendre en personne au Caire d’ici la fin de la semaine, ont ajouté les responsables.

Un haut fonctionnaire israélien au fait des discussions a déclaré qu’Israël était toujours ouvert à la poursuite des négociations, mais qu’il envisagerait d’autres options en l’absence d’avancée, y compris le lancement de l’invasion prévue de Rafah dès que possible.

“Il ne fait aucun doute qu’une opération militaire pourrait être utile”, a déclaré ce haut fonctionnaire.

Alors que M. Gallant et les responsables américains ont échangé des idées générales sur la manière dont une opération à Rafah pourrait se dérouler, les détails de l’opération militaire prévue par Israël n’ont pas encore été précisés, ce qui laisse des points de désaccord potentiels sur la portée et les éléments clés de l’éventuel plan militaire d’Israël.

La question cruciale est de savoir si les responsables américains considéreront que les préparatifs d’Israël – notamment le fait de mettre les civils de Rafah à l’abri avant le lancement d’une opération et de veiller à ce qu’ils reçoivent une aide humanitaire – sont suffisants, la ville méridionale étant passée d’environ 280 000 habitants avant la guerre à 1,4 million de personnes, selon les Nations unies, dont certaines ont trouvé refuge dans des écoles locales.

Les deux parties ont également discuté des moyens de lutter contre la contrebande d’armes à la frontière entre l’Égypte et la bande de Gaza, qu’Israël a qualifiée de préoccupante, et de cibler avec précision les dirigeants du Hamas.

Les responsables ont déclaré que, même si les idées des États-Unis et d’Israël se recoupaient, il restait encore beaucoup à faire avant de formaliser les plans, et tout plan convaincant de relogement des civils à Rafah pourrait prendre des mois.

“Notre objectif est d’aider Israël à trouver une alternative à une opération militaire de grande envergure et peut-être prématurée”, a déclaré le responsable américain de la défense.

D’autres discussions entre les responsables américains et israéliens sont prévues afin d’aplanir les difficultés complexes qui subsistent.

Toutefois, les discussions qui ont eu lieu à Washington cette semaine ont été très différentes de celles qui ont eu lieu la semaine dernière, lorsque le secrétaire d’État Antony Blinken a averti les dirigeants israéliens qu’une opération terrestre de grande envergure risquait “d’isoler encore plus Israël dans le monde”.

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