Comme le Quai d’Orsay en France, le Département d’Etat américain est une administration historiquement hostile à Israël. David Friedman, qui a été l’ambassadeur des Etats-Unis pendant la présidence Donald Trump, en a fait les frais, et il rapporte dans son nouveau livre, une preuve douloureuse de l’antisémitisme qui y règne : il a été sommé par le Département d’État : « Ne soyez pas si juif ».
L’ancien ambassadeur des États-Unis en Israël, David Friedman, a été sommé par un employé du département d’État en 2017 de ne pas être « trop juif », a révélé Breitbart.
Friedman relate plusieurs épisodes antisémites dans son nouveau livre, dont le titre devrait inspirer la diplomatie occidentale au Moyen-Orient : « Comment la rupture avec les habitudes du passé a permis d’apporter la paix au Moyen-Orient » (Sledgehammer : How Breaking with the Past Brought Peace to the Middle East), qui paraît le 8 février.
Le livre est centré sur la logique toute simple qui a permis à la Maison-Blanche de Donald Trump d’obtenir en 4 ans ce qu’aucun diplomate de métier n’a obtenu en 70 ans : les accords d’Abraham et une nouvelle ère de paix dans la région dont les effets continuent de se faire sentir. Cette logique, elle est exposée sous nos yeux en ce moment, et elle repose sur deux principes :
- Application de cette maxime d’Einstein : « la bêtise, c’est faire la même chose encore et encore en espérant des résultats différents ».
Regardez les diplomates de l’administration Biden, que disent-ils ? Ils reprennent la même chose, la « solution à deux Etats », qui est une impasse, un échec depuis 40 ans, en espérant cette fois un résultat différent. - S’appuyer sur la réalité et non sur une fiction. L’administration Trump est partie du principe que Jérusalem n’est pas, n’a jamais été et ne sera jamais aux Arabes, que les citoyens Israéliens refusent que la ville soit divisée en deux et que la vieille ville, avec le quartier juif et le mur occidental, se retrouvent dans l’Etat de Palestine ; il a tenu compte du fait que les Arabes palestiniens ne veulent pas de deux Etats mais d’un seul, sans Israël, comme l’atteste leurs cartes – et si vous me montrez une carte officielle de l’OLP ou du Fatah qui dessine Israël, je retire ce que j’ai écrit.
Antisémitisme de la diplomatie américaine
L’ambiance qui régnait au département d’Etat, alors que Friedman achevait les préparatifs pour la première visite du président Trump en Israël et au Moyen-Orient en mai 2017 était telle que le secrétaire d’État Rex Tillerson de l’époque ne voulait même pas prendre Friedman au téléphone.
Extrait du livre :
La rumeur de mon insistance obstinée à me tenir aux côtés de notre allié Israël avait maintenant largement circulé au sein du département d’État. Un autre haut fonctionnaire a décidé de m’appeler et de me donner le conseil suivant : « Monsieur l’Ambassadeur, ne soyez pas aussi juif. »
« Quoi ? »
« Ne soyez pas si juif. Vous représentez les États-Unis d’Amérique. Atténuez le judaïsme dans votre travail. Ne soyez pas si juif. [Il s’agit de cette traditionnelle accusation antisémite faite au juif qu’il est un traître, et qu’il a une double allégeance]
J’étais furieux.
« Pensez-vous que j’ai des illusions quant à ce que je représente ? Je ne suis pas politiquement correct, mais je dois vous demander pourquoi le politiquement correct ne s’applique pas aux Juifs ? » [Les progressistes ne croient pas dans les valeurs qu’ils défendent, et Friedman venait de mettre le doigt sur un de ces mensonges]
Je vous donne « juste un conseil gratuit. » [Une menace qu’on imagine plus dans la bouche d’un mafieux que celle d’un haut-fonctionnaire américain]
Friedman a déclaré que ces remarques lui ont été faites avant la première visite de Trump en Israël en mai 2017, alors que l’administration tentait d’empêcher Donald Trump de tenir sa promesse de campagne – la même promesse qu’avait faite Barack Obama avant lui sans aucune intention de la tenir – de déplacer l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, où elle se trouve aujourd’hui.
« Vous vous frottez à la mauvaise personne »
Friedman se souvient comment il a été confronté aux mensonges des Démocrates, qui détestaient tellement le président Trump qu’ils l’ont traîné dans la boue pendant quatre ans, avec l’aide active des médias, jusqu’à voter deux fois sa destitution, deux fois pour des faits inventés (Trump a été deux fois exonéré).
Friedman se souvient avoir dit au représentant Ted Deutch, un Démocrate de Floride, lors d’un appel téléphonique tendu après que Deutch et une poignée d’autres membres Démocrates de la Chambre aient envoyé une lettre reprochant à la Maison-Blanche de n’avoir invité aucun membre Démocrate à la cérémonie d’ouverture de l’ambassade à Jérusalem
« C’est n’importe quoi », a écrit Friedman. Et vous vous frottez à la mauvaise personne. J’ai invité « de nombreux Démocrates » à se joindre à la délégation Républicaine du Congrès pour assister à l’événement – qui comprenait 10 membres du Congrès et quatre sénateurs – dans un avion financé par le gouvernement américain.
L’ancien ambassadeur écrit qu’il a dit au membre du Congrès que les Démocrates avaient choisi de ne pas venir en Israël afin de ne pas avoir l’air d’applaudir une initiative de Trump ou d’avoir l’air « ridicule » s’ils s’abstenaient d’applaudir les orateurs de l’événement.
« Votre appel en faveur du bipartisme est une pure foutaise », a déclaré M. Friedman à M. Deutch, « et si j’entends encore un mot sur le fait que vous n’avez pas été invité, je me défendrai et vous et vos amis vous en sortirez très mal ».
« Vous voulez commencer ce combat, allez-y », se souvient-il avoir dit au membre du Congrès. « Mais c’est moi qui le terminerais. »
Une administration antisioniste
L’administration américaine, « l’Etat profond », s’est rapidement rendu compte qu’avec Donald Trump, elle était tombée sur un os. Elle le lui a fait chèrement payer, mais il n’a jamais plié, et a successivement reconnu la souveraineté d’Israël sur le Golan, fermé la délégation palestinienne à Washington, cessé de financer l’antisémite UNRWA, cette organisation de l’ONU destinée à empêcher les réfugiés palestiniens de s’intégrer là où ils vivent, et à créer de nouveaux réfugiés qui n’en sont pas.
Friedman et la Maison-Blanche de Trump ont dû lutter contre l’État profond – et même contre certains des propres hauts responsables nommés par Trump – il a fait de nombreuses erreurs, certains lui ont coûté très cher – dans ses choix de collaborateurs, car il n’a pas imaginé que la traîtrise et l’hypocrisie de Washington était aussi intense. Trump a d’ailleurs longtemps promis de « nettoyer le marécage » de Washington, et j’ai très tôt dans sa présidence affirmé qu’il n’y parviendrait pas, le marécage étant bien plus large et plus profond qu’il ne le pensait.
Lorsque Friedman est arrivé à une réunion avec le conseiller à la sécurité nationale H.R. McMaster pour discuter des avantages et des inconvénients du transfert de l’ambassade à Jérusalem, explique-t-il dans son livre, il a constaté que McMaster n’avait énuméré que les inconvénients et aucun des avantages.
Pareil pour sa bataille de confirmation, et ses confrontations avec les Démocrates – car hélas, et à mon grand regret, la gauche voulait faire évoluer la politique américaine dans une direction anti-israélienne, indique-t-il. Quant à ceux situés au milieu, qui se disaient pro-israéliens, ils ne sont pas venus à l’inauguration de l’ambassade !
Friedman note que ses difficultés avec le département d’État ont pris fin avec la nomination de Mike Pompeo au poste de secrétaire en 2018. Nous avons personnellement constaté que Pompeo est un authentique ami d’Israël, un authentique conservateur, et un amoureux de son pays.
Conclusion
Pour terminer, Friedman a organisé une visite de Trump au Mur occidental, faisant de lui le premier président américain en exercice à le faire. La fille, les petits enfants et le gendre de Donald Trump sont juifs, et l’ancien président, et son père avant lui, ont été de grands donateurs à la communauté juive de New-York.
Le haut-fonctionnaire antisémite avait tort. En fin de compte, la religion de Friedman a été un atout, et non un fardeau, car il a utilisé la figure biblique d’Abraham pour cimenter les accords de paix israélo-arabes connus sous le nom d’accords d’Abraham qui résonnent dans tout le Moyen-Orient – la visite du président israélien Herzog et du ministre Gantz ces jours-ci en est la prolongation directe.
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org