Gantz a invité le « président » de l’Autorité Palestinienne Abbas au domicile du ministre de la Défense à Rosh Ha’ayin.
Qu’a gagné Israël de cette rencontre ? Pour Abbas, c’est assez clair : des dizaines de hauts fonctionnaires palestiniens recevront des cartes VIP du ministère de la Défense.
Après la réunion, Gantz a approuvé le statut de 6000 Palestiniens en Judée Samarie ; de 3500 résidents de Gaza, l’avancement du transfert des paiements d’impôts (d’une valeur de 100 millions de NIS), 600 cartes professionnelles pour les Palestiniens, 500 permis pour les hommes d’affaires d’entrer en Israël avec leurs voitures et plus encore, contre une promesse de lutter contre le terrorisme.
Les discussions sont les deuxièmes de ces derniers mois. On a vu le résultat, avec l’explosion des attentats terroristes.
Gantz a déclaré qu’ils ont parlé de la lutte contre le terrorisme, tandis que le conseiller d’Abbas dit qu’ils ont discuté de la création d’un « horizon » pour la paix.
« Le ministre de la Défense a souligné l’intérêt partagé de renforcer la coopération en matière de sécurité, de préserver la stabilité sécuritaire et de prévenir le terrorisme et la violence », a déclaré le bureau de Gantz dans un communiqué.
Gantz a également déclaré qu’Abbas qu’il avait l’intention de continuer à faire progresser les « mesures de confiance dans les domaines civil et économique », selon le ministère de la Défense.
Gantz a fait l’erreur typique que font les politiciens de gauche israéliens : il a échangé des actes concrets contre des promesses, du solide contre de l’intangible, du réel contre des mots, du vent. Par le passé, il avait même été question, sous les pressions de la gauche israélienne, de donner des territoires aux Arabes en échange de la paix : la paix, on la déchire, on la respecte ou pas. Les territoires, on les garde. C’était un échange de dupes : du tangible contre de l’intangible.
Le principal conseiller d’Abbas, Hussein al-Sheikh, le fonctionnaire palestinien chargé de gérer les relations avec Israël, accompagnait Abbas, ainsi que le chef des services de renseignement palestiniens, Majed Faraj.
Al-Sheikh a déclaré que les deux hommes avaient abordé les questions politiques et la violence des colons (ben voyons, le gouvernement a ouvert la porte, c’est le nouveau sujet à la mode), entre autres sujets.
« La réunion a porté sur l’importance de créer un horizon politique qui mène à une solution politique… ainsi que sur les conditions tendues sur le terrain en raison des pratiques des colons », a déclaré al-Sheikh dans un tweet. Notez qu’il s’agit de mots creux. En échange, ce que Gantz a donné n’est pas creux, c’est du réel.
Le Premier ministre Naftali Bennett a déclaré qu’il est opposé à la reprise des négociations de paix avec les Palestiniens et a refusé de rencontrer M. Abbas. Par ailleurs, son gouvernement s’est engagé à soutenir l’Autorité palestinienne et à renforcer son économie en difficulté, Gantz étant le fer de lance de cette initiative.
Gantz considère que le régime d’Abbas comme la seule alternative à un Hamas puissant en Judée Samarie. C’est un très mauvais pari, le genre qui sort de la tête d’idéologues totalement déconnectés de la réalité.
« Si l’Autorité palestinienne est plus forte, le Hamas sera plus faible. Si l’Autorité palestinienne est plus à même de faire respecter l’ordre, il y aura plus de sécurité, et notre main sera moins forcée », a déclaré Gantz fin août.
Le Hamas et la droite israélienne ont condamné cette rencontre entre le président palestinien Abbas et le ministre israélien de la Défense Gantz.
Arsen Ostrovsky, avocat international spécialisé dans les droits de l’homme et journaliste indépendant a déclaré :
« Je trouve étrange que le ministre de la Défense et ancien chef d’état-major, invite chez lui l’homme qui mène la campagne d’inculpation des soldats israéliens, ceux-là mêmes qui ont servi sous son commandement, devant la Cour pénale internationale. »
Je ne souscris pas à l’étonnement d’Ostrovsky.
C’est une longue tradition. Israël n’a-t-il pas reconnu la légitimité de l’OLP dont le nom de l’organisation elle-même stipule que les Juifs doivent libérer la Palestine de leur présence ? OLP veut dire : Organisation de libération de la Palestine. Libération de quoi ? De la présence de l’Etat d’Israël. N’a-il pas, comme s’il était le perdant de la guerre, confié les clés de la gestion des lieux religieux de Jérusalem aux Jordaniens, alors qu’Israël les avait écrasés ? N’a-t-il pas manqué à son devoir de reconnaitre tous ses droits de propriétés établis par les traités internationaux, sur la Judée Samarie et le Golan ?
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org