Si la France va de l’avant (après deux tentatives avortées) – elle sera le premier pays du G7 à reconnaître un État palestinien. Mais Macron a déjà raté deux fois son entrée sur scène et ce troisième essai commence très mal.
La première fois, en avril 2025, le président Macron a déclaré que la France reconnaîtrait un État palestinien en juin 2025 dans le cadre de la conférence de l’ONU sur la solution à deux États prévue à New York avec plusieurs partenaires, et co-présidée par la France et l’Arabie saoudite. Sa tentative a été stoppée en plein vol par la Maison‑Blanche, qui a émis des câbles diplomatiques « encourageant » les pays (façon Trump) à ne pas participer à la conférence ni à reconnaître unilatéralement un État palestinien. Premier flop.
Comme il n’a décidément pas beaucoup de chance dans ses efforts pour laisser une trace positive dans l’histoire (je doute même qu’il laisse une trace tout court), sa seconde tentative a encore avorté. La conférence internationale co-présidée par la France et l’Arabie saoudite, initialement annoncée pour les 17‑20 juin 2025 à New York, a été reportée sine die suite aux frappes israéliennes sur l’Iran.
Nous sommes donc à la troisième tentative, et elle ne se présente pas trop bien. Certes, la presse est ravie, et elle ne rapportera probablement pas ce qui suit de manière honnête.
Le président français a donc annoncé le 24 juillet qu’il annoncerait officiellement la reconnaissance d’un Etat palestinien lors de l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre.
Premier couac : la « reconnaissance »
Macron ne va pas « créer » d’Etat palestinien, il va le « reconnaitre ». Le choix des mots répond aux contraintes du droit international : aucun pays (à part Israël), encore moins l’ONU, n’a le pouvoir de créer un Etat. Macron pas plus qu’un autre. Sa « reconnaissance », s’il parvient à la mener jusqu’au bout, ce dont je doute, mais je peux me tromper, sera de la poudre de perlimpinpin. Symbolique.
Second couac : Macron est déjà isolé
Sitôt annoncée la grande nouvelle du grand président, les principaux pays européens ont pris leurs jambes à leur cou et se sont désolidarisés de l’immense homme d’Etat.
- Le gouvernement britannique a refusé de se joindre à la déclaration française, en expliquant que toute reconnaissance doit s’inscrire dans un processus négocié multilatéralement. La Grande-Bretagne a déclaré que la reconnaissance d’un Etat palestinien « devait s’inscrire dans un plan plus vaste ».
- Tout comme le Royaume‑Uni, l’Allemagne a exprimé son soutien à une négociation préalable et a refusé de se joindre à la déclaration unilatérale de la France.
- Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a clairement affirmé le 25 juillet 2025 que l’Italie n’est pas prête à reconnaître la Palestine unilatéralement. Il réaffirme le soutien de Rome à la solution à deux États, mais souligne que cette reconnaissance doit être réciproque : elle ne pourra intervenir qu’« au même moment que la reconnaissance par la Palestine de l’État d’Israël ».
- Le Canada et l’Australie, qui soutiennent officiellement une « solution » à deux États, n’ont pas signé la déclaration française.
- Le Japon ne s’est pas non plus rallié à l’initiative française.
- Le Danemark n’a pas adhéré à la déclaration française. En mai 2024, le Parlement danois a rejeté une proposition pour reconnaître l’État palestinien, estimant que les conditions nécessaires n’étaient pas remplies : absence de contrôle territorial effectif et d’autorité palestinienne structurée, deux conditions nécessaires à la création d’un Etat.
- La Finlande ne reconnaît pas l’État palestinien. Le Président Sauli Niinistö avait notamment affirmé en octobre 2014 que la Finlande ne suivrait pas l’exemple de la Suède en matière de reconnaissance unilatérale, bien qu’elle soutienne la solution à deux États. Par conséquent, la Finlande ne s’est pas associée à la déclaration française.
- La Hongrie est considérée comme l’un des alliés européens les plus proches d’Israël. Elle a déjà agi pour bloquer des positions communes de l’UE critiques envers Israël. Aucun soutien ni adhésion à l’initiative de Macron n’ont été rapportés ; au contraire, Budapest a plutôt condamné ou refusé toute reconnaissance unilatérale.
- La République tchèque se positionne de longue date comme un partisan ferme d’Israël. Elle fut notamment le seul pays européen à voter contre l’élévation du statut de la Palestine à observateur non-membre à l’ONU en 2012. Depuis lors, Prague a continué de soutenir Israël de manière consistante, sans aucune indication d’appui à la reconnaissance française ou à une reconnaissance unilatérale similaire.
- La Pologne soutient officiellement les aspirations palestiniennes à l’autodétermination, mais n’a ni reconnu unilatéralement la Palestine ni soutenu publiquement la démarche française. Elle adopte une posture prudente, privilégiant un règlement négocié.
Et bien entendu, les Etats-Unis se sont vigoureusement opposés à la France, le président Trump s’étant plusieurs fois moqué de Macron en déclarant que ses propos “n’ont pas la moindre importance.”
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24/7.org
