700 millions d’insectes migrateurs traversent le ciel d’Israël

Une nouvelle étude de l’Université de Haïfa, publiée dans le journal Proceedings of the Royal Society B, a révélé que plus de 700 millions de grands insectes migrent chaque année à travers un étroit couloir en Israël du nord, connu sous le nom de « corridor levantin ». Situé entre la mer Méditerranée à l’ouest et le désert syrien à l’est, ce corridor manquait auparavant de données sur la migration des insectes.

L’étude montre que ces insectes voyagent à des altitudes de plusieurs centaines de mètres et ajustent leur mouvement selon les conditions météorologiques—spécifiquement la direction du vent, la température et la saison. Remarquablement, beaucoup ne se contentent pas de se laisser porter par le vent mais naviguent activement dans une direction préférée, même contre le vent.

« Chaque année, un immense et invisible flux d’insectes passe au-dessus, connectant les écosystèmes à travers l’Afrique, l’Asie et l’Europe », a déclaré le Dr Yuval Werber de l’Université de Haïfa, qui a dirigé l’étude. « Nous avons découvert que les insectes choisissent quand et comment voler—tout comme les oiseaux migrateurs—en fonction des conditions environnementales changeantes. »

La migration des insectes est un phénomène naturel répandu, mais largement invisible en raison de son occurrence à haute altitude. Bien qu’elle passe inaperçue, elle a un impact profond sur les écosystèmes et la vie humaine: elle façonne les chaînes alimentaires, pollinise les plantes, distribue des nutriments—et propage également des parasites et des maladies.

Le corridor levantin est un passage écologique étroit pour les animaux volants, situé entre des environnements désertiques et marins hostiles. Cette région offre des conditions de vie relativement favorables, ce qui en fait une route migratoire probable pour les insectes se déplaçant entre l’Afrique, l’Asie et l’Europe. Toutefois, jusqu’à présent, les études sur la migration des insectes dans cette zone se limitaient à des observations anecdotiques ou à la capture d’insectes à des niveaux au sol, sans analyse systématique des mouvements en haute altitude.

Pour combler cette lacune, l’équipe de recherche—composée du Dr Werber et du Prof. Nir Sapir du département de biologie évolutive et environnementale de l’université, Elior Adin du centre de recherche de Hula au collège de Tel-Hai, et des collègues du Royaume-Uni et de Chine—a entrepris de caractériser pour la première fois la migration des insectes dans le ciel israélien. Leur étude a évalué l’échelle, le calendrier, les dépendances météorologiques et les stratégies de navigation des insectes migrateurs.

En utilisant sept radars biologiques positionnés le long du corridor levantin, les chercheurs ont systématiquement suivi la migration des insectes à haute altitude. Ces radars détectent les animaux volants, distinguent les insectes des oiseaux et des chauves-souris, et enregistrent des mesures clés comme l’altitude de vol, la vitesse, la direction et la fréquence des battements d’ailes. Sur huit ans, les radars ont documenté plus de 6,3 millions d’insectes pesant plus de 10 milligrammes—y compris des papillons, des mites, des libellules et divers coléoptères. Les données ont été filtrées pour garantir une identification précise, et les données de vol ont été croisées avec les conditions météorologiques comme le vent, la température et l’humidité.

L’étude a révélé que plus de 700 millions de grands insectes traversent chaque année le corridor levantin. La migration se produit principalement pendant deux saisons : au printemps (mars-juin), les insectes se déplacent vers le nord, probablement vers l’Europe et l’Asie ; en automne (août-novembre), ils migrent vers le sud, vers des régions plus chaudes.

Notamment, la migration printanière était significativement plus importante que la migration automnale—une inversion du modèle typiquement observé dans d’autres régions, où les mouvements vers le sud tendent à dominer.

L’étude a également révélé que les insectes migrent de manière intentionnelle et autonome. Beaucoup volent dans une direction cohérente et préférée—même contre le vent—et synchronisent leurs vols pour coïncider avec des conditions favorables comme les vents arrière et les températures chaudes. Ces comportements reflètent des compétences de navigation avancées et une adaptabilité saisonnière, comparables à celles des oiseaux.

Dans une analyse comparative avec les données de migration des insectes de 17 sites européens, les chercheurs ont trouvé un résultat inattendu : malgré la localisation centrale du corridor levantin entre trois continents, il abritait significativement moins d’insectes migrateurs que l’Europe.

« Nous nous attendions à ce que des millions d’insectes convergent ici, tout comme les oiseaux le font—mais nous avons été surpris de constater que ce n’était pas le cas », ont déclaré les chercheurs. « Il se peut que les insectes ne puissent pas détecter ou atteindre ce corridor étroit, ou que l’énergie nécessaire pour s’en détourner soit tout simplement trop grande. Cette découverte remet en question une hypothèse centrale sur la migration des insectes et soulève de nouvelles questions sur l’évolution, l’orientation et le comportement à haute altitude. »

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