Démocratie, dictature ? Voici les pays où les juges sont nommés par les politiques, comme voudrait la réforme judiciaire

Photo : manifestation des étudiants lors de la réunion du Comité constitutionnel de la Knesset

Qui dit vrai, qui ment ?

France

En France, la nomination des juges à la plus haute juridiction, la Cour de cassation, est régie par une combinaison de participation judiciaire et exécutive.

Conclusion : en France, la nomination des juges à la plus haute cour est politique, ils sont choisis par le représentant du peuple, pas par d’autres juges, qui sont juste chargés de recommander les candidats.

Bilan : 1 point pour les tenants de la réforme judiciaire – 0 pour les opposants.

Allemagne

En Allemagne, les juges de la Cour constitutionnelle fédérale, la plus haute juridiction chargée des questions constitutionnelles, sont sélectionnés dans le cadre d’un processus complexe impliquant une participation à la fois judiciaire et politique.

Les juges sont nommés par différents organes :

Conclusion : en Allemagne, la nomination des juges à la plus haute cour est 100 % politique. Les membres du Bundestag et du Bundesrat, qui sont les représentants élus du peuple, élisent les juges.

Bilan : 2 pour les tenants de la réforme judiciaire – 0 pour les opposants.

Grande-Bretagne

En Grande-Bretagne, le processus de nomination des juges à la Cour suprême implique un mélange d’influence judiciaire et politique. La Cour suprême est la plus haute juridiction du Royaume-Uni pour les Affaires civiles et pénales. Les nominations sont effectuées par le monarque, sur les conseils du Premier ministre et du Lord Chancellor. Une commission de sélection indépendante, connue sous le nom de Judicial Appointments Commission, contribue au processus de sélection en recommandant des candidats appropriés sur la base de leur mérite.

Le processus est donc à 100 % politique.

Bilan : 3 pour les tenants de la réforme judiciaire – 0 pour les opposants.

États-Unis

Aux États-Unis, la procédure de nomination des juges de la Cour suprême est un processus très important et il est totalement politique. On peut même dire que la politique y joue un rôle fondamental, comme on a pu l’observer avec la nomination des juges à la Cour suprême choisis par l’ancien président Trump.

Conclusion : la nomination des juges à la Cour suprême est 100 % politique, 100 % démocratique à tous les échelons. Les juges sont élus, et les électeurs – les sénateurs – ont eux-mêmes été élus par le peuple : le processus est donc à la fois 100 % politique, et 100 % démocratique.

Bilan : 5 (échelon fédéral + échelon des états) pour les tenants de la réforme judiciaire – 0 pour les opposants.

Espagne

En Espagne, le processus de nomination des juges à la Cour suprême est supervisé par le Conseil général du pouvoir judiciaire (CGPJ). Le CGPJ est un organe indépendant composé de juges, de professionnels du droit et d’hommes politiques. Le CGPJ propose une liste de candidats et le roi d’Espagne nomme les juges à partir de cette liste. Les nominations sont ensuite ratifiées par le Congrès des députés, la chambre basse du Parlement espagnol.

Le processus de nomination est très proche de celui qui existe en Israël.

Bilan : 5 pour les tenants de la réforme judiciaire – 1 pour les opposants.

Italie

En Italie, la nomination des juges à la Cour suprême, également connue sous le nom de Cour de cassation, implique une combinaison de participation judiciaire et politique.

Le processus ressemble à celui de la France, et les juges sont nommés par le politique.

Bilan : 6 pour les tenants de la réforme judiciaire – 1 pour les opposants.

Belgique

En Belgique, le processus de nomination des juges à la Cour de cassation, la plus haute juridiction du pays, est régi par le Conseil supérieur de la justice (CSJ).

Bilan : 7 pour les tenants de la réforme judiciaire – 1 pour les opposants.

Suède

En Suède, la nomination des juges à la Cour suprême est effectuée par le Conseil consultatif des nominations judiciaires. Ce conseil est composé de représentants du pouvoir judiciaire, de la profession juridique et de la classe politique. Il propose des candidats pour les nominations judiciaires, y compris pour la Cour suprême. La nomination finale des juges à la Cour suprême est faite par le gouvernement, et il n’y a pas d’exigence de confirmation parlementaire.

Bilan : 8 pour les tenants de la réforme judiciaire – 1 pour les opposants.

Pays-Bas

Aux Pays-Bas, les juges de la Cour suprême sont nommés par décret royal. Le processus de nomination s’appuie sur les recommandations d’un Comité de sélection pour la Cour suprême, composé de juges, de juristes et de professionnels du droit. Les recommandations sont soumises au ministre de la Justice et de la Sécurité, qui conseille ensuite le roi sur la nomination. Il n’y a pas d’exigence formelle de confirmation parlementaire.

Bilan : 9 pour les tenants de la réforme judiciaire – 1 pour les opposants.

Danemark

Au Danemark, les juges de la Cour suprême sont nommés par décret royal. Le processus de nomination est mené par le Conseil des nominations judiciaires, qui comprend des juges, des avocats et des représentants du corps législatif. Le conseil recommande des candidats au ministre de la Justice, qui présente ses recommandations au monarque. Il n’y a pas d’exigence de confirmation parlementaire.

Bilan : 10 pour les tenants de la réforme judiciaire – 1 pour les opposants.

Portugal

Au Portugal, le processus de nomination des juges à la Cour suprême est supervisé par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Le CSM est un organe indépendant composé de juges, de professionnels du droit et d’hommes politiques. Le CSM propose une liste de candidats au Président de la République, qui nomme ensuite les juges à partir de cette liste. Les nominations sont soumises à l’approbation de l’Assemblée de la République, le Parlement portugais.

Bilan : 11 pour les tenants de la réforme judiciaire – 1 pour les opposants.

Canada

Au Canada, la nomination des juges à la Cour suprême relève de la responsabilité du gouvernement fédéral.

Bilan : 12 pour les tenants de la réforme judiciaire – 1 pour les opposants.

Conclusion

Dans 12 des 13 principaux pays européens et américains examinés, les juges à la Cour suprême sont nommés par l’échelon politique, comme le souhaite la coalition Netanyahou. La dernière fois que j’ai vérifié, ces pays n’étaient pas qualifiés de dictatures pour les opposants au pouvoir. Le processus de nomination des juges à la Haute cour n’est pas qualifié d’anti-démocratique.

Je n’ai porté aucun jugement personnel, dans cet article. Je me suis contenté de vous présenter ce qui se fait dans d’autres pays occidentaux, afin que vous portiez votre propre jugement, et que vous soyez mieux informé pour décider qui dit vrai et qui fait de la propagande dans cette affaire.

Et si vous voulez mon opinion personnelle, il ressort de ce dossier que les membres de la coalition disent vrai : la nomination des juges à la Haute cour, telle qu’ils la recommandent, sera alignée sur les principaux pays occidentaux, et ne sera pas une « dictature » ou la fin de la démocratie.

© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org

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