A l’heure où Israël est la cible d’incessantes condamnations de la part d’institutions internationale et où son gouvernement est montré du doigt ; à l’heure où le mouvement BDS prend de l’ampleur sur les campus américains au point que les étudiants juifs se sentent d’autant plus menacés que les administrations des universités ne font rien pour les défendre, ; à l’heure aussi où une certaine presse en France parle d’un Apartheid pire encore que ce qu’a pu connaitre l’Afrique du sud, et d’oppression de la population arabe qui n’aurait pas d’avenir dans son propre pays, c’est une bien étrange vidéo qui circule ces jours-ci en Israël.
Elle est en hébreu. On y voit – et on y entend – une personnalité de premier plan évoquer ce qui selon elle, est la véritable situation de la communauté arabe en Israël.
Ecoutons-le en n’en croyant pas nos oreilles.
« De ma fenêtre, je vois l’hôpital Rambam.
31% des médecins de l’hôpital Rambam sont arabes ; huit des quinze chefs de service de l’hôpital Bnei Zion sont arabes.
Je vois le Technion : 23% des étudiants du Technion sont arabes, et 35% des étudiantes sont arabes.
Je vois l’université de Haïfa :
46% des étudiants l’université de Haïfa sont arabes.
Au cours des cinq dernières années le nombre d’arabes dans le Hi-tech a augmenté de 1300%. »
Et de terminer cet extraordinaire constat par un retentissant :
« La communauté arabe est en plein essor. »
Qui donc peut se permettre d’asséner ces affirmations, qui vont à l’encontre des idées reçues ?
Il s’agit du député Ayman Odeh, homme politique peu suspect de complaisance envers l’Etat hébreu, qu’il ne se prive pas de fustiger en toute occasion.
Né à Haïfa en 1975, soit plus d’un quart de siècle après la déclaration d’indépendance d’Israël, il a fait des études de droit en Roumanie et est habilité à exercer en Israël, mais ne s’est jamais inscrit au barreau.
Personnage charismatique qui parle couramment quatre langues – arabe, hébreu, anglais et roumain – il figurait en 2015 sur la liste des 100 meilleurs penseurs mondiaux établie par le magazine Foreign Policy. En 2016, il occupait la neuvième place sur la liste des cent personnalités influentes du quotidien israélien économique The Marker. Très à gauche sur l’échiquier politique, il est le chef de file du parti communiste Hadash, qui a obtenu cinq sièges aux élections de novembre 2022. Il avait auparavant pris la tête de l’éphémère Liste arabe unifiée qui regroupait quatre formations arabes, la conduisant à une victoire sans précédent aux urnes lors de précédentes élections, en obtenant notamment quinze sièges en 2020 sur les 120 que compte la Knesset, devenant la troisième formation politique. Les dissensions internes en ont amené la dissolution.
Ayman Odeh fait preuve d’un étrange optimisme concernant l’avenir de sa communauté. Il est vrai qu’il en prend le pouls régulièrement, et qu’il est au fait de la réalité des choses. Malheureusement, il est à craindre que les ennemis d’Israël se bouchent soigneusement les oreilles pour ne pas l’entendre.
© Michèle Mazel pour Israël 24 7.org
Michèle Mazel est diplômée de Sciences-Po et licenciée en Droit, et a été boursière Fullbright en science politique. Pendant plus de trente ans, elle a accompagné de par le monde son mari, le diplomate Zvi Mazel, qui fut notamment ambassadeur d’Israël en Egypte, en Roumanie et en Suède. Elle en a tiré la matière de nombreux ouvrages – thrillers et romans. Elle contribue régulièrement à plusieurs organes de presse.