Stanley Stern, président de NORPAC1 et philanthrope, a pris la parole lors de l’événement Israel Heritage Foundation organisé avec Arutz Sheva. Dans son discours, il a évoqué l’influence du Qatar aux États-Unis dans un contexte où le président Trump vient d’accepter un prestigieux cadeau du Qatar qui fait polémique – un avion de 400 millions de dollars pour remplacer le vieillissant Air Force One.
Stern a notamment déclaré :
… Le Parti démocrate pose problème depuis un certain temps, mais des éléments du Parti républicain, proches du président et faisant partie de son cercle rapproché, deviennent également problématiques…
Vous pensez bien que la petite phrase ne m’a pas échappé
Je suis un spécialiste des Etats-Unis, et particulièrement du président Trump, et je fais mon métier avec soin pour vous apporter des informations fiables et que vous ne lirez pas partout. Aussi ai-je cherché à savoir qui peuvent être les proches du président Trump qui peuvent poser problème à Israël.
J’ai questionné mes sources, croisé les données, et suis arrivé à cinq noms. Cinq personnalités que je connais bien, depuis longtemps : Rand Paul, le sénateur libertarien du Kentucky, anti-interventionniste acharné, le vice-président J.D. Vance, le commentateur politique Tucker Carlson, le conseiller spécial « affaires internationales » Richard Grenell, et la secrétaire d’Etat à la Justice Pam Bondi. Oui, même le vice-président Vance, dont les médias israéliens ont annoncé la visite en Israël pour mardi 20, mais, information que la Maison-Blanche a démentie comme fausse, et dont le média de gauche Axios – qui a diffusé sa dose de Fake News ces derniers temps, a affirmé qu’il a annulé son voyage pour ne pas sembler cautionner l’opération musclée que vient de déclencher Israël à Gaza.
De ces cinq noms, dont plus d’un m’ont fait tiquer, j’en rapidement écarté deux qui ne font pas l’affaire : Rand Paul, parce qu’il était là durant le premier mandat de Trump et n’est pas si proche du président qu’on le dit ici et là, et Tucker Carlson, pour les mêmes raisons.
J.D. Vance
Le vice-président a un profil plutôt isolationniste. Il a voté de manière répétée contre l’aide militaire d’urgence à Israël, a été réticent à frapper les Houthis2 ou l’Iran, et a émis le projet de « recalibrer » les financements extérieurs, y compris ceux pour Israël.
En mars, des sénateurs ont exprimé leur frustration en privé après que le vice-président JD Vance a suggéré, dans une discussion de groupe qui a fait l’objet d’une fuite – souvenez-vous du scandale Jeffrey Goldberg, rédacteur en chef du magazine de gauche The Atlantic, qui avait été par erreur inclus dans un groupe de discussion confidentiel sur Telegram – que les Houthis constituent « davantage un problème pour l’Europe » que pour les États-Unis, et qu’il a exprimé des doutes quant à l’intérêt pour les États-Unis de frapper le groupe soutenu par l’Iran au Yémen.
Mes sources ont pointé un certain nombre de déclarations « problématiques » de Vance, comme dit Stern :
- Le 9 sept. 2021, dans un entretien pour Jewish Insider dans le cadre de sa candidature au sénat de l’Ohio, Vance a déclaré :
« Les intérêts américains et israéliens se recoupent souvent, mais ils peuvent diverger ; l’Amérique ne doit pas se retrouver entraînée dans une guerre contre l’Iran. »
- Dans une interview d’octobre 2024, Vance a encore déclaré3 :
» Israël a le droit de se défendre, mais les intérêts de l’Amérique sont parfois distincts. Parfois, nos intérêts se chevaucheront et parfois nous aurons des intérêts distincts. Et notre intérêt, je pense, est de ne pas entrer en guerre avec l’Iran ».
- Le 12 mai 2024 (sur CNN, à propos du discours sur l’Etat de l’Union), il a accusé Biden de « micro‑gérer la guerre » & nbsp;et a ajouté : « Israël doit finir la guerre vite, l’Amérique n’a pas à s’enliser ».
- Le 28 avril 2024, dans le Washington Examiner, il répète que Washington doit « éviter toute escalade directe avec l’Iran même si Téhéran frappe Israël ».
- En juillet 2024, il déclare : « Nous voulons que les Israéliens et les sunnites fassent la police dans leur propre région du monde » 4
- Il a cependant déclaré, dans un discours prononcé à l’Institut Quincy en mai 20245 :
» Je pense que nous devrions cesser de soutenir le conflit ukrainien, et apporter un soutien inconditionnel à Israël.
La majorité des citoyens de ce pays pensent que leur sauveur, et je me considère comme un chrétien, est né, est mort et est ressuscité dans cette étroite petite bande de territoire au large de la Méditerranée.
L’idée qu’il y aura un jour une politique étrangère américaine qui ne se préoccupera pas beaucoup de cette partie du monde est absurde », a-t-il ajouté.
- Mais lorsqu’on lui a demandé, en octobre 2023, s’il soutenait une action militaire contre l’Iran après que des milices liées à l’Iran ont attaqué des troupes américaines, M. Vance a répondu que ce serait une « erreur », invoquant la crainte d’une escalade importante, 6 ce qui représente une contradiction avec la déclaration précédente.
- En octobre 2024, durant la campagne présidentielle, il répète au micro de Tim Dillon :
» Israël a le droit de se défendre, mais les intérêts de l’Amérique sont parfois distincts. Parfois, nos intérêts se chevaucheront, et parfois nous aurons des intérêts distincts. Et notre intérêt, je pense, est de ne pas entrer en guerre avec l’Iran. Ce serait une énorme distraction de ressources ; ce serait extrêmement coûteux pour notre pays ».7
Pam Bondi
Après la fin de son mandat de procureure générale de la Floride, Pam Bondi est devenue lobbyiste – enregistrée comme telle – du gouvernement du Qatar chez Ballard Partners, de 2019 à 2021, pour les clients suivants : Etat du Qatar, Qatar Investment Authority, université Georgetown.
Dans le cadre de cette activité, elle a rencontré des élus du Congrès pour défendre les investissements qataris dans les campus américains, et organisé une tournée de presse visant à « corriger la perception du Qatar après la crise du Golfe ».
- Le 19 mai 2023, dans une émission de Fox News, elle a qualifié la résolution bipartisane du Congrès condamnant le Qatar pour son soutien au Hamas de « geste politique » et a plaidé pour « garder Doha dans le camp occidental ».
- Le 12 févr. 2024, alors qu’elle était conseillère de campagne du candidat Trump, elle a argumenté contre l’idée d’inscrire Al‑Jazeera sur la liste FARA8 en expliquant : « c’est un danger de restreindre la liberté de la presse ».
- Le 22 janvier 2025, à l’occasion de sa prise de position comme ministre de la Justice des États‑Unis, elle a dit vouloir « examiner froidement les cas de discours sur les campus », et s’est montrée réticente à codifier la définition IHRA de l’antisémitisme. Elle a dit préférer « une approche cas‑par‑cas pour préserver le 1er Amendement ». Le Qatar finance les perturbations à coups de centaines de millions de dollars sur les campus.
- En mars 2025, lors des premières instructions générales aux procureurs fédéraux, elle appelle à donner la priorité à la Chine, à la Russie et à l’Iran pour lister les organisations devant être inscrites à la liste FARA – le Qatar n’est pas mentionné malgré les appels du Congrès.
- Elle a validé, début mai 2025, l’acceptation par le président Trump d’un Boeing 747 VIP de 400 M$ « offert » par Doha pour servir de nouvel Air Force One ; alors que le Congrès peine toujours à faire avancer un texte restreignant les financements qataris dans les universités.
En résumé, je n’ai pas trouvé de déclaration ouvertement hostile à Israël, mais Pam Bondi affiche une ligne constante – depuis son lobbying pour Doha jusqu’à ses décisions comme ministre de la Justice – qui atténue ou neutralise les pressions américaines sur le Qatar et freine les outils légaux renforçant la lutte contre l’antisémitisme sur les campus. C’est ce faisceau d’actions, plus que des propos publics, qui alimente la méfiance de son soutien à Israël.
Richard Grenell9
- Entre 2019 et 2021, Richard Grenell a conclu plusieurs contrats de conseil avec le gouvernement du Qatar pour des dossiers d’investissement et de sécurité régionale (il était enregistré au DOJ/FARA).
- En avril 2024, il dénonce une aide américaine à Israël dans un Post sur X, critiquant le paquet Ukraine‑Israël de 95 G $ : « Adam Schiff vient d’envoyer 100 milliards à l’étranger, alors que la dette explose » 10, faisant ainsi un amalgame entre l’aide militaire à l’Ukraine et celle pour Israël, l’assimilant comme une dépense extérieure superflue, et suggère que l’enveloppe doit être réduite.
- Le 18 novembre 2024, il co‑fonde, avec des ex‑officiels, un PAC visant à « rééquilibrer » la politique US – Israël en conditionnant l’aide à « des réformes démocratiques et humanitaires » 11, introduisant l’idée d’une aide conditionnelle au sein même du camp républicain.
- Quand, le 23 janvier 2025, il est nommé conseiller spécial « Affaires internationales » à la Maison-Blanche, Propose au Conseil National de Sécurité un « plan de sortie de guerre » à -Gaza, en propsant de confier l’administration de Gaza sous parrainage qatari‑saoudien, Israël ne gardant qu’un « droit de frappe limité ». (mémo interne révélé par Politico12, 13 mars 2025). Conférer à Doha un rôle directeur à Gaza, c’est faire entrer le loup dans la bergerie ; réduire l’autonomie stratégique d’Israël dans la gestion post‑guerre, c’est lui en retirer les clefs.
- Dans un entretien pour Politico en mars dernier13, il défend son plan consistant à confier la gestion de Gaza au Qatar: « Le Qatar est l’interlocuteur indispensable : il finance, il parle au Hamas, il peut tenir l’Iran “.
La question demeure : le président Trump, dont je sais de source précise qu’il ne fait confiance à personne – sauf à sa famille – se laissera-t-il entraîné sur une pente glissante qui nuirait à Israël, ou restera-t-il fidèle à son amour pour le peuple et l’Etat juif.
Le président Trump a une doctrine précise, claire, constante, et ceux qui le croient incohérent sont des personnes qui ne le jugent qu’au travers de ce que disent de lui les journalistes qui ne l’aiment pas. La sagesse réclame d’attendre et de voir quelles décisions il va prendre dans les moments cruciaux que traverse Israël – en tenant compte du fait que sa priorité, ce pour quoi il a été élu, ceux à qui il doit des comptes, ce sont les citoyens américains, pas les Israéliens.
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24/7.org
- NORPAC est un comité d’action politique (PAC) bipartisan américain, dont l’objectif principal est de renforcer les relations entre les États-Unis et Israël. Fondé en 1994, il soutient les candidats au Sénat et à la Chambre des représentants des États-Unis qui s’engagent en faveur de la force, de la sécurité et de la survie d’Israël. ↩︎
- https://jewishinsider.com/2025/03/vice-president-j-d-vance-houthi-strikes-gop-isolationist/?utm_source=chatgpt.com ↩︎
- https://www.washingtonexaminer.com/policy/foreign-policy/3206070/vance-acknowledges-distinct-interests-israel/ ↩︎
- https://thehill.com/policy/international/4773538-jd-vance-foreign-policy/ ↩︎
- https://quincyinst.s3.amazonaws.com/wp-content/uploads/2024/05/28124444/TRANSCRIPT-5.23-QI-Conference.docx.pdf ↩︎
- https://thehill.com/policy/international/4282057-jd-vance-says-he-would-not-support-authorizing-military-action-in-iran/ ↩︎
- https://www.washingtonexaminer.com/policy/foreign-policy/3206070/vance-acknowledges-distinct-interests-israel/ ↩︎
- La loi FARA exige que les agents étrangers divulguent leurs relations et leurs activités au gouvernement américain. L’objectif était d’empêcher l’influence étrangère sur la politique américaine. ↩︎
- Richard Allen Grenell est un diplomate américain, stratège politique et commentateur dans les médias. Né le 18 septembre 1966 à Jenison, dans le Michigan, Grenell est titulaire d’un BA de l’Université Evangel et d’un MPA de l’Université de Harvard.
Il a été nommé au poste d’envoyé présidentiel spécial pour les missions spéciales par le président Trump en décembre 2024. Grenell occupe actuellement ce rôle, et il gère des questions internationales complexes dans des régions telles que le Venezuela et la Corée du Nord. ↩︎ - https://www.washingtonpost.com/politics/2024/04/25/eighty-percent-ukraine-israel-bill-will-be-spent-us-or-by-us-military/?utm_source=chatgpt.com ↩︎
- https://www.politico.com/newsletters/national-security-daily/2024/11/04/former-officials-launch-new-pac-to-reshape-israel-policy-00183727?utm_source=chatgpt.com ↩︎
- https://www.politico.com/newsletters/national-security-daily/2025/03/13/for-some-world-leaders-trumps-bullying-pays-off-in-the-polls-00228935?utm_source=chatgpt.com ↩︎
- https://www.politico.com/newsletters/national-security-daily/2025/03/13/for-some-world-leaders-trumps-bullying-pays-off-in-the-polls-00228935?utm_source=chatgpt.com ↩︎
Witkoff n’est pas dans la liste???
Non. Il a investi au Qatar, ce qui n’est pas la même chose qu’avoir fait du lobbying pour le Qatar.
Merci pour cet article éclairant.
Il est très clair que le president Trump n’est concerné tout d’abord par l’intérêt des USA .Je me demande si Israël aurait fini le travail à propos des centrales iraniennes sans l’intervention de Trump en attaquant ces centrales avec des robots suicides qui seraient descendus par les puids d’aération ou simplement par le passage ou ascenseur. L’intervention de Trump est très appréciée et il se sert de cette attaque pour son ego et s accapare de la victoire de tsahal à son compte .J’espère que la visite de quatre jours de Netanyahou à la maison blanche n’a pas servi à mettre la pression sur Netanyahou pour lui faire accepter d accepter des accords douloureux plus dans l interret de Trump que de celui d’Israël