La nouvelle fracassante de la semaine dernière est que la coalition au pouvoir en Israël n’a plus la majorité à la Knesset. C’était une très grande nouvelle – bonne ou mauvaise – et paradoxalement, elle aura peu d’effets pratiques, en tous cas pas immédiatement.
Selon la loi israélienne, une coalition ne prend fin avant son terme que si :
- 1) elle est renversée de l’extérieur
- 2) Elle ne parvient pas à adopter un budget
- 3) Elle se dissout volontairement, par exemple par la démission du Premier ministre.
Aucune de ces trois conditions n’est réunie actuellement.
Prenons-les dans l’ordre
- 1) L’opposition ne dispose pas d’une majorité.
La Knesset est composée d’un nombre pair de représentants. La coalition de Bennett avait une majorité de 61-59. Elle n’est plus que de 60-60.
Pour faire tomber la coalition par un vote majoritaire, les égalités ne sont pas suffisantes. Et une simple majorité de députés présents ne suffit pas non plus. Depuis 2001, il faut une majorité active de 61 députés pour voter contre la coalition. Il n’y aura donc pas de panique majeure si un député de la coalition est malade.
De plus, pour faire tomber le gouvernement, Israël exige ce que l’on appelle un vote de défiance CONSTRUCTIF. A savoir qu’il faut que les 61 députés proposent également un nouveau Premier ministre (depuis 2001) et une nouvelle coalition majoritaire dans son intégralité (depuis 2014). Ca, c’est loin, très loin d’être acquis.
N’oublions pas que dans l’opposition, il y a 6 députés de la Liste commune – l’extrême gauche donc – qui ne sont pas près de s’entendre avec l’extrême droite sur un Premier ministre et une structure de gouvernement.
Il n’y a donc aucun risque que l’opposition telle que nous la connaissons s’unisse pour faire tomber la coalition.
- 2) Le fait de ne pas adopter le budget n’est pas non plus une préoccupation – pour l’instant.
Israël a un budget temporaire biannuel au lieu d’un budget annuel. La coalition doit donc trouver un moyen de faire adopter le budget 2023-2024 par la Knesset avant la fin du mois de mars 2023.
Tout ce dont Bennett et Lapid ont besoin, c’est qu’un député de l’opposition s’abstienne.
Comme la Joint List ne veut pas voir Netanyahou retourner au poste de Premier ministre, la coalition Bennet va sans doute inclure dans le budget des dépenses qui provoqueront l’abstention d’un ou plusieurs députés d’extrême gauche. - 3) La dissolution volontaire de la Knesset ou la démission de Bennet n’est pas non plus au programme. Bennett n’est pas bien placé dans les sondages, mais il ne l’a jamais été, et ça ne l’a pas empêché d’accéder au poste qu’il occupe. Lapid ne voudra pas se priver du rêve de toute une vie : devenir automatiquement Premier ministre le 27 août 2023. Aucun des deux ne veut donc faire tomber la coalition.
Conclusion
Jusqu’à présent, la coalition a défié les prédictions selon lesquelles elle est trop fracturée pour accomplir quoi que ce soit. Le fait de ne pas avoir de majorité à la Knesset entrave désormais sa capacité à adopter des lois. Ce n’est pas une bonne chose pour la bonne marche du pays, mais rien ne montre qu’il existe de solution alternative : tous les sondages effectués depuis 6 mois indiquent que Netanyahou ne pourrait pas obtenir une majorité pour adopter un budget.
La perte de la majorité deviendra-t-elle si frustrante que Lapid, Shaked ou Bennett décideront de provoquer de nouvelles élections ? Y aura-t-il un autre départ de membres de la coalition ? Cela appartient au futur, c’est de la spéculation.
Mais aujourd’hui, la coalition est toujours en place. Elle est secouée. Les secousses ne sont pas terminées. Les tensions non plus.
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org
Traduit depuis un article paru sur le canal Israel politics de Telegram
En somme tout tourne autour de l’argent? Deux incapables au pouvoir? Mais où sont les Israéliens? Seraient-ils devenus des eunuques?
L’annee prochaine à Jérusalem, avant Pessah 5783, le budget bi-annuel ne pouvant vraisemblablement être voté , de nouvelles elections seront programées.