Blouses blanches : « Nous ne sommes pas responsables de la grève que nous déclenchons, c’est Netanyahou »

Hôpital Soroka - photo, ד"ר אבישי טייכר

Le mouvement de protestation des blouses blanches a expliqué dans sa déclaration qu’en raison de la « crise constitutionnelle » – sans expliquer de quelle crise il s’agit ni en quoi elle concerne la médecine – ils n’iront pas travailler jusqu’à ce que le gouvernement revienne à se conformer aux décisions de la Cour suprême – laquelle Cour est en vacance judiciaire et n’a pris aucune décision.

Les blouses blanches ont donc ouvertement annoncé aujourd’hui que les Israéliens qui ne peuvent pas aller se faire soigner dans le privé – car dans le privé, les médecins ne font pas grève – ne seront pas soignés.

Les médecins sont subitement devenus des spécialistes du droit ? D’ailleurs, quel rapport entre leur activité et la réforme judiciaire ? Ne cherchez pas plus loin : il s’agit de renverser le gouvernement Netanyahou en rendant la vie des Israéliens si intenable qu’ils espèrent les inciter à demander sa chute.

Le plus beau est qu’ils n’assument même pas leur grève, et accusent le Premier ministre de la grève qu’ils déclenchent ! Avouez qu’on n’est pas très loin du comportement des enfants qui font des bêtises, mais sont trop jeunes pour assumer leurs gestes ou même reconnaître leur responsabilité.

« La responsabilité des perturbations du système de santé incombera entièrement au Premier ministre et à ses ministres », ont-ils écrit pour expliquer qu’ils vont perturber le système de santé.

Se transformant en justiciers, les médecins ont eu l’audace d’ajouter :

« Nous sommes confrontés à la possibilité réelle que le Premier ministre et ses ministres n’obéissent pas à la loi et à l’arrêt de la Cour suprême. Il s’agit d’une crise constitutionnelle. Dans l’État d’Israël, toute personne doit obéir à la décision du tribunal, car lui seul est habilité à déterminer la situation juridique finale. Personne n’est au-dessus de la loi », ont déclaré les médecins dans un communiqué.

Je décode pour vous ce que disent les blouses blanches :

  1. Le Premier ministre pourrait ne pas se conformer à la décision de la Cour suprême. Notez le conditionnel. Cela veut dire : peut-être – ou peut-être pas – que Netanyahou se conformera à la décision de la Haute Cour, en septembre prochain, mais nous, nous faisons grève dès aujourd’hui. Ils font grève sur la base d’une spéculation !
  2. Personne n’est au-dessus de la loi, donc nous punissons aujourd’hui le Premier ministre avec une grève. Ont-ils été dotés par les citoyens israéliens du pouvoir des justiciers ? Ont-ils reçu la mission d’exécuter des sanctions ?
  3. Ils déclarent que personne n’est au-dessus des lois. Mais est-ce obéir à la loi, quand des médecins décident qui est coupable ? Est-ce obéir à la loi, que d’être juge et partie, d’accuser, juger, condamner et de délivrer une sanction ? Est-ce que Netanyahou et son gouvernement ont été invités à présenter leur défense ? Ont-ils seulement demandé ? Est-ce en démocratie ou en dictature, que le coupable n’est pas invité à présenter sa défense ?

Auparavant, le professeur de droit Ariel Porat, directeur de l’université de Tel-Aviv, et qui lui aussi s’est auto-investit du pouvoir de justicier, avait appelé toutes les entreprises et organisations publiques israéliennes à entamer une grève illimitée si le gouvernement ne se conformait pas au verdict de la Cour suprême.

« Tout le monde devrait s’unir et dire maintenant : si le gouvernement n’obéit pas au verdict de la Cour suprême, l’économie sera paralysée jusqu’à ce que l’exécutif modifie sa décision », a-t-il déclaré.

Et voilà, ce pays a désormais un nouveau corps, « démocratiquement » constitué cela va sans dire, celui d’exécuter des sanctions contre le pays s’il décide que le gouvernement ne prend pas les décisions qui lui plaisent. Démocratiquement.

© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org

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