Conversation entre Netanyahou et Elon Musk : la menace iranienne, la réforme juridique et l’Intelligence artificielle

Benjamin Netanyahou, Elon Musk. Photo crédit : Avi Ohayon / GPO

Le Premier ministre Benjamin Netanyahou et l’audacieux entrepreneur de la haute technologie Elon Musk ont tenu une discussion en direct lundi sur les sujets du moment, diffusée sur la plateforme de médias sociaux X.

Et contrairement aux mauvaises langues (je parle évidemment des nuisibles journalistes), la discussion n’était pas centrée sur les théories conspirationnistes fabriquées par les médias concernant l’antisémitisme de X.

Le couple Netanyahou et Musk se sont rencontrés peu après que le Premier ministre et son épouse Sara sont descendus d’un avion d’El Al à l’aéroport international de San Jose après 13 ou 14 h de vol (si c’était un vol direct), et 10 heures de décalage horaire. Autant dire qu’à l’arrivée, on est cassé.

Dans l’introduction de la biographie qui vient de sortir, intitulée simplement “Elon Musk”, l’auteur Walter Isaacson cite cette phrase d’Elon Musk :

“À tous ceux que j’ai offensés, je veux juste dire ceci : j’ai réinventé les véhicules électriques et j’envoie des gens sur Mars dans une fusée. Vous pensiez aussi que j’allais être un mec normal et cool ?”

En plus de posséder Tesla, SpaceX et Neuralink, Musk est bien entendu propriétaire de la plateforme de médias sociaux “X”, qui lui vaut de nombreux ennuis depuis qu’il a décidé d’y rétablir la liberté d’expression.

Une pique bien sentie contre Biden

Impressionné par ses accomplissements, Bibi n’a pas lésiné sur les compliments à l’égard de son hôte. Il a déclaré que Musk était surnommé “l’Edison de notre époque”, (ce que je n’ai personnellement jamais entendu), “Le Tesla de notre époque” (facile). M. Netanyahou a également qualifié le milliardaire de “président officieux des États-Unis”, laissant entendre que Biden est si dégradé qu’il est évident qu’il ne dirige pas son pays, que son capricieux refus d’inviter Netanyahou à la Maison-Blanche n’est pas de son initiative, et que finalement, la rencontre avec Musk est plus importante qu’une visite à la Maison Blanche.

IA, menace de l’Iran et danger nucléaire

Lors de la discussion en direct, qui a été diffusée sur X, les deux hommes ont discuté de “la manière dont nous pouvons exploiter les opportunités et atténuer les risques de l’IA pour le bien de la civilisation”

Musk, qui envisage de créer son propre outil d’IA parce que les autres sont biaisés par des idées de gauche, a prévenu que les avantages de l’IA s’accompagnaient également de risques multiples, et il a indiqué qu’il avait discuté de ces risques avec des dirigeants du monde entier au cours des dernières semaines.

Netanyahou a soulevé la question de savoir par qui et comment les armes nucléaires sont contrôlées, faisant remarquer que jusqu’à présent, la dissuasion a été la force de contrôle et a créé un code de conduite parmi les dirigeants mondiaux. Mais si cette dissuasion venait à faiblir, a-t-il souligné, on pourrait assister à un chaos mutuellement assuré.

Netanyahou a parlé des dangers de la technologie utilisée par des régimes autoritaires qui ignorent le droit international.

Le Premier ministre a eu l’occasion de se présenter comme un “leader de classe mondiale” qui pense globalement et de mêler à la conversation le sujet de la menace iranienne.

Musk, cependant, n’a pas entretenu le sujet – il a dit au contraire qu’il coopérait avec le gouvernement iranien, lui a demandé la permission de placer des satellites Starlink au-dessus du territoire de la République islamique et a reçu une réponse d’une douceur inattendue – “très polie”, et pas dans l’esprit de “Mort à l’Amérique, mort à Israël”.

Antisémitisme, liberté d’expression et désinformation

Le dirigeant israélien a également dit à Musk qu’il espérait qu’il trouverait un moyen de lutter contre l’antisémitisme exprimé sur la plateforme de médias sociaux X.

Le Premier ministre israélien a déclaré – une autre pique en direction de la Ligue anti-diffamation, qui est devenue une officine de propagande entre les mains d’un ancien membre de l’équipe d’Obama – qu’il “sait” que Musk n’accepte pas l’antisémitisme, et s’est dit confiant que le propriétaire de X, sans violer la liberté d’expression, “sera en mesure d’arrêter l’antisémitisme sur la plateforme X”, et a appelé le milliardaire à “trouver un équilibre”.

“Je sais que vous êtes un défenseur de la liberté d’expression, et je le suis aussi. C’est un fondement de la démocratie. Cependant, j’espère que vous trouverez un moyen de réduire l’antisémitisme et les discours de haine en ligne, car vous les avez condamnés de toutes les manières possibles”, a déclaré M. Netanyahou.

Musk a confirmé qu’il était contre l’antisémitisme et contre “tout ce qui provoque la haine et les conflits”, mais s’est opposé à l’appel visant à limiter la diffusion des opinions peu sympathiques. Le propriétaire de X a ajouté que la plateforme comptait 100 à 200 millions de messages par jour et qu’“il y a forcément du mauvais dedans”.

“Condamner [l’antisémitisme], oui, mais le retirer réellement de la plateforme est plus difficile”, a expliqué M. Musk. “La controverse est ce qui maintient la plateforme X en vie et dynamique, et en fin de compte, c’est ce qui fait avancer la civilisation. Ce que je peux dire, c’est que nous essayons de supprimer des millions de comptes robots, afin que ce ne soit plus celui qui paie le plus qui soit entendu.

La liberté d’expression implique que, parfois, quelqu’un que vous n’aimez pas dise quelque chose que vous n’aimez pas. Sinon, ce n’est pas de la liberté d’expression… Notre objectif global pour la plateforme X est de maximiser le temps non regretté des utilisateurs”, a-t-il ajouté.

M. Netanyahou a demandé à M. Musk s’il était techniquement possible d’empêcher la création d'”armées de bots” qui propagent la désinformation et la haine. M. Musk a répondu qu’à son avis, ce problème ne peut être résolu qu’en introduisant des frais pour l’utilisation des plateformes de réseau – “si vous introduisez un petit prix, quelques dollars, maintenir des armées de bots deviendra trop coûteux”.

Reforme juridique

Musk a révélé à Netanyahou que les employés de Tesla n’avaient pas du tout accueilli favorablement son intention de rencontrer le dirigeant israélien, et qu’il a reçu de leur part “la plus forte rebuffade jamais reçue pour n’importe laquelle de ses actions”. Ce qui permet de voir à quel point cela influence Musk !

Musk a demandé à Netanyahou de lui parler des réformes judiciaires prévues par le gouvernement, qui ont suscité une réaction intense et souvent vicieuse de la part de la communauté de gauche israélienne.

Le Premier ministre a expliqué que le système judiciaire était devenu, au fil des décennies, une force autonome qui exerçait plus de contrôle sur les affaires de l’État que les dirigeants élus et les législateurs du pays, et que les réformes prévues visaient à rétablir l’équilibre entre les trois branches du gouvernement.

Selon M. Netanyahou, toute démocratie doit posséder des “freins et contrepoids” pour les trois pouvoirs, mais en Israël, ils existent pour l’exécutif et le législatif, mais pas pour la Cour suprême. “ils n’ont pas de freins et contrepoids, ils n’ont que du pouvoir”, dit Netanyahou, qui explique qu’il “essaie de ramener” Israël à une véritable démocratie, à un véritable équilibre des pouvoirs.

“Si nous ne parvenons pas à un consensus, nous nous limiterons à un petit changement dans la composition de la commission pour la nomination des juges”, a précisé le Premier ministre.

Musk a réagi avec cette plaisanterie : “Un vieux dicton dit que l’histoire est écrite par les vainqueurs. Mais pas si vos ennemis sont encore en vie, et ont beaucoup de temps libre pour éditer Wikipédia.”

En riant, M. Netanyahou a répondu : “L’histoire est écrite par ceux qui peuvent mobiliser le plus grand nombre de rédacteurs”.

Et Musk de compléter : “Vous savez, les perdants ont beaucoup de temps libre, alors que font-ils ? Ils modifient Wikipédia. Littéralement.”

© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org

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