Bennet change d’avis sur l’Iran

Photo credit GPO Amos Ben Gershom

Trois mois après avoir promis au président Biden qu’il ne mènerait pas de campagne publique contre un retour des États-Unis à l’accord nucléaire, le Premier ministre semble revenir lentement au style de son prédécesseur au pouvoir.

Cela se produit alors que les Américains sont sceptiques à l’approche de la reprise des négociations avec l’Iran la semaine prochaine.

L’un des principaux messages du Premier ministre Naftali Bennett, lors de sa première rencontre avec le président Joe Biden à la Maison-Blanche fin août était qu’il n’avait pas l’intention de faire campagne publiquement contre un retour des États-Unis à l’accord nucléaire avec l’Iran, contrairement à son prédécesseur Benjamin Netanyahu, et qu’il se concentrerait sur un dialogue interne avec l’administration Biden.

Cette promesse faite à Biden n’a duré que trois mois. Certes, Biden l’a déjà oubliée. Les commentateurs politiques non.

Au cours des deux dernières semaines, il semble que Bennett change d’avis sur l’Iran, et qu’il se rapproche lentement du même mode de relations que Netanyahou entretenait vis-à-vis de l’administration Obama, mode qui a été critiqué par la gauche et les médias, et ne les fait pas réagir aujourd’hui : ce n’est pas le ton ou le message qui dérange les journalistes, mais celui qui l’adopte.

“Pendant deux ans, j’ai travaillé pour faire sortir Netanyahou du bureau du Premier ministre et le remplacer [NDLR Cet aveu de collusion de Lapid avec les médias pour dégommer Bibi, si Netanyahou l’avait fait, il aurait été traîné devant les tribunaux. Oups : il est traîné devant les tribunaux]. Je n’ai pas l’intention maintenant de m’abstenir de faire des choses de peur qu’il me critique”, a déclaré Lapid à Bennett.

On ne sait pas ce qui a poussé Bennett à changer son fusil d’épaule, et modifier la politique qu’il a décidée il y a seulement cent jours.

Les responsables de Biden directement impliqués dans les négociations avec l’Iran ont déclaré qu’ils étaient très sceptiques quant à la possibilité d’un quelconque progrès lors du premier cycle de négociations à Vienne le 29 novembre. Ils ont dit que Washington pense que les Iraniens adopteront des positions extrêmes, que les discussions seront courtes, et prendront fin après seulement un jour ou deux.

Cependant, le même scénario s’était produit en 2015, et lorsque la logique disait que les négociations se passaient très mal et que les parties allaient probablement au clash parce qu’ils ne s’entendaient pas sur des points essentiels, bang, c’est précisément là qu’on nous annonçait 24 heures plus tard que les accords allaient être signés.

Autrement dit, il ne faut surtout pas se fier aux déclarations des envoyés de la Maison-Blanche : Obama est dans les parages, dans l’ombre, et ce qu’il n’a pas obtenu en 2015, il veut l’obtenir en 2022 : un Iran nucléaire, une superpuissance terroriste.

Un haut fonctionnaire israélien a déclaré que les remarques de Bennett découlaient de la crainte d’Israël, qu’en raison de la difficulté de revenir à l’accord nucléaire de 2015, les États-Unis chercheraient à conclure un accord intérimaire avec les Iraniens, comme le rapportait Walla la semaine dernière. Il est même à craindre que Biden relâche la pression sur les sanctions économique en échange de simples promesses, qu’il s’empressera d’oublier.

La conduite de Bennett est reçue à Washington avec perplexité.

Les responsables américains ont identifié le décalage entre le style des remarques publiques du Premier ministre et celui des messages lors des entretiens privés avec le conseiller à la Sécurité nationale Eyal Hulta.

Dans son discours de mardi, M. Bennett a vivement critiqué l’héritage que lui a laissé M. Netanyahou sur la question iranienne. On se demande pourquoi : l’Iran a-t-il une bombe atomique, comme Netanyahou l’avait prédit il y a trois ans, avec son fameux dessin de bombe, à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU ?

On ne comprend donc pas pourquoi Bennet adopte le même ton et la même stratégie que Netanyahou, et dénonce ses politiques et sa rhétorique.

La gestion de la question nucléaire iranienne par Netanyahou pendant le mandat d’Obama a permis à Israël de marquer sa différence par rapport à la politique américaine sur la question iranienne sans affecter la qualité des rapports entre les deux pays. La conduite de Bennett au cours des deux dernières semaines pourrait mettre Israël dans la même situation que sous le mandat de Biden. Il n’y a pas de quoi se plaindre de Bibi, monsieur le Premier ministre.

© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org

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