L’organisation terroriste Hamas bénéficie d’un financement, d’un matériel et d’un soutien politique importants de la part de la Turquie.
Pendant des décennies, la Turquie et Israël ont entretenu un partenariat productif. Cependant, depuis 2009, le président turc Recep Tayyip Erdogan a détérioré les relations entre les deux pays tout en renforçant son soutien au Hamas. Plus récemment, le soutien public d’Erdogan au massacre de civils israéliens par le Hamas le 7 octobre a mis fin aux associations diplomatiques Turquie-Israël.
1. La Turquie ne considère pas le Hamas comme une organisation terroriste
Après le massacre de civils israéliens par le Hamas le 7 octobre, le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré que “le Hamas n’est pas une organisation terroriste” mais “un groupe de libération, un ‘moudjahidin’ qui mène une bataille pour protéger ses terres et son peuple”.
2. La Turquie offre un refuge au Hamas
Le Hamas a établi une présence en Turquie en 2011 à l’invitation directe du gouvernement turc. Cette démarche s’inscrivait dans le cadre d’un accord conclu sous l’égide de l’Égypte, qui a permis à Israël de libérer plus d’un millier de prisonniers, dont des personnalités du Hamas, en échange du soldat Gilad Shalit. Depuis lors, la Turquie a servi de refuge aux hauts responsables du Hamas. Saleh al-Arouri, actuellement chef politique adjoint du Hamas, a quitté temporairement Damas pour la Turquie après le début de la guerre civile syrienne afin d’y établir une branche du Hamas. Le Trésor américain a sanctionné al-Arouri en 2015.
3. Auparavant, la Turquie et Israël avaient un partenariat solide
La Turquie a été le premier pays musulman à reconnaître l’État d’Israël en 1949. Les gouvernements turcs successifs ont maintenu des liens étroits avec Israël, en partie en raison de l’importance de la minorité juive en Turquie. Les liens israélo-turcs sont fondés sur la coopération en matière de sécurité et de défense. En 1996 et 1998, la Turquie a accordé à Israël des contrats pour moderniser la flotte turque d’avions de chasse. Ankara a également accordé à Israël un contrat de 700 millions de dollars en 2002 pour moderniser les chars turcs. Jusqu’au début des années 2000, les deux pays ont mené ensemble de fréquents exercices militaires et échangé des renseignements.
4. Les relations Turquie-Israël se sont détériorées à cause d’Erdogan
- Lors du Forum économique mondial de Davos en 2009, Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre turc, s’en est pris au président israélien Shimon Peres au sujet de la guerre de 2008-2009 avec le Hamas, qui a commencé par des tirs massifs de roquettes sur Israël depuis la bande de Gaza. M. Erdogan a accusé Israël de tuer des bébés palestiniens sous le nez d’un Peres pétrifié et muet, avant de quitter la scène.
- En 2010, une flottille de navires soi-disant humanitaires, mais avec des terroristes et des agents infiltrés à son bord, encouragée par le gouvernement turc, a tenté de briser le blocus naval israélien de Gaza. Cette tentative a donné lieu à une altercation militaire lamentablement exécutée par Israël, connue sous le nom d’incident du Mavi Marmara. Le Mavi Marmara a conduit à une dégradation significative des relations diplomatiques entre Ankara et Jérusalem.
- Lorsqu’il a accédé à la présidence turque en 2014, Erdogan a pris fermement parti contre Israël lors du conflit déclenché par Gaza cette année-là, l’accusant de terrorisme.
- La Turquie et Israël ont rétabli des liens diplomatiques au niveau des ambassadeurs en septembre 2022.
- Toutefois, après que le président turc Erdogan a prononcé un discours au vitriol sur la guerre à Gaza le 28 octobre 2023, le ministre israélien des Affaires étrangères Eli Cohen a déclaré publiquement qu’il avait “ordonné le retour des représentants diplomatiques” d’Ankara “afin de procéder à une réévaluation des relations entre Israël et la Turquie.”
5. La Turquie soutient les dirigeants du Hamas en leur fournissant des renseignements et des passeports turcs.
Le Hamas a des bureaux en Turquie et en Russie, mais leur emplacement n’est pas connu du public.
- En 2015, Jihad Yaghmour, un agent du Hamas qui a joué un rôle dans l’enlèvement du soldat de Tsahal Nahshon Waxman, est devenu le représentant du Hamas auprès du gouvernement turc.
- Selon le Centre d’information sur le renseignement et le terrorisme Meir Amit, Yaghmour “assure la liaison entre le Hamas, le gouvernement turc et l’Organisation nationale du renseignement turc (MIT)”.
- Erdogan organise ouvertement des réunions avec les hauts responsables du Hamas, la dernière fois en juillet 2023, lorsqu’il a reçu le chef politique du Hamas, Ismail Haniyeh.
- Ankara a accordé la citoyenneté turque à Haniyeh en 2020. Son adjoint, Saleh al-Arouri, a également reçu un passeport turc.
6. La Turquie soutient financièrement le Hamas
En 2012, le gouvernement turc aurait fait don de 300 millions de dollars au Hamas alors que le groupe s’installait en Turquie. Une organisation non gouvernementale turque liée au gouvernement, la Fondation pour les droits de l’homme (IHH) [qui a également organisé la flottille Mavi Marmara en 2010], a transféré des paiements en espèces à sa branche dans la bande de Gaza depuis 2010. Le Hamas utilise ces paiements pour financer le terrorisme.
Jihad Yaghmour dirige une autre ONG turque qui collecte des fonds pour le Hamas. En 2020, un tribunal de district américain a identifié Yaghmour comme l’un des financiers d’une attaque terroriste du Hamas en 2015 qui a tué deux Israéliens en Judée Samarie. Le tribunal a explicitement statué que la banque turque Kuveyt Turk Bank “a aidé à financer le Hamas”.
7. La Turquie soutient militairement le Hamas
En 2018, Israël a arrêté et expulsé Kamil Takli, un professeur de droit turc et financier du Hamas. Takli a admis lors d’un interrogatoire avec des fonctionnaires israéliens que le Hamas opère en Turquie et reçoit un soutien militaire d’Ankara. La collaboration entre la Turquie et le Hamas est facilitée par SADAT, une entreprise militaire privée turque dirigée par un général islamiste ayant des liens étroits avec Erdogan. Les responsables israéliens de la sécurité pensent que SADAT est responsable de l’approvisionnement du Hamas en armes et en matériel. En juillet 2023, les autorités israéliennes ont saisi 16 tonnes de matières explosives en provenance de Turquie et à destination de Gaza, apparemment destinées aux roquettes du Hamas.
8. Les opinions politiques d’Erdogan s’alignent sur celles du Hamas
- En 2017, Erdogan a directement cité des versets de la charte fondatrice du Hamas appelant à la destruction d’Israël.
- L’année suivante, il a publiquement accusé Israël de mener un “génocide culturel” et a affirmé que la politique israélienne n’était “pas moins grave que l’oppression subie par les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale”.
- La vision du monde d’Erdogan est façonnée par le Mouvement de la perspective nationale, le mouvement fondateur de l’islam politique en Turquie, qui nourrit de profondes croyances anti-occidentales et antisémites, et finalement, de la vision globale de l’islam selon laquelle la terre entière doit devenir islamique.
9. Erdogan a refusé de condamner le Hamas après le 7 octobre
Le Hamas a commis des crimes de guerre lors du massacre du 7 octobre en assassinant et en kidnappant des civils israéliens. Cependant, lors d’un rassemblement pro-Hamas le 28 octobre, ce sont les actions défensives d’Israël dans la bande de Gaza qu’Erdogan a qualifiées de “massacre”, et il a déclaré que la Turquie se préparait à “dire au monde entier qu’Israël est un criminel de guerre”. Il a également menacé Israël d’une action militaire, déclarant que la Turquie pouvait “arriver à l’improviste à n’importe quel moment de la nuit”. Le 15 novembre, M. Erdogan a qualifié Israël d'”État terroriste” et l’a accusé de commettre “les attaques les plus perfides de l’histoire de l’humanité” – rien que ça.
10. La Turquie coordonne sa réponse à la guerre Hamas-Israël avec l’Iran, principal mécène du Hamas.
Depuis le 7 octobre, des responsables turcs, dont Erdogan et le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan, ont ouvertement rencontré leurs homologues iraniens afin de coordonner une réponse anti-israélienne. Lors d’une réunion tenue le 1er novembre, les deux responsables ont plaidé en faveur de la “paix” tout en menaçant Israël d’une guerre régionale plus large.
Traduit et adapté d’un article publié sur fdd.org.