Les pourparlers entre Israël et le Liban sur le différend frontalier maritime déclenché par Beyrouth, et menés sous médiation américaine, ont connu une crise majeure jeudi : Israël a rejeté les changements libanais de dernier instant sur le projet d’accord, affirmant qu’ils constituent une « violation substantielle » du texte.
La semaine dernière, il semblait que les deux parties se dirigeaient vers un accord. Mais cette crise majeure dans les négociations pourrait conduire à une escalade militaire entre Israël et le Hezbollah, qui a menacé de faire la guerre si les droits économiques du Liban n’étaient pas respectés.
De quoi s’agit-il ?
- Le Liban a envoyé mardi des commentaires sur le projet d’accord à l’envoyé américain Amos Hochstein.
- Les responsables libanais ont déclaré que ces commentaires étaient essentiellement d’ordre technique et ont exprimé leur optimisme quant au fait qu’ils n’empêcheraient pas la conclusion d’un accord.
- Mercredi soir, Hochstein a transmis le détail des commentaires libanais au conseiller à la sécurité nationale israélien Eyal Hulata.
- Jeudi, les responsables israéliens ont rejeté ces changements.
Trois responsables israéliens ont déclaré que le changement le plus important concerne la reconnaissance de la « ligne des bouées » comme frontière internationale.
- « La ligne de bouées flottantes » de trois miles qui s’étend de la côte de Rosh Hanikra à la Méditerranée a été installée par Israël après son retrait du Liban en 2000.
- La reconnaissance de la « ligne de bouées » était le principal intérêt sécuritaire d’Israël et sa principale demande dans les pourparlers.
- Les responsables israéliens ont déclaré que le mouillage le long de la « ligne de bouées » était très important pour des raisons de sécurité.
- L’armée israélienne a effectué des opérations le long de cette ligne au cours des 20 dernières années, période pendant laquelle le Liban avait la légitimité internationale pour la contester, ont ajouté les responsables israéliens.
- Les responsables israéliens ont déclaré que si la ligne de bouées se déplace vers le sud, elle permettra une ligne de vue depuis le côté libanais jusqu’à la côte nord d’Israël.
Hochstein a déclaré aux dirigeants libanais qu’Israël était prêt à faire des compromis sur de nombreux points, mais pas sur l’emplacement de cette ligne de bouées, qui deviendrait alors la frontière internationale convenue entre les pays, selon les responsables israéliens.
Le Liban a souligné qu’il ne reconnaîtrait pas la ligne de bouées et sa légitimité.
- Les responsables libanais ont demandé de remplacer les mots « statu quo » pour la ligne de bouées par les mots « de facto ».
- Israël a déclaré que cela affaiblit l’accord d’un point de vue juridique et laisse une ouverture pour des revendications libanaises concernant la « ligne de bouées » à l’avenir.
- Le Liban a également rejeté une clause du projet d’accord qui donne à Israël un droit de veto sur le début de l’exploration gazière dans la zone contestée.
- Il s’agissait d’une exigence clé d’Israël pour s’assurer qu’il obtiendrait bien ses droits économiques, et que cela ne resterait pas au stades des promesses.
Hochstein pensait que les modifications libanaises n’étaient pas critiques et qu’elles ne feraient pas obstacle à un accord, parce qu’il n’est pas personnellement concerné. Ce qu’il veut, c’est pouvoir rapporter au président Biden un tableau d’honneur qui fera contrepoids aux exploits du président Trump dans la région, et sera monté en épingle par l’ensemble de la presse, qui se charge de protéger et embellir l’image du président Démocrate. Mais les officiels israéliens, qui eux sont concernés par l’opération, pensent différemment, et le Premier ministre israélien Yair Lapid, qui lui aussi voulait accrocher cette accomplissement à son tableau de chasse avant les élections, a demandé à l’équipe de négociation de rejeter les modifications demandées par le Liban.
Un haut fonctionnaire israélien a déclaré que M. Lapid
« a clairement indiqué qu’Israël ne ferait aucun compromis sur la sécurité et les intérêts économiques [d’Israël], même si cela signifie qu’il n’y aura pas d’accord prochainement. »
« Israël produira du gaz à partir de la plateforme de Karish dès qu’il sera possible de le faire. Si le Hezbollah ou quiconque tente d’endommager la plateforme de Karish ou de nous menacer – les négociations sur la ligne maritime s’arrêteront immédiatement et [le chef du Hezbollah] Hassan Nasrallah devra expliquer aux citoyens du Liban pourquoi ils n’ont pas de plateforme gazière au bénéfice de leur avenir économique », a ajouté le haut fonctionnaire israélien.
Le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a déclaré que si le Hezbollah tente d’attaquer la plate-forme de Karish, l’organisation et l’État libanais dans son ensemble en paieront le prix fort.
« Nous n’avons pas la gâchette facile, mais nous sommes prêts », a déclaré M. Gantz.
Gantz a également ordonné à l’armée israélienne d’augmenter les mesures de préparation offensive et défensive pour une éventuelle escalade à la frontière nord .
© Equipe de rédaction Israel247.org.
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