Quand le gouvernement applique le programme pour lequel il a été élu, la gauche l’accuse de « dictature ». Quand il veut réformer la Justice et l’aligner sur les pays occidentaux, elle parle de « destruction de la démocratie ». Jeudi soir, les journalistes de Hadashot 13 Aviad Gliman et Baruch Kra ont annoncé que mardi, trois juges du procès Netanyahou ont convoqué les représentants de la défense et de l’accusation à une réunion privée (qui n’aurait duré que 15 minutes) et ont averti les procureurs qu’il leur serait difficile de prouver que le Premier ministre a touché des pots-de-vin – c’est le dossier le plus grave des trois, l’« affaire 4000 » (Bezek-Walla).
C’est une victoire de la vérité, c’est une victoire de la Justice, la justice a été rendue, la gauche parle donc d’une « grave défaite ».
Vous et moi avons été élevés dans l’idée que dans les pays démocratiques, un juge ne peut pas vous condamner s’il n’y a pas de preuves contre vous, contrairement aux dictatures, contrairement aux procès politiques comme en URSS ; vous et moi savons qu’en l’absence de preuves, les accusations tombent ; vous et moi pensions qu’un procès, cela se déroule devant les tribunaux, et non dans les médias qui vous sont hostiles. Et vous et moi pensions que la présomption d’innocence règne, en démocratie.
Vous et moi, nous nous trompions.
Rappel des faits
Netanyahou est accusé dans trois affaires différentes depuis 7 ans, qui ont empoisonné 5 campagnes électorales :
- dans les affaires 1 000 et 2000, il est soupçonné de fraude et d’abus de confiance,
- dans l’affaire 4 000, de corruption, de fraude et d’abus de confiance.
La disparition de la clause de corruption réduit la gravité des délits. Cela ne signifie pas que Netanyahou sera totalement acquitté – il peut encore faire les frais de l’acharnement judiciaire – et même dans les cas de fraude et d’abus de confiance, il est possible de recevoir une peine de prison, mais il s’agit sans aucun doute d’un coup très dur pour l’accusation. D’ailleurs les juges ont pris la rare responsabilité d’affirmer que « dans l’intérêt de la nation, il fallait accepter une médiation. - La balle est maintenant entre les mains de la conseillère juridique du gouvernement, Gali Beharev Miara, qui a jusqu’à récemment refusé les demandes des juges à se tourner vers la voie d’une médiation – qui peut conduire à un accord de plaidoyer, à une réduction des charges, et de la sanction. Avec la retentissante nouvelle, on peut s’attendre à ce qu’elle soit tentée de revoir sa décision.
Les manifestants contre la réforme judiciaire vont réclamer une réforme judiciaire !
La justice vient d’être rendue, et lorsque la justice est rendue, les centaines de milliers de manifestants qui défilent chaque semaine après shabbat dans les rues d’Israël pour « protéger le système judiciaire », les journalistes qui se posent en gardien de la démocratie, et accusent la coalition de vouloir créer un Etat totalitaire, tout ce beau monde devrait se réjouir : la justice vient de remporter une victoire. La justice, l’expression la plus noble de la démocratie, a été rendue. Ce n’est pas le cas, c’est même tout l’inverse : cette magnifique justice, cette précieuse justice, ce système judiciaire qu’ils s’acharnent à protéger depuis 6 mois qu’il vente ou qu’il pleuve, ils la trouvent subitement corrompue, déviante, gangrénée.
- Les juges ont déclaré ne pas avoir trouvé de preuves contre Netanyahou après avoir entendu tous les témoins clés de l’accusation dans l’affaire 4000.
- Les juges ont déclaré qu’ils considèrent le dossier de l’accusation comme faible, voire inexistant, en ce qui concerne les principaux chefs d’accusation de corruption.
- Dimanche, le contre-interrogatoire d’Arnon Milchan commencera en Angleterre dans l’affaire 1000.
Les partisans de M. Netanyahou affirment depuis le début des procès que les affaires pénales de M. Netanyahou « s’effondreront devant le tribunal ».
Les ministres du Likoud, l’un après l’autre, jeudi soir, ont rappelé les déclarations du Premier ministre :
« Il ne se passera rien, parce qu’il ne s’est rien passé ! »
Légalement, que peut-il se passer ?
En droit, dans les cas où l’accusation principale a été abandonnée, mais où d’autres accusations moins graves sont encore en suspens, le tribunal fixe une peine au niveau le plus bas, puisque l’accusé a déjà souffert publiquement d’une accusation grave qui lui a causé un préjudice d’image important, puisqu’il n’était pas coupable. Mais nous ne sommes pas en droit, mais en politique. L’on a déjà assisté à ce scénario totalitaire avec les tentatives de destituer le président Trump qui ne reposaient sur rien, et qui continue avec au moins trois nouveaux procès en cours.
Même si les autres affaires de Netanyahou sont fabriquées à partir de rien et prouvées comme telles, même si le système judiciaire continue à s’en tenir à l’objectif de renverser le Premier ministre Binyamin Netanyahou, alors, conformément à la conduite de la Cour depuis de nombreuses années, la sanction pour fraude et abus de confiance sera – si tant est qu’elle existe – extrêmement légère. Mais l’expérience montre que la gauche n’a absolument honte de rien, qu’elle est prête à tout, qu’elle ne renonce jamais, et surtout, surtout, qu’elle ne tolère pas l’existence de la démocratie, de la justice, lorsque celles-ci se rangent du côté de la droite.
L’accusation le sait, les juges le savent. Le public aussi, et le résultat est tombé : les affaires contre Netanyahou ont été défaites, est ceux qui le croient corrompu, et qui autrement voteraient pour lui, continueront à le croire, quoi qu’il en soit.
Selon toute logique et les précédents, le procès de Netanyahou ne durera probablement plus très longtemps. Mais qui sait…
Jeudi soir, l’activiste politique Eldad Yaniv a tweeté :
« Il n’y a pas de corruption dans l’affaire 4000 (Bezek-Walla). Il n’y a pas d’affaire 3000 (sous-marins). Des gens comme moi doivent être tenus responsables de la façon dont nous avons donné un coup de main à la propagation d’un tel complot (même si nous avons été induits en erreur par les enquêteurs de la police et les journalistes)« .
Les paroles resteront creuses. Comme l’a si bien exprimé l’ancien maire de Chicago, l’extrémiste Rahm Emanuel : « il ne faut jamais laisser une crise disparaître. »
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org