Yair Lapid soutient désormais la réforme judiciaire (en fait, il l’a voulait déjà quand il était Premier ministre)

Benny Ganz et Yair Lapid à la Knesset

Quelle que soit l’interprétation que l’on donne à ses déclarations, le leader de l’opposition à la Knesset, Yair Lapid, soutient désormais ouvertement la réforme judiciaire, et admet que le système actuel est défaillant, ce qu’il avait plusieurs fois déclaré lorsqu’il était Premier ministre – c’est d’ailleurs la raison pour laquelle il n’avait pas participé à la première grande manifestation de Tel-Aviv contre la réforme.

Dans une série de tweets, Lapid a déclaré que la relation entre les pouvoirs judiciaire et législatif est déséquilibrée et que le système judiciaire doit être corrigé et amélioré.

C’est important, car jusqu’à présent, les opposants à la réforme judiciaire affirment que celle-ci détruira Israël, fera fuir les investisseurs étrangers et entraînera la fin de la démocratie israélienne. Les déclarations très claires de Lapid confirment qu’il pense lui aussi que la réforme judiciaire est essentielle.

Ses suggestions sur la façon de réparer et d’améliorer le système judiciaire sont en revanche contraires à la façon dont le gouvernement Netanyahou entend engager sa réforme, ce qui n’est pas surprenant.

Lapid suggère que le président d’Israël, Isaac Herzog, qui a autrefois dirigé le parti travailliste, à gauche donc, soit chargé de créer un comité spécial pour recommander les réformes à apporter au système judiciaire. Ce comité, selon Lapid, entendrait toutes les parties du débat et présenterait une proposition qui serait soumise au vote. Comme le président n’est pas élu, la proposition n’avance pas dans le sens de plus de démocratie. De plus, un comité existe, il est composé de personnes élues des deux bords politiques, et il planche actuellement sur le sujet. Priver les représentants démocratiquement élus du peuple du processus de débat et de prise de décision, et les remplacer par une personne choisie par ceux que la réforme veut exclure du processus n’est pas bien malin, à moins que cela soit un piège, en tout cas, c’est une erreur de la part de Lapid.

Même la juge en chef Esther Hayut a été invitée à s’exprimer lors des réunions des commissions de la Knesset – ce qui ne devrait pas être le cas, son rôle n’étant pas de prendre des décisions à l’impact politique. Jusqu’à présent, elle n’a pas non plus choisi d’y participer, elle préfère employer des manières illégales et politiques depuis une tribune publique – puisque le gouvernement Netanyahou a la faiblesse de la laisser faire.

Voici les tweets de Lapid expliquant son soutien à la réforme judiciaire, et sa vision, et mes commentaires entre guillemets :

“J’ai suggéré au président Herzog de créer un comité présidentiel indépendant [JPG personne n’est indépendant sur ce sujet, cette affirmation n’est pas honnête. De plus, c’est par la volonté populaire que la réforme doit intervenir, par respect pour la démocratie], qui formulerait une proposition réelle, équilibrée et réfléchie, afin de corriger et d’améliorer le système judiciaire [JPG voici l’aveu que le système judiciaire est imparfait, contrairement aux affirmations des 100 000 personnes qui manifestent dans les rues de Tel-Aviv], et de réglementer les relations entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir législatif [JPG ces relations doivent être séparées, et non réglementées, car la séparation des pouvoirs est la clé de voûte d’une saine démocratie]“.

“Si vous voulez améliorer et corriger le cœur de notre système d’État de droit [JPG : voilà un second aveu de Lapid que le système demande à être amélioré et corrigé], la personne qui le corrige doit être au-dessus de tout soupçon [JPG : la réforme ne doit pas être réalisée par une personne, quelle qu’elle soit, mais par des personnes. Et pas n’importe lesquelles : les représentants du peuple, élus par lui pour accomplir cette réforme]. La correction ne peut être faite par les accusés et les condamnés [JPG : Le comité chargé de la réforme est composé d’élus, membres de la Knesset, pas de condamnés !]. Elle ne peut pas être faite par ceux qui ont des intérêts étrangers. Elle ne peut pas être faite à la hâte, sans freins et contrepoids, pour résoudre des problèmes politiques [JPG : qui parle de se hâter ?].”

“Un comité présidentiel pourra entendre toutes les parties [JPG : il pourra, mais quel mécanisme permettra de le corriger s’il ne le fait pas, ou si les parties qu’il consulte ne représentent pas le peuple, ou ne représentent pas de manière égale la diversité des opinions ?], la cour [JPG : ce n’est pas sa place, Lapid fait erreur], le gouvernement, l’opposition, les universitaires. Au lieu du galop sauvage auquel nous assistons aujourd’hui [JPG : le galop sauvage est le fait de la rue, de l’opposition, Lapid se plaint de ses propres turpitudes], elle tiendra une procédure ordonnée, à l’issue de laquelle sera déposée sur la table nationale une proposition équilibrée qui améliorera au lieu de détruire, réparera au lieu de briser. [JPG : Lapid n’est pas honnête. Il décide par avance, sans connaître les conclusions du comité qui en ce moment travaille, que ses propositions seront déséquilibrées et qu’il va détruire le système judiciaire. C’est malhonnête, c’est un procès d’intention, ce n’est pas digne d’une personne publique]

Lapid est donc désormais opposé aux propos des manifestants de Tel-Aviv, qui affirment que la réforme judiciaire est mauvaise pour Israël. Quoi que disent les médias.

© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org

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