Voilà pourquoi Netanyahou bloque « l’enquête » sur le 7 octobre

Le brigadier général Oren Solomon1 a dirigé l’enquête sur la guerre. Il vient de publier son difficile témoignage.

« Ils ont essayé de me faire taire, moi et d’autres officiers. L’ancien chef d’état-major Herzl Halevi a mis en place un système pour étouffer l’enquête. J’ai découvert que des infos avaient été cachées par les responsables politiques. »

A la veille de Souccot, des représentants de l’armée israélienne ont annoncé au brigadier général à la retraite Oren Solomon, ancien chef des opérations militaires dans la division de Gaza et chef de l’équipe d’enquête sur la guerre, que l’enquête ouverte à son encontre était close avec effet immédiat.

Solomon avait été soupçonné d’avoir emporté chez lui des centaines de documents classifiés provenant des ordinateurs de la division de Gaza. L’enquête a été classée sans suite : aucune preuve le reliant à l’affaire n’a été découverte.

Voici la réaction du brigadier général Solomon à la clôture de l’enquête à son encontre :

Hier, à la veille de la fête de Souccot, j’ai été informé de la clôture de l’enquête à mon encontre.

Cette enquête a été ouverte dans le but de me discréditer, de me réduire au silence, ainsi que d’autres officiers, tout cela en raison des conclusions de l’enquête que j’ai menée en tant que chef de l’équipe d’enquête sur la guerre, et dans laquelle j’ai mis en évidence l’ampleur des négligences et des dysfonctionnements au sein du haut commandement.

De plus, Solomon affirme avoir découvert une vaste opération de dissimulation d’informations

Mais ce n’est pas tout, j’ai également découvert une dissimulation d’informations par les instances politiques et, plus grave encore, le chef d’état-major Herzi Halevi et une petite équipe ont mené une campagne systématique pour dissimuler, brouiller et minimiser leur part de responsabilité dans cette négligence, de manière systématique et sophistiquée.

Tout cela est étayé par des preuves solides. Par conséquent, le communiqué publié hier par le porte-parole de l’armée est la suite directe de la grave procédure engagée à mon encontre.

Sa formulation et son timing n’étaient pas fortuits. Le lecteur pensera qu’une enquête de la police militaire a été ouverte à la suite d’un contrôle de sécurité et que, d’une manière générale, le service de sécurité de l’information a réussi à découvrir le lien avec mon disque dur externe.

Le communiqué de l’armée veut laisser planer le doute

« Aucune preuve reliant l’officier au soupçon n’a été trouvée », dit le communiqué. Il semble à celui qui lit le texte que j’ai peut-être commis l’infraction, mais qu’ils n’ont tout simplement pas réussi à trouver de preuves me reliant à celle-ci, ce qui n’est pas le cas, car je ne l’ai jamais fait.

La chronologie des faits, la raison de l’ouverture de l’enquête et l’examen du disque dur ne font que mettre en évidence les défaillances et les manquements du service de sécurité de l’information. Quant à moi, c’est exactement le contraire : en tant que commandant, j’ai toujours accordé une importance particulière à la sécurité de l’information. J’appelle les enquêteurs à agir et à faire tout leur possible, au moins autant qu’ils l’ont fait à mon encontre, pour découvrir qui a commis cette infraction. Cela n’est pas le cas, et ce n’est pas un hasard.

En cette période précisément, deux ans après la terrible catastrophe, et maintenant que mon nom a été blanchi, j’attendrais de l’armée israélienne et du porte-parole de l’armée qu’ils disent toute la vérité et présentent leurs excuses, afin de restaurer un peu la confiance qui a été gravement ébranlée.

Cette affaire est extrêmement grave au niveau national, et elle combine à la fois l’affaire Dreyfus et l’affaire du bus 300.

Je reviendrai sur ce point.

Joyeuses fêtes à tout le peuple d’Israël, pour la confiance et le soutien qu’il m’a accordés tout au long de ce parcours.

Je continuerai à œuvrer pour le peuple et l’État afin de révéler la vérité et de corriger les lacunes afin d’éviter une nouvelle catastrophe.

Une commission d’enquête destinée à innocenter les coupables

Quiconque souhaite comprendre ce à quoi il faut s’attendre d’une commission d’enquête « d’État » comme le réclame l’opposition et la gauche de l’Etat profond, dont les membres ne seraient nommés par personne d’autre que le juge à la Cour suprême Yitzhak Amit, est invité à rapprocher ce qu’ils ont fait au brigadier général Oren Solomon pour tenter de le faire taire.

L’enquête de Salomon a identifié le chef d’état-major comme le principal responsable de l’échec de cette journée. J’ai développé dans plusieurs articles les raisons idéologiques de cet échec : la volonté indestructible des hauts-responsables de l’armée et des services de sécurité, la plupart étant des personnes issues de la gauche israélienne, de voir dans les « pauvres palestiniens » un peuple dépouillé de ses droits par les méchants juifs et à qui il faut apporter des réparations et de l’aide, et se soumettre aux menaces de soulèvement.

Qu’a fait la hiérarchie militaire en collaboration avec l’ancien chef d’Etat-major Halevi (les généraux de l’ancienne hégémonie sont hélas toujours en place, d’où une guerre qui traîne depuis deux ans) ? Elle a ouvert une « enquête » contre Salomon pour une infraction à la « sécurité sur le terrain », une infraction avec laquelle il n’a aucun lien. C’est ainsi qu’ils ont tenté de neutraliser la menace de révéler la vérité sur leurs échecs, en délégitimant les conclusions de son enquête. C’est ainsi que fonctionne le système de l’État profond en Israël depuis plusieurs décennies. Et puisqu’ils ont échoué avec Salomon, ils font pression dorénavant pour nommer les membres de la commission d’enquête « indépendante » qui présentera au monde et aux Israéliens les conclusions d’une enquête dont ils ont déjà décidé ce qu’elle devra dire et ce qu’elle devra cacher.

L’ennemi de l’intérieur

C’est précisément ce que veut éviter le Premier ministre Netanyahou, et c’est la raison pour laquelle le gouvernement refuse d’autoriser cette tromperie. Vous ne lirez cette explication dans aucun média francophone, à part sur Israël24/7. Au contraire, à leur façon habituelle d’inverser la réalité, les médias israéliens de gauche laissent entendre que si Netanyahou bloque la commission d’enquête, c’est pour se protéger. Comme toujours, l’inversion des faits :

Toujours la même stratégie d’inversion de la réalité.

L’Etat profond est puissant, organisé, installé un peu partout, de la Cour suprême aux bureaucrates des administrations en passant par les hauts-responsables de l’armée, de la sécurité et des services de renseignement. Il cherche à tromper le peuple israélien, et si le Premier ministre ne parvient pas à bloquer cette farce de commission d’enquête, alors un mensonge historique d’une ampleur sans précédent déformera à jamais les faits historiques afin d’innocenter – non pas seulement un certain nombre d’officiels dont le comportement s’apparente à des ennemis de l’intérieur – mais toute une idéologie néfaste au pays, et qui prend racine dans l’ancienne caste socialiste ashkénaze.

Hier, mon amie Bat Ye’or m’écrivait dans un message avoir vu ces ennemis de l’intérieur à l’œuvre :

Hier j’ai vu sur une chaîne italienne, des interviews d’Israéliens, Ami Ayalon et Ehud Olmer. Tous les deux ont accusé Israël d’être raciste et responsable de la guerre. Ils ont dit compter sur l’Europe pour obliger le gouvernement israélien à cesser immédiatement la guerre et à créer l’Etat palestinien. Puis des Juifs de gauche italiens ont développé le même discours haineux. Tout cela en pleine guerre ! la haine antijuive en Europe vient d’Israël et de ses politiciens pourris. J’étais si dégoûtée que j’ai fermé le programme.

Oren Salomon, cet homme courageux, qui a quitté son kibboutz près de Gaza tôt le matin du 7 octobre avec son fils pour sauver autant de fêtards que possible à Nova, avait été nommé à la tête de l’enquête de l’armée israélienne sur les performances de l’armée le 7 octobre. Il a une nouvelle fois fait preuve de courage en affrontant et révélant l’Etat profond, un des grands maux qui affecte en profondeur l’Etat juif, et cause, littéralement, tant de morts.

© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24/7.org

  1. L’ancien brigadier général Oren Solomon, directeur des opérations militaires dans la division de Gaza, était le chef de l’équipe d’enquête sur la guerre. Il est membre du forum des anciens hauts fonctionnaires ↩︎
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