Le 7 Octobre 2023 n’est pas seulement pour Israël un cauchemar, mais aussi une énigme, dont Pierre Lurçat semble à même de nous donner la solution tracée d’une ligne claire, avec précision, clarté et réalisme, dans : « Jusqu’à la victoire ! La plus longue guerre d’Israël », préfacé par le philosophe Jacques Dewitte (2025).
Comment Israël a pu anticiper la menace de l’Iran situé à 2.000 km, mais pas celle de Gaza, situé juste à côté ? Comment la barrière de séparation de Gaza a pu être franchie comme une simple clôture de jardin ? Comment les barbares du Hamas ont pu massacrer librement 1.200 Israéliens ? Pourquoi l’armée israélienne a-t-elle mis des heures à apparaître ?
Lurçat remonte d’abord aux causes, désignant la Conceptsia, « conception » en hébreu, désignant la « fausse conception » qui a conduit à l’échec du renseignement israélien avant la Guerre du Kippour (1973). Coïncidence, ce néologisme fait partie – comme « la ligne claire » – du langage de la bande dessinée, où il désigne une approche trop conceptuelle et figée. La conceptsia c’est l’illusion d’une paix possible avec le Hamas, qu’Israël a laissé se réarmer en comptant principalement sur sa « barrière intelligente » et sur son « Bouclier de fer ». Cette « cécité volontaire dénote non seulement un échec terrible des services de renseignement et de l’échelon politique, mais aussi et surtout un échec conceptuel général à intérioriser la manière de penser de l’ennemi ».
Responsables de la conceptsia : les islamologues israéliens travaillant pour les Renseignements militaires qui ont « projeté sur les dirigeants du Hamas leur propre vision du monde et leurs propres valeurs (rationalité, pragmatisme, poursuite d’intérêts économiques, etc.) au lieu de chercher à pénétrer dans la tête du Hamas ». Erreur psychologique fondamentale. Un politologue français, Pierre Manent, avait pourtant signalé que chez les islamistes « le souci de l’honneur et le désir de vaincre » étaient supérieurs au désir de bien-être et de confort.
Les Gardiens ont ouvert les portes à l’ennemi
Ensuite les « Gatekeepers », d’anciens chefs du Shin Bet désignés sous ce nom dans un documentaire de 2012 où ils exprimaient leurs regrets, leurs doutes moraux et leurs critiques de la politique d’Israël depuis 1967. Ces anciens directeurs se présentaient comme les « gardiens » chargés de protéger les frontières et la société israélienne contre les menaces terroristes, et plaidaient pour une approche plus pacifiste. Lurçat décrit ces « gardiens » comme des sortes de traîtres internes« qui ont ouvert la porte à l’ennemi ». Il accuse ces anciens chefs d’avoir promu des slogans simplistes comme « c’est avec ses ennemis qu’on fait la paix », menant à une sous-estimation du Hamas, et les rend responsables – avec les dirigeants de gauche et d’extrême-gauche actuels du Shin Bet – de « l’échec colossal » du 7 octobre.
A cela s’ajoute « l’establishment judiciaire » qui s’inscrit dans le même état d’esprit. La Cour suprême dit Lurçat a ouvert « la première brèche dans la barrière autour de Gaza ». Au début des années 2010, l’armée avait pour instruction de tirer des coups de semonce, où des tirs visant à neutraliser quiconque s’approchait de la barrière. La Cour suprême et le procureur militaire sont intervenus, de telle sorte que les consignes de tir changèrent. Ce qui permit au Hamas d’organiser des manifestations près de la barrière et d’y poser des mines utilisées le 7 octobre.
Voilà pour les origines, mais c’est le jour du 7 octobre que le rôle pervers de l’establishment judiciaire apparut dans toute son ampleur. Lurçat révèle que des juristes du département du procureur militaire ont retardé l’entrée en action de l’armée de l’air en exigeant une déclaration officielle du gouvernement (qui n’avait pas encore eu le temps de se réunir), malgré que Netanyahou ait déclaré le pays était en guerre dès 11 heures du matin. L’armée de l’air « a préféré obéir aux juristes plutôt qu’au gouvernement ». « Il est probable, explique le journaliste Ari Weiss, mais cela reste à prouver, que personne n’a mis au courant Netanyahou que les juristes interdisaient à l’aviation d’intervenir ».
Les intellectuels honteux
Pierre Lurçat ne peut négliger le rôle clé des intellectuels, essentiellement de gauche, dans le sabotage d’Israël. Le « camp de la paix », qui ne veut pas comprendre que l’adversaire ne veut pas la paix, n’est pas né d’hier. Vladimir Jabotinsky, pionnier d’Israël, s’indignait déjà en 1929 qu’après les pogroms (PAN 21/11/25) :
« Le camp sioniste entonne d’une voix forte le refrain du choeur des pacifistes, qui s’efforcent (en prêchant la morale aux Juifs uniquement) de se réconcilier avec les Arabes. »
C’est la gauche juive, note Lurçat, qui a initié la « diabolisation d’Israël » lorsqu’elle a perdu le pouvoir en 1977, et inventé la « reductio ad hitlerum » d’Israël en « recourant au mensonge et à la calomnie pour ‘annuler’ ses adversaires », source perfide du slogan scandé dans le monde entier « Israël SS » et du mythe du « génocide » à Gaza.
Ces intellectuels juifs qui se retournent contre Israël et partagent les pires calomnies antijuives de « crimes de guerre », « famine » et « génocide », comme Delphine Horvilleur « première femme rabbin-pyromane », Anne Sinclair, Alain Finkielkraut, ou l’écrivain israélien David Grossman, souffrent d’une tendance psychologique à l’auto-accusation « pour tenter d’échapper à la condamnation universelle » et pour s’intégrer à l’establishment culturel international.
Pierre Lurçat, qui défend le droit de faire la guerre et de « terroriser les barbares, tout en amenant l’humanité à ce qu’elle devrait être », est un intellectuel franco-israélien qui ne mange pas de ce pain-là.
