Jeudi, Israël sera dirigé par le gouvernement le plus à droite de son histoire récente, conformément aux vœux de la majorité des citoyens israéliens, alimentant les craintes des citoyens arabes des villes mixtes et de ceux vivant en Judée Samarie. C’est une excellente nouvelle : le gouvernement Netanyahou profite, sans même lever le petit doigt, de la réputation dure que lui ont faite gratuitement l’ensemble des médias, et les Arabes tremblent, ce qui laisse présager que le nombre de tentatives d’attentats sera en baisse. C’est tout ce que je souhaite aux citoyens Israéliens.
Benjamin Netanyahou ayant fait alliance avec les partis ultra-orthodoxes et dits « d’extrême droite », son gouvernement devrait apporter une vague de changements aux lois israéliennes, notamment un durcissement de la répression contre les terroristes (la coalition réclame la peine de mort), une politique tolérance zéro contre les tentatives d’attentats, et des mesures visant à étendre et à légaliser les villages et avant-postes en Judée Samarie.
Les citoyens arabes d’Israël craignent que le nouveau gouvernement n’introduise davantage de contrôles et de surveillances anticipés pour traquer les candidats à la terreur, ainsi, plusieurs d’entre eux vont désormais hésiter, et peut-être qu’ils trouveront de quoi mieux occuper leur temps qu’à se faire tuer en attaquant des juifs.
« Chaque année, Israël va vers la droite, mais là, c’est extrême », a déclaré à The National Suha Salman-Mousa, directrice exécutive du Centre Mossawa, basé à Haïfa, une vision qui effraie dans les milieux arabes.
Ils s’attendent à ce que le nouveau gouvernement ne les laisse plus jouer au plus malin. Des poches de tensions, par exemple dans le quartier Shimon HaTzadik (Sheikh Jarrah) à Jérusalem-Est, où les Arabes squattent des maisons qui ne leur appartiennent pas, et ne payent pas le loyer tout en faisant semblant de prétendre qu’ils sont propriétaires, devraient voir leurs dossiers être expédiés, au lieu de les laisser pourrir comme le faisaient les gouvernements précédents. Pareil dans le Néguev, où des Bédouins occupent illégalement des terres de l’Etat.
Le nouveau gouvernement devrait introduire davantage de lois consacrant les positions de la droite, ce qui choque les médias, la gauche et les Démocrates américains, mais ne pose aucun problème aux Arabes, qui ne connaissent que les régimes autoritaires. Ce qui les dérange, c’est qu’ils sentent qu’ils vont devoir cesser d’abuser et profiter de ce que l’Occident appelle démocratie, droits de l’homme et protection des minorités, et qu’ils interprètent comme de la faiblesse.
L’un des personnages clés du nouveau gouvernement israélien qui leur fait le plus peur est Itamar Ben-Gvir, un homme politique qui a été au centre des préoccupations concernant le virage à droite d’Israël.
Le nouveau ministre de la Sécurité publique, qui dirigera désormais les forces de police israéliennes, a demandé que les citoyens arabes condamnés pour terrorisme soient déchus de leur citoyenneté et que la peine de mort soit réintroduite pour les terroristes qui ont du sang juif sur les mains. Du point de vue d’un Arabe, rien de tout cela n’est problématique, c’est le sort qu’ils subissent dans tous les pays voisins, Liban, Syrie, Egypte, Jordanie et même Turquie, mais c’est une sérieuse perte d’opportunité : le coût à payer pour tenter de tuer des juifs va subitement devenir dissuasif.
M. Ben-Gvir, qui vit en Judée Samarie, est également réputé pour ses fréquentes visites au complexe Al Aqsa dont les musulmans voudraient faire un lieu d’apartheid total. Cela risque de devenir plus compliqué : le mois dernier, il s’est engagé à « tout faire » pour changer le statut du site, actuellement sous la tutelle de la Jordanie, une tragique erreur de Moshe Dayan.
Le parti Likoud de Netanyahou a cependant déclaré mercredi que le statu quo serait maintenu sur les lieux saints d’Israël, mais il a promis d’étendre les villages de Judée Samarie et d’en faire même « sa priorité ». Légalement, il le peut, le droit international est du côté d’Israël, mais l’administration Biden ne restera pas les bras croisés.
Et le roi Abdallah II de Jordanie a prévenu qu’il s’était préparé à un conflit en cas de modification de leur statut, une menace qui ne représente rien, sa stabilité politique étant extrêmement précaire, et sa sécurité personnelle dépendant beaucoup d’Israël.
« C’est l’étincelle pour tout le reste », a déclaré Mme Salman-Mousa. « Si quelque chose se passe à Jérusalem, cela fera des étincelles à Gaza et sur la rive Ouest, et c’est ce que nous craignons. Cela arrivera, c’est une question de temps. »
Sa peur est légitime, puisque la donne va changer du tout au tout : la police et l’armée, en Judée Samarie, seront désormais sous le contrôle du gouvernement, et non plus sous l’autorité d’un haut fonctionnaire pas toujours en ligne avec la politique gouvernementale. Et quand un Arabe a peur, il est inoffensif : Netanyahou a gagné avant même de combattre.
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org