« Israël ne dispose pas de forces suffisantes à ce stade pour soumettre le Hamas, tant sur le plan militaire que sur celui de sa capacité à gouverner la bande de Gaza », a déclaré Yoni Ben Menachem, expert en affaires du Moyen-Orient au Jerusalem Center for Security and Foreign Affairs (Centre de Jérusalem pour la sécurité et les affaires étrangères).
« Pour ce faire, Israël doit occuper l’ensemble de la bande de Gaza et annoncer qu’il met en place une administration militaire temporaire. »
Selon M. Ben Menachem, le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu attend des développements majeurs avant de s’engager dans cette voie.
L’un d’eux est le sort du cessez-le-feu, et l’autre est le départ du président Joe Biden et l’investiture de Donald Trump le 20 janvier.
Netanyahou espère que M. Trump, qui a favorisé ses politiques au cours de son précédent mandat, constituera un obstacle moins important.
« Le gouvernement israélien a jusqu’à présent évité de discuter de ses plans pour Gaza après la guerre en raison de l’opposition de l’administration Biden à un régime militaire israélien dans cette région », a déclaré M. Ben Menachem.
M. Netanyahou n’a pas exclu l’idée d’un régime militaire à Gaza, bien qu’il ait rejeté les appels lancés au sein de sa coalition en faveur d’une réinstallation de la population juive dans la bande de Gaza.
Il sait que cette option recevrait une résistance et un rejet majeur de l’armée, car la gauche ne veut surtout pas que des juifs se réinstallent à Gaza – raison pour laquelle ils n’ont pas cherché à éradiquer le Hamas, qu’ils souhaitent voir continuer à diriger Gaza avec l’Autorité palestinienne.
Cependant, le Premier ministre israélien avait fait de l’éviction du Hamas l’un des objectifs de la guerre, et il avait également exprimé son opposition au retour de l’Autorité palestinienne à la tête de Gaza, qu’il considère comme un partisan du terrorisme. De cette divergence d’objectifs, le chef d’Etat-major de Tsahal a adapté la stratégie militaire en penchant plus vers son objectif que vers celui du gouvernement.
L’alternative aux incursions est le régime militaire, qui permettra un contrôle total de Gaza. Il empêchera, mais pas complètement, le Hamas de se renforcer et de se soulever. Mais cela nécessitera beaucoup de ressources parce qu’il s’agit essentiellement d’occuper Gaza.
Cela prendra beaucoup de temps, mais la présence d’Israël à Gaza aujourd’hui, y compris le blocus sécuritaire de Gaza par le contrôle de toutes ses entrées, a démontré être un fiasco total.
Si l’on veut répondre aux besoins d’Israël et de ses citoyens en matière de sécurité de manière plus durable (il n’y a pas si longtemps, le Hamas déclenchait une offensive majeure à peu près tous les deux ans), l’Etat juif ne peut pas faire grand-chose d’autre que d’occuper Gaza militairement, et réformer la région prendra du temps. Ce n’est cependant pas une option politiquement viable sur le plan international, l’UE et l’ONU ne reconnaissant pas aux juifs les mêmes droits qu’aux autres populations du monde.
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org