J50 – De Jérusalem au monde : naissance d’une doctrine offensive contre l’antisémitisme global
Introduction — Après le 7 octobre, la fin des illusions
Le 7 octobre 2023 a constitué un point de rupture irréversible, non seulement pour l’État d’Israël, mais pour l’ensemble du monde juif.
L’onde de choc provoquée par les attaques du Hamas ne s’est pas limitée au champ militaire : elle a immédiatement déclenché une déferlante idéologique, médiatique et politique, révélant l’existence d’un antisémitisme globalisé, structuré, transnational et désormais décomplexé.
C’est dans ce contexte qu’est né le J50, forum réunissant cinquante dirigeants de communautés juives et d’organisations majeures de la diaspora, à l’initiative du ministère israélien des Affaires étrangères. Plus qu’un cadre de dialogue, le J50 s’est imposé comme un laboratoire stratégique, appelant à une refondation complète des modes d’action face à l’antisémitisme contemporain.
I. Le J50 : d’un forum de concertation à une architecture stratégique permanente
Le J50 n’est ni une conférence symbolique ni une délégation protocolaire.
Il s’agit d’un dispositif permanent, fondé sur :
- une coordination continue entre Israël et la diaspora,
- des échanges réguliers (réunions physiques à Jérusalem, visioconférences mensuelles),
- un canal opérationnel direct avec le ministère des Affaires étrangères israélien.
Les participants partagent un constat unanime :
les menaces auxquelles font face les Juifs ne connaissent plus de frontières, et aucune communauté ne peut y répondre isolément.
Le Ministre Sar explique que le concept d’Intifada Globalisée formulé après l’attentat terroriste de Bandai ne signifie rien moins qu’un appel à tuer les juifs en tous points du monde.
Les phénomènes observés sont désormais systémiques :
- circulation instantanée des récits haineux,
- diffusion transnationale des slogans d’éradication,
- convergence entre activisme idéologique, pression médiatique validant la permission du passage à l’acte et la violence physique.
II. L’antisémitisme contemporain : une chaîne idéologique vers la violence
Les travaux du J50 mettent en évidence une séquence récurrente, observée en Europe, en Amérique du Nord et en Océanie :
- 1. Narration idéologique : antisionisme radical, slogans d’élimination (“from the river to the sea”).
- 2. Normalisation : manifestations tolérées, complaisance médiatique, banalisation universitaire.
- 3. Désinhibition morale : le Juif devient une cible légitime.
- 4. Passage à l’acte : agressions, attentats, assassinats.
Cette chaîne a été explicitement rappelée par le ministre israélien Amichai Chikli, de retour d’Australie, après l’attentat antisémite de Bondi Beach.
Selon lui, l’attaque est intervenue immédiatement après une série de manifestations antisémites, démontrant que le discours précède et prépare la violence.
Chaque manifestation antisémite ou antisioniste radicale constitue ainsi le creuset idéologique du terrorisme.
III. Espagne : l’alerte institutionnelle de David Obadía
En Catalogne, le président de la Fédération des communautés juives, David Obadía, a dressé un constat alarmant.
Les chiffres officiels du ministère de l’Intérieur font état d’une hausse de 60,9 % des crimes antisémites en 2024.
Cette explosion est attribuée explicitement à un discours de haine porté par l’ultragauche, notamment certains responsables et formations politiques.
David Obadía souligne un climat inédit :
- des Juifs vivant sous protection policière permanente,
- une peur diffuse d’attentats comparables à ceux observés en Australie,
- une confusion entretenue entre critique d’un gouvernement et stigmatisation de l’existence même de l’État d’Israël.
Il rappelle un fait fondamental :
Israël est un État pluriel, multiconfessionnel, multiethnique — et le cibler en tant qu’entité collective relève de l’antisémitisme, non du débat politique.
IV. Portugal : asymétrie judiciaire et aveuglement institutionnel
Les représentants de la communauté juive du Portugal, David Ariel et David Nataf, ont exposé une situation particulièrement préoccupante.
Ils dénoncent une insensibilité persistante du parquet portugais face à des actes antisémites pourtant documentés :
- dégradations de biens appartenant à des Juifs,
- inscriptions antisémites sur une synagogue,
- incendies déclarés « accidentels »
- publications de presse dressant la liste des investisseurs israéliens et juifs accusés de spéculation immobilière
- tentative d’homicides impunis
Toutes les plaintes ont été circonstanciées, étayées, documentées.
Pourtant, les enquêtes sont menées à reculons, avec une tendance systématique à la déqualification.
À l’inverse, lorsque des membres de la communauté juive sont visés par des accusations issues de l’extrême gauche instrumentalisée, l’autorité judiciaire agit avec une célérité immédiate, fondée sur des témoignages calomnieux, de repris de justice.
Cette asymétrie de traitement constitue, selon eux, un dysfonctionnement structurel de l’État de droit.
C’est pourquoi, David Ariel et David Nataf préconisent-ils une doctrine d’action immédiate en matière juridique et de communication pour faire triompher la vérité.
V. Italie et Europe : la preuve par les faits
L’actualité italienne récente a confirmé les analyses du J50.
L’arrestation de réseaux finançant le terrorisme sous couvert d’associations « humanitaires » a mis en lumière :
- l’exploitation cynique des sentiments de compassion,
- l’infiltration profonde de structures idéologiques islamistes,
- la complaisance prolongée de certains milieux politiques et médiatiques.
La réaction massive de la presse italienne démontre que la réalité finit toujours par s’imposer, mais souvent trop tard.
L’ambassadrice d’Israël à l’ONU, Nina Ben Ami a montré la voie en marginalisant l’UNRWA, en obligeant une assemblée hostile à entendre — coûte que coûte — le récit d’Israël.
VI. De la hasbara à l’information warfare : le huitième front
Le J50 acte une rupture doctrinale majeure : la hasbara, communication explicative et défensive, est devenue insuffisante face à une haine globalisée.
L’espace informationnel est désormais un champ de bataille autonome, qualifié par plusieurs participants de huitième front.
Dans ce front :
- la neutralité n’existe pas,
- le silence est interprété comme un aveu,
- la réaction tardive équivaut à une défaite.
La guerre commence par un récit.
Celui qui ne le produit pas le subit.
VII. La doctrine de l’offensive : la contribution de David Altaras
Le représentant de la communauté juive de Madrid, David Altaras, a formulé l’une des contributions doctrinales les plus structurantes.
Son message est clair : l’offensive est un choix stratégique et un état d’esprit.
Ses principes :
- ne plus craindre le regard hostile,
- nommer systématiquement les ennemis,
- refuser la posture victimaire,
- investir massivement dans le lawfare et l’action politique,
- agir en réseau, car un réseau ne se combat que par un réseau,
- soutenir Israël sans ambiguïté,
- identifier clairement l’ennemi idéologique,
- oser des ruptures diplomatiques audacieuses, comme la reconnaissance du Somaliland.
VIII. Vers une doctrine globale de communication offensive
De l’ensemble de ces constats émerge une nouvelle doctrine, fondée sur huit piliers :
- 1. Initiative plutôt que réaction
- 2. Nomination plutôt que justification
- 3. Unité visible Israël–diaspora
- 4. Professionnalisation et ressources
- 5. Lawfare structuré
- 6. Action en réseau transnational
- 7. Clarté idéologique
- 8. Audace stratégique
Cette doctrine repose sur une vérité simple : dans un monde saturé de récits hostiles et mensongers, expliquer ne suffit plus ; il faut agir, structurer et imposer la réalité.
Une guerre qui précède toutes les autres
Le J50 marque un tournant historique.
Il reconnaît que la guerre contemporaine commence bien avant les armes, dans les mots, les images et les récits.
Refuser cette réalité, c’est accepter la marginalisation, l’isolement et, à terme, la violence.
L’assumer, c’est redonner au monde juif et à Israël l’initiative stratégique, non pour convaincre leurs ennemis, mais pour assurer leur sécurité, leur continuité et leur dignité.
Dans l’histoire juive, la survie n’a jamais été le fruit de l’attente, mais de la lucidité et de l’action.
© David Nataf pour Israel247.org
