Des sources proches du Premier ministre Naftali Bennett ont dénoncé Ayelet Shaked, ministre de l’Intérieur, partenaire politique et alliée de Bennett depuis plus d’une décennie, en disant qu’elle « excite la situation avec son annonce sur le Mont du Temple et son accord pour la convocation d’un conseil de planification pour discuter de la construction d’implantations ».
Selon ces sources, citées ce dimanche matin par la radio Reshet Bet,
« Shaked se met le doigt dans l’œil : si elle continue ainsi, la prochaine session de la Knesset se terminera dès qu’elle aura commencé. »
Jeudi, jour de la fête de l’indépendance, Shaked a annoncé :
« Les Juifs vont sur le Mont du Temple, même le jour de l’Indépendance, après qu’un record absolu du nombre d’ascensions du Mont du Temple cette année ait été battu. »
La déclaration n’a pas été bien accueilli par les Arabes israéliens, tant au sein de la fragile coalition gouvernementale que dans l’opposition.
- Les membres du Conseil de la Choura du Mouvement islamique menacent de démissionner si le parti Ra’am de Mansour Abbas ne se retire pas définitivement de la coalition, en réponse à la nouvelle entrée de fidèles juifs dans l’enceinte du Mont du Temple.
- Le mois dernier, en réponse à la répression des violentes émeutes déclenchées par les Arabes sur le Mont du Temple, Ra’am a annoncé qu’il suspendait son adhésion à la coalition comme solution provisoire en vue de son éventuel retrait et du renversement du gouvernement.
Vendredi, Mme Shaked en a remis une couche.
Elle a écrit qu’elle « se félicite de la convocation du Conseil suprême de planification en vue de la construction d’environ 4 000 unités de logement, y compris la communauté de Mitzpe Danny, qui est particulièrement importante pour moi, et que j’accompagne depuis de nombreuses années. La construction en Judée et Samarie est un principe fondamental, nécessaire et évident. »
Le Premier ministre Bennett a un besoin urgent d’apaiser ses partenaires de coalition, il n’était donc pas pressé de faire des annonces sur le Conseil de planification et le Mont du Temple. Et Shaked le sait parfaitement. Ses déclarations, précisément à ce moment là, indiquent clairement qu’elle secoue le cocotier avec des intentions qu’elle n’a pas exprimé, mais qu’il est possible de supposer.
Sur le papier, le Premier ministre Bennett, de par son positionnement politique et ses déclarations constantes durant sa carrière, devrait être favorable aux deux déclarations de sa fidèle partenaire.
Mais les réalités de la direction d’un gouvernement lorsque la base est de plus en plus réduite dans son propre parti (Yamina a commencé avec un nombre anormalement faible de 7 sièges pour diriger le pays, et il n’en a plus que 5). C’est pourquoi les observateurs ont noté avec intérêt que des attaques anonymes contre Shaked sont parties du bureau du Premier ministre, la rendant responsable de l’effondrement prochain du gouvernement.
Selon plusieurs commentateurs politiques, la ministre Shaked, le député Nir Orbach et le vice-ministre Abir Kara, qui constituent plus de la moitié du parti Yamina de Bennett, se sont réunis plusieurs fois, et ont tenu plusieurs réunions, et ont gardé secret le contenu de leurs conversations.
L’hypothèse la plus souvent évoquée est que le trio Shaked-Orbach-Kara devrait fixer une date cible pour leur séparation de Yamina et établir une faction indépendante, ce qui veut dire que plus personne aujourd’hui ne croit que ce gouvernement de coalition tiendra encore longtemps.
- La loi permet à un tiers des membres d’une faction de se séparer et de former une faction indépendante sans perdre leurs droits parlementaires et politiques et, bien sûr, leur financement.
- Ils négocieront probablement avec le Likoud pour obtenir des postes dans le prochain gouvernement et des places réalistes sur la liste électorale du Likoud.
Pour rappel :
- Bennett a confié au député Orbach le rôle de président de la coalition, qui avait été abandonné par la députée Idit Silman lorsqu’elle a quitté le parti Yamina.
- Orbach a refusé la nomination, pour deux raisons :
- premièrement, les exigences qu’il a formulées comme conditions pour rester après le départ de Silman n’ont pas été satisfaites.
- Deuxièmement, il veut voir à quoi ressembleront les premières semaines de la prochaine session d’été de la Knesset, et si la coalition est stabilisée, surtout à la lumière des crises interminables avec Ra’am.
Mansour Abbas a posté sur Facebook vendredi :
« J’ai informé le Premier ministre et le Premier ministre suppléant de notre position claire et décisive après avoir rencontré le roi de Jordanie. Les demandes et les positions concernant la mosquée Al-Aqsa seront acceptées et menées par le roi de Jordanie, Abdallah II, qui est le parrain de la mosquée Al-Aqsa et des lieux saints de Jérusalem. Nous soulignons que la solution permanente est la fin de l’occupation et la création d’un État palestinien en Judée Samarie et à Gaza, avec pour capitale Jérusalem, au cœur de laquelle se trouve la mosquée Al-Aqsa. »
Et quand Abbas, les politiciens arabes et les terroristes disent « mosquée Al-Aqsa », ils ne parlent pas seulement du bâtiment, mais de l’ensemble de la zone qui porte le nom de « mont du Temple ».
Autrement dit, ça sent sérieusement le roussi pour le gouvernement actuel, car les derniers propos d’Abbas sont un durcissement, alors qu’en milieu de semaine dernière, au contraire, il déclarait renoncer à certains de ses ultimatums car, disait-il, il préférait rester dans le gouvernement pour mieux s’occuper du sort des musulmans Arabes Israéliens – ils représentent 17% de la population.
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org
Source : https://www.jewishpress.com