Un sondage révèle que la grande majorité des Juifs américains et israéliens considèrent l’anti-sionisme comme une forme d’antisémitisme, tandis que peu de citoyens arabes israéliens y voient un lien avec la haine des juifs.
Ce sondage, réalisé conjointement par les instituts Madad (pour les Juifs israéliens) et Afkar Research (pour les Arabes israéliens), a interrogé 800 Juifs israéliens, 500 Juifs américains et 500 Arabes israéliens du 1er au 4 décembre 2025. Il a été publié par le Jewish People Policy Institute (JPPI) le 21 décembre 20251. L’objectif était d’examiner si l’antisionisme est perçu comme une forme d’antisémitisme, dans un contexte de polarisation croissante liée au conflit israélo-palestinien.
- Perceptions du lien antisionisme-antisémitisme :
- 65 % des Juifs israéliens considèrent l’antisionisme comme généralement ou toujours antisémite (16 % disent « parfois », et seulement 14 % le voient comme deux phénomènes distincts).
- 72 % des Juifs américains partagent cette vue (17 % disent « parfois », et 11 % les considèrent distincts).
- Chez les Arabes israéliens, c’est l’inverse : seulement 17 % y voient un lien (14 % disent « parfois »), tandis que 42 % estiment que ce sont deux concepts séparés.
- Identification au sionisme :
- 85 % des Juifs israéliens se définissent comme sionistes (contre 2 % non-sionistes, 2 % post-sionistes et 1 % anti-sionistes).
- 70 % des Juifs américains se disent sionistes (12 % non-sionistes, 5 % post-sionistes et 3 % anti-sionistes).
- Parmi les Arabes israéliens, encore une fois, c’est l’inverse : seulement 4 % se disent sionistes (39 % non-sionistes, 15 % anti-sionistes et 3 % post-sionistes).
- Autres élements notables :
- Seulement 1 % des Juifs israéliens et 4 % des Juifs américains estiment que « le sionisme est du racisme », contre 42 % des Arabes israéliens.
Le sondage met en lumière une préoccupation plus forte chez les Juifs américains pour l’antisémitisme lié à l’antisionisme, potentiellement due à une pression accrue à cause des campus et les médias aux États-Unis.
Et en Europe ? Et en France ?
Des enquêtes paneuropéennes ou nationales (comme au Royaume-Uni) ont également exploré le lien antisionisme-antisémitisme chez les Juifs ou la population générale.
- Sondage EJA (2025) : L’European Jewish Association (EJA) a interrogé 4 400 adultes dans six pays (Belgique, France, Allemagne, Pays-Bas, Espagne, Royaume-Uni).
- 28 % voient l’antisémitisme « déguisé en activisme pro-palestinien » dans les efforts anti-Israël, qualifiant l’antisionisme et l’antisémitisme de « deux faces de la même pièce ».
- Cependant, 82 % ne priorisent pas la lutte contre l’antisémitisme. Cela est proche du JPPI en termes de perception du lien.
- Sondage FRA : L’Agence des droits fondamentaux de l’UE (FRA) montre que
- 85 % des Juifs européens considèrent l’antisémitisme comme un problème sérieux (34 % ont subi du harcèlement, 40 % envisagent d’émigrer). L’AJC lie cela à l’antisionisme, défini comme une forme d’antisémitisme par l’IHRA (définition adoptée par l’UE), car il nie le droit à l’autodétermination juive.
- Sondage JPR sur les Juifs britanniques (2025) : Interrogeant 4 800 Juifs au Royaume-Uni,
- 64 % se disent sionistes (stable), mais l’identification anti-sioniste a augmenté à 12 % (de 8 % en 2022), surtout chez les jeunes (24 % des 20-29 ans anti-sionistes).
- 75 % se sentent attachés à Israël (hausse post-7 octobre), mais 40 % critiquent la conduite de la guerre à Gaza.
- 82 % voient l’antisémitisme comme un « gros problème » (hausse massive depuis 2012).
- Sondage CNN (2018) : Sur sept pays européens,
- un tiers des répondants (population générale) pensent que la critique d’Israël est souvent motivée par l’antisémitisme, et
- un tiers croient qu’Israël utilise l’Holocauste pour justifier ses actions.
- 28 % lient l’antisémitisme aux actions d’Israël, et
- 54 % affirment le droit d’Israël à exister comme État juif.
En Europe, les sondages montrent donc une reconnaissance croissante du lien antisionisme-antisémitisme, mais cependant encore assez faible : 20-30 % en voient un.
