Initialement publié le 26 mars 2023 @ 7h27
Extrait de la lettre de l’Archevêché maronite de Beyrouth à monsieur le Juge Sandstrom, président de la Commission d’enquête de l’U.N.S.C.O.P. Beyrouth, le 3 Août 1947.
Le Liban, de par sa situation géographique, son histoire, ses cultures, ses traditions, le caractère de ses habitants et leur attachement à leur roi et leur idéal, s’est toujours dérobé, même sous le joug ottoman à l’emprise des autres peuples qui l’entourent et a réussi à maintenir ses traditions intangibles.
La Palestine par contre, centre idéologique de toute la propagation du vieux et du nouveau testament, a été l’objet de toutes les vexations et de toutes les persécutions. De tout temps, tout ce qui peut rappeler un souvenir tant soit peu historique à été saccagé, pillé et mutilé. Des Temples et des Eglises ont été transformés en Mosquées et le rôle de cette partie Orientale de la Méditerranée a été réduit à néant, et pour cause.
Historiquement il est indéniable que la Palestine a été la patrie des Juifs et des premiers chrétiens. Aucun d’eux n’était d’origine arabe, La force brutale de la conquête les a réduits et astreints à se convertir à la religion musulmane. Voilà l’origine des arabes dans ce pays. Peut-on déduire de là que la Palestine est arabe où quelle fut toujours arabe ? […]
Les vestiges historiques, les monuments, les souvenirs sacrés des deux religions demeurent là vivants pour attester que ce pays a vécu en dehors des guerres intestines arabes que se livraient les princes et monarques d’Irak et d’Arabie. Les lieux saints, les Temples, le mur de lamentation, les Eglises et les tombes des Prophètes et des Saints, en un mot, tous les souvenirs des deux religions sont des symboles vivants qui infirment à eux seuls les assertions présentes de ceux qui sont intéressés à faire de la Palestine un pays arabe. Englober la Palestine et le Liban dans la cadre des pays arabes, c’est renier l’histoire et détruire l’équilibre social dans le Proche Orient.
Ces deux pays, ces deux foyers prouvent jusqu’à aujourd’hui l’utilité et la nécessité de leur existence, comme entité séparée et indépendante.
Le Liban d’abord a toujours été et demeure le réduit [= refuge] de tous les persécutés chrétiens du Moyen Orient. C’est là que les arméniens exterminés en Turquie ont trouvé refuge. C’est là que les Chaldéens d’Irak pourchassés de leur pays ont trouve asile. C’est là que se réfugièrent les polonais traqués de l’Europe en feu. C’est là que les Français refoulés de Syrie s’y sont trouvés en sécurité. C’est là que les familles anglaises de Palestine fuyant le terrorisme ont reçu le gîte et l’abri.
Le Liban comme la Palestine devront demeurer les foyers permanents des minoritaires.
Les vestiges historiques, les monuments, les souvenirs sacrés des deux religions demeurent là vivants pour attester que ce pays a vécu en dehors des guerres intestines arabes que se livraient les princes et monarques d’Irak et d’Arabie. Les lieux saints, les Temples, le mur de lamentation, les Eglises et les tombes des Prophètes et des Saints, en un mot, tous les souvenirs des deux religions sont des symboles vivants qui infirment à eux seuls les assertions présentes de ceux qui sont intéressés à faire de la Palestine un pays arabe. Englober la Palestine et le Liban dans la cadre des pays arabes, c’est renier l’histoire et détruire l’équilibre social dans le Proche Orient.
Ces deux pays, ces deux foyers prouvent jusqu’à aujourd’hui l’utilité et la nécessité de leur existence, comme entité séparée et indépendante.
Le Liban d’abord a toujours été et demeure le réduit [= refuge] de tous les persécutés chrétiens du Moyen Orient. C’est là que les arméniens exterminés en Turquie ont trouvé refuge. C’est là que les Chaldéens d’Irak pourchassés de leur pays ont trouve asile. C’est là que se réfugièrent les polonais traqués de l’Europe en feu. C’est là que les Français refoulés de Syrie s’y sont trouvés en sécurité. C’est là que les familles anglaises de Palestine fuyant le terrorisme ont reçu le gîte et l’abri.
Le Liban comme la Palestine devront demeurer les foyers permanents des minoritaires.
La présence, à côté du Liban, d’un peuple [juif] si évolué et travailleur ne peut que contribuer au bien être de tous
Quel a été le rôle des juifs en Palestine ? Etudié sous cet angle, la Palestine de 1918 nous apparaît comme un pays aride, pauvre, dénué de toute ressource et le moins évolué de tous les vilayets turcs voisins. La colonie musulmane arabe qui y habite frise la misère. L’immigration juive commence, des colonies se forment et s’établissent, en moins de 20 ans le pays est transformé : c’est la prospérité dans les cultures, l’installation des grandes industries, c’est la richesse qui s’installe dans ce pays. La présence, à côté du Liban, d’un peuple si évolué et travailleur ne peut que contribuer au bien être de tous. La juif est réalisateur, le libanais est très enclin à l’adaptation, c’est pourquoi ce voisinage ne pourra que servir à I’amélioration de toutes les conditions d’existence des habitants.
Au point de vue culturel, ces deux peuples peuvent se vanter de posséder, à eux seuls, autant de [personnes] cultivé[e]s et d’intellectuels que tous les pays réunis du Proche-Orient. Il n’est pas juste que la LOI soit imposée par une majorité ignare qui veut imposer sa volonté. Il ne serait pas juste qu’un million d'[êtres] humains évolués et instruits soient le jouet de quelques personnes intéressées se trouvant à la tête ou menant quelques millions d’individus arriérés ou peu progressifs et faisant la LOI comme Ils le désirent, Il existe un ordre dans le monde. C’est cet ordre qui l’équilibre. Si les Nations Unies ont à coeur de le maintenir, ils devront mettre tout en oeuvre pour le consolider.
Des raisons majeures, sociales, humaines et religieuses exigent qu’il soit créé dans ces deux pays, 2 foyers pour minorités. Foyer chrétien au Liban, comme il l’a toujours été ; foyer juif en Palestine
Des raisons majeures, sociales, humaines et religieuses exigent qu’il soit créé dans ces deux pays, 2 foyers pour minorités. Foyer chrétien au Liban, comme il l’a toujours été ; foyer juif en Palestine. Ces deux centres se reliant géographiquement l’un à l’autre, s’appuyant et s’entr’aidant économiquement formeront la pont indispensable entre l’Occident et l’Orient, [que ce] soit au point de vue culturel, [ou que ce] soit au point de vue civilisateur. Le voisinage de ces deux peuples contribuera à maintenir la paix dans ce Proche-Orient si divisé par les rivalités et réduira les persécutions des minorités, qui trouveront toujours un asile dans l’un de ces deux pays.
Voilà l’opinion des Libanais que je représente, voilà l’opinion de ce peuple que votre Commission d’Enquête n’a pu entendre.
LE LIBAN RECLAME LA LIBERTE POUR LES JUIFS EN PALESTINE – COMME IL SOUHAITE SA PROPRE LIBERTE ET SON INDEPENDANCE.
Avec ma très haute considération,
(Signé) Ignace Mobarat [lire : Mubarak]
Archevêque Maronite de Beyrouth