Les Gardiens de la révolution, le ministère des Affaires étrangères, l’Organisation des dotations religieuses et un certain nombre d’autres organismes iraniens participent à un supposé think-tank antisémite virulent du nom de « Centre d’études juives », qui étude autant le judaïsme que l’UJFP, l’Union juive française pour la paix œuvre pour la paix en Palestine, que BDS s’intéresse à régler le conflit, ou que les associations pro-palestiniennes s’intéressent aux Palestiniens massacrés en Syrie, c’est à dire pas du tout.
Depuis sa création en 2016, le site a publié plus de 1 000 articles, rapports, commentaires, livres et vidéos tous antisémites, classés en 10 catégories portant des titres tels que « Les Juifs et les médias », « Les méthodes juives » et « La corruption juive » : du pur Soral et Dieudonné. Le correspondant d’IranWire (1) s’est attelé à la tâche et a épluché leur contenu. On y retrouve tous les clichés antisémites qui polluent les commentaires du Monde et d’autres médias français.
- Le rédacteur en chef du soi-disant Centre d’études juives est un jeune ecclésiastique Isfahani du nom de Kayvan Ezzati, également rédacteur en chef du site web Rasekhoon, saturé de contenu antisémite, qui appartient à l’Organisation des dotations religieuses d’Iran. En 2018, Ezzati a remporté un prix au festival « international » anti-israélien Hourglass, sponsorisé par la plus importante filiale en ligne de l’IRGC.
Le festival était comme toujours dédié à l’antisémitisme sous couvert de soutien aux Palestiniens.
- En juillet 2021, un membre du conseil d’administration de l’association d’études sur le cyberespace du séminaire de Qom, Mohammad Hossein Faraj-Nejad, a été tué avec sa famille dans un accident de la route. Il était également professeur d' »études sionistes » et administrateur d’un site web antisémite en persan. Certains de ses amis ont donc affirmé que l’accident avait été « suspect » et que lui et sa famille avaient probablement été tués par des agents juifs ou israéliens.
Les affirmations du Centre d’études juives
Dans de nombreux textes publiés par ce site haineux, les Juifs sont présentés comme un peuple « assoiffé de sang », « déviant » et coupable d' »infanticide ».
- Le site présente Israël et le peuple juif comme une seule et même entité,
- IL prétend que l' »infanticide israélien » est autorisé par le judaïsme.
- Un article affirme que les racines du « meurtre d’enfants » par les sionistes en Palestine se trouvent dans l’Ancien Testament, auquel « les juifs comme les chrétiens croient. »
- Un autre article, classé dans la catégorie « Traits ethniques juifs », qualifie explicitement « les Juifs et le judaïsme » de parfaits sujets de laboratoire que les psychologues et les psychiatres peuvent observer afin de vérifier leurs théories sur les comportements pathologiques en action.
- Un autre affirme : « l’une des caractéristiques les plus distinctes des Juifs est leur animosité envers la religion et Dieu… allant jusqu’à assassiner les prophètes divins. »
Le site a des dizaines de critiques sur la Kabbale, en essayant de montrer que cette école de pensée est enracinée dans le soi-disant « mouvement sataniste ». Le site affirme explicitement que les cabalistes « ne nient pas leurs relations fondamentales avec Satan et avouent que, tout au long des siècles, Satan a été leur chef, et l’organisateur de leur mouvement ».
L’histoire juive sous un prisme antisémite
Une partie importante du site Web contient des articles et des théories sur l’histoire juive, là encore essentiellement axés sur la question contemporaine d’Israël.
- Un article affirme que les Iraniens finiront par détruire le pouvoir et l’influence des Juifs dans le monde :
« Dieu, par l’intermédiaire des Iraniens, prépare le terrain pour la venue [du Mahdi, le 12e Imam « caché » des musulmans chiites]… et la destruction finale des Juifs sera réalisée par le Mahdi. »
La fausse identification de tous les Juifs à Israël est une stratégie inébranlable de politique intérieure et étrangère de la République islamique. Dans l’un de ses articles, le Centre d’études juives présente les hypothèses de base de cette stratégie de cette façon :
« Du point de vue des dirigeants sionistes, la Palestine n’est que la première pierre angulaire de l’État juif, et cet État ne peut que s’agrandir, et ne pourra jamais se réduire. Le ‘Grand Israël’ est un terme populaire parmi les Juifs et il trouve son origine dans la combinaison de l’Israël actuel et des territoires palestiniens occupés. »
- Le site affirme que les Juifs ont remporté 14 prix Novel dans divers domaines en raison de leur pouvoir et de leur influence disproportionnés – un mythe antisémite courant – et depuis des années, ce prix est au service du « peuple élu ». En vérité, Au moins 210 juifs et personnes d’ascendance juive ont reçu le prix Nobel, de quoi faire frémir les plus folles théories du complot.
Comment les Juifs ont conspiré contre l’Islam depuis le début
Avec une cinquantaine d’articles et commentaires, une partie du site web, intitulée « Complots juifs », accuse les Juifs d’avoir joué un rôle dans des événements historiques malheureux, en Iran et dans le monde islamique.
- « Au début de l’Islam, les services d’espionnage juifs ont agi avec précision et finesse », dit un article, qui affirme que les Juifs ont joué un rôle dans le martyre de Husayn ibn Ali, le troisième Imam chiite, en 680 après J.-C..
- Il affirme qu’Abd al-Rahman ibn Muljam, l’homme qui a assassiné Ali ibn Talib, le premier Imam chiite et le quatrième calife musulman, était juif.
- Le Centre accuse les juifs des premiers temps de l’islam d’avoir fabriqué des hadiths, comptes rendus des paroles et des actes du prophète Mahomet dans le Coran, et d’avoir « massacré des musulmans ».
- Après que le général Ghasem Soleimani de la Force Quds du CGRI a été tué par une frappe de drone américaine à l’extérieur de l’aéroport de Bagdad en janvier 2020, le site a publié un article intitulé The Role of Western-Jewish Rationality in the Martyrdom of Commander Soleimani.
Fidèle à lui-même, il relie cet incident aux « Juifs ». - Un autre article accuse implicitement les Juifs d’avoir assassiné le prophète Mahomet et sa fille Fatima : une accusation contraire même à la tradition musulmane, qui veut que le prophète soit mort de mort naturelle, mais les musulmans ne sont jamais à un mensonge ou une contradiction près.
- Le Centre d’études juives a publié plusieurs articles sur le « crypto-judaïsme » et les « musulmans sionistes », deux termes utilisés par des responsables de la République islamique pour accuser leurs rivaux et opposants politiques en suggérant qu’ils sont des « juifs cachés ».
Juifs et sectes religieuses « déviantes »
Au moins 50 autres articles affirment que les Juifs sont à l’origine de la création de diverses sectes religieuses non apparentées dans le monde.
- Citant l’historien Abdollah Shahbazi, ancien président de l’Institut d’études et de recherches politiques, un article affirme que Maneckji Limji Hataria, un érudit indien du XIXe siècle et militant des droits civiques d’origine parsi zoroastrienne, était à la fois le chef du réseau de renseignements du gouvernement de l’Inde britannique en Iran et une personne chargée d’exécuter les « plans juifs » en Iran.
- Le site cite Shahbazi disant que les activités de Maneckji comprenaient la promotion de la franc-maçonnerie en Iran, « faire en sorte que la culture iranienne révère son histoire ancienne » et « renforcer certaines sectes soufies en Iran. »
- Le site cite également un autre texte de Shahbazi qui affirme que les « Juifs cachés » (connus sous le nom d’Anusim) ont été un facteur important dans l’émergence et la propagation du babisme et du bahaïsme en Iran, bien que « les Anusim mis à part, le rôle joué publiquement par les Juifs dans la promotion […] le babisme et le bahaïsme en Iran était également significatif. »
- Un article va encore plus loin, en alléguant que les Juifs jouent un rôle central dans la promotion du satanisme dans le monde.
Assassinat de personnages et théories du complot
Dans au moins 30 articles, le peuple juif est dépeint comme un promoteur de la corruption, du trafic de drogue, de la superstition, du racisme et de l’homosexualité dans le monde.
- Pour la République islamique, dominée par le clergé, l’industrie de la mode est un parfait symbole de « corruption » et, selon un article de ce site, les Juifs utilisent « des politiques immorales telles que la corruption, les guerres de prix feintes, le blanchiment d’argent, le trafic de drogue et le mélange de sexe et de violence dans la publicité de leurs marchandises » pour atteindre leurs « objectifs ».
- Le site cite Capezio, un fabricant de chaussures, de vêtements et d’accessoires de danse, les créateurs de mode Isaac Mizrahi et Tommy Hilfiger et le magnat irano-juif de la mode masculine haut de gamme et des parfums Bijan Pakzad comme exemples de « nœuds » d’une conspiration plus large.
- Dans un autre article, l’auteur a tenté de lier la pédophilie de certains artistes et personnalités fortunées comme Jeffrey Epstein aux enseignements juifs, et de suggérer que les abus sexuels sur mineurs étaient approuvés par le judaïsme.
- Un autre, intitulé L’utopie sexuelle sioniste, affirme que
« De la même manière que les Juifs font la publicité d’une utopie sexuelle pour vendre leurs produits, de nombreux théoriciens et propriétaires de sociétés [juives] ont affirmé à plusieurs reprises leur liberté sexuelle illimitée. »
- La même logique a été utilisée pour associer le trafic de drogue à certaines personnalités juives, suggérant qu’elles jouaient un rôle majeur dans le commerce des stupéfiants [Le Hezbollah, la principale branche terroriste financée par l’Iran, est un important trafiquant de drogue par l’intermédiaire de son implantation en Amérique du Sud].
- L’exemple utilisé remonte toutefois aux guerres de l’opium du XIXe siècle et à une allégation non vérifiée concernant les suspects juifs habituels, la famille Rothschild.
Ce sophisme est répété afin de démontrer que les Juifs commettent et encouragent « toutes sortes de corruptions » dans le monde, y compris la prostitution :
« Tout au long de l’histoire », lit-on dans un de ces articles, « chaque fois que d’énormes profits sont en jeu, une partie au moins de l’entreprise est entre les mains des Juifs. L’un des savoir-faire de ces dieux du commerce est le commerce de la pornographie et de la prostitution. »
Et ça ne s’arrête pas là :
« Le régime sioniste est l’un des promoteurs de l’homosexualité dans le monde et l’organisateur d’événements promotionnels comme les marches homosexuelles dans différentes villes. Tel Aviv est la ville préférée des homosexuels dans le monde [ce qui est exact, mais montre surtout la grande bienveillance envers l’autre dans la mentalité juive]. »
Théories de conspiration scientifique
Dans au moins 100 articles, le Centre établit une relation imaginaire entre les Juifs et des projets biomédicaux néfastes. Il fallait s’y attendre, le vaccin de Pfizer arrive en tête…
- Un article de cette série affirme qu’Albert Bourla, vétérinaire gréco-américain et président-directeur général de Pfizer, est juif et que, par conséquent, le premier vaccin vérifié au monde contre le Covid-19 a un lien avec le sionisme [comme Israël est le premier pays au monde à avoir acquis et offert le vaccin à sa population, même des juifs m’ont accusé d’être intéressé par mon portefeuille d’actions lorsque j’ai refusé de devenir un antivax primaire].
- Après que l’ayatollah Khamenei a interdit l’utilisation de Pfizer et d’autres produits pharmaceutiques américains et britanniques, affirmant qu’on ne pouvait pas leur faire confiance, des milliers d’Iraniens sont morts inutilement.
- Un autre sujet abordé dans le même article est Tal Zaks, médecin en chef de Moderna. L’article note que Zaks est né à Haïfa et a obtenu son diplôme de médecine à l’université Ben Gurion. La phrase se termine par le mot et point d’exclamation « exposé ! »
- Plusieurs autres articles dépeignent les Juifs comme responsables, à divers titres, du cancer, du changement climatique, de la production d’armes de destruction massive, du bioterrorisme et des efforts visant à modifier génétiquement les humains.
En d’autres termes, ils accusent les Juifs de tous les problèmes auxquels le monde est confronté. - Deux articles défendent l’idée que les Juifs voulaient détruire l’agriculture iranienne, manipuler l’approvisionnement alimentaire de l’Iran et réduire la population de ce pays.
« La vigilance du peuple, en tant que consommateur final de produits alimentaires, par le biais d’un boycott complet des produits transgéniques [juifs] peut sauver la vie des Iraniens de cette calamité ciblée », peut-on lire.
Le récit éculé des célébrités
Pas moins de 150 articles affirme que les Juifs dominent les médias et les industries du divertissement. Ce n’est pas faux, mais ce qu’ils ne disent pas, c’est que les médias sont tous antisionistes.
- Hollywood est un point de fixation pour les auteurs qui prétendent qu’il épouse des « messages cachés » pro-juifs et pro-israéliens.
« Hollywood, dirigé par les Juifs, n’offre pas la vérité sur la vie des prophètes mais, selon les convenances politiques, il promeut ce que veut Israël », annonce un article. « En examinant les mythes sionistes, nous pouvons comprendre les mythes cinématographiques d’Hollywood car, selon les experts, environ 90 % d’Hollywood est juif et sioniste. »
- Ailleurs, le « think tank » affirme que « les sionistes font la chasse aux stars de cinéma afin de les exploiter pour la réalisation de leurs objectifs politiques et de propagande », citant en exemple Burt Lancaster, Frank Sinatra, Sophia Loren et Kirk Douglass.
- « En étudiant l’histoire du Hollywood juif et ses films anti-musulmans et anti-islam, vous pouvez voir à quel point les Juifs détestent l’islam », déclare un autre article qui accuse Hollywood de faire de la propagande contre le mahdisme : la croyance chiite semi-apocalyptique selon laquelle le douzième imam réapparaîtra un jour pour sauver l’humanité.
- Un autre article bizarre, intitulé « Sports et politique dans la pensée juive », prétend que les dirigeants sionistes ont essayé d’utiliser le football pour leurs objectifs politiques – que les footballeurs israéliens sont en fait des « soldats envoyés pour des missions spécifiques ».
« Partenaires dans le crime »
Le site accuse diverses personnalités politiques iraniennes d’avoir été des « Juifs cachés ».
- Une figure historique est Mohammad Mosaddegh, le Premier ministre iranien qui a été renversé par un coup d’État orchestré par la CIA en 1953, et qui est considéré par de nombreux Iraniens comme un champion de la démocratie laïque et de la résistance authentique à la domination étrangère de l’Iran.
La liste des « serviteurs du sionisme » du site comprend des personnalités connues et souvent populaires dans les domaines de la politique, de la littérature et de la philosophie :
- Homayoun Sanaatizadeh, écrivain, traducteur et fondateur de la branche iranienne des publications Franklyn, connu pour ses tentatives de lutte contre la pauvreté et l’analphabétisme,
- Mohsen Salasi, traducteur d’ouvrages sociologiques et anthropologiques,
- Khashayar Deihimi, traducteur de textes littéraires et philosophiques,
- Badiozzaman Forouzanfar, spécialiste de la littérature persane, de la linguistique et de la culture iraniennes,
- Shojaeddin Shafa, écrivain et traducteur.
- Naturellement, la plupart des personnalités liées à l’ancien Shah et à la famille royale ne sont pas épargnées.
Négation de l’Holocauste
Le Centre d’études juives a, comme on pouvait s’y attendre, publié plusieurs articles visant à promouvoir la théorie de la conspiration du « mythe de l’Holocauste ».
« Le mythe de l’Holocauste a fait affluer des dizaines de milliards de dollars des États-Unis et plus encore de l’Allemagne dans les poches des Juifs », déclare l’un d’eux. « L’Holocauste a allumé les feux du sionisme dans le monde entier. L’histoire de l’Holocauste a uni les Juifs du monde entier et a fourni le soutien financier et politique dont Israël avait besoin pour s’établir et survivre ».
« Aujourd’hui », poursuit le rapport, « l’Holocauste est devenu une nouvelle religion en Occident et il est devenu si sacré que le moindre doute sur sa véracité peut entraîner des poursuites judiciaires. » Ces lois, affirmait-il ailleurs sans preuve, ont été imposées sur un sol souverain étranger par Tel Aviv.
Le projet d’antisémitisme en Iran
Un examen de plus d’un millier de textes et d’articles publiés sur ce site, qui présente aussi séparément des dizaines de livres antisémites et anti-israéliens à télécharger – tous soutenus financièrement et autrement par les Gardiens de la révolution – ne laisse aucun doute sur le fait que l’antisémitisme dans la République islamique s’est transformé en un projet gouvernemental, et en une autre forme de terrorisme d’État contre le peuple juif.
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org
- Source: https://iranwire.com/en/society/103407-special-report-the-bone-chilling-insanity-of-irans-jewish-studies-center