Une enquête sur le réseau transsyrien-africain : des migrants érythréens à Tel Aviv impliqués dans des réseaux de contrebande d’armes, de femmes et de drogues en provenance de Syrie et de Jordanie
Une investigation menée par Jewish Voice révèle qu’un réseau de contrebande d’armes, notamment de pistolets en provenance de Syrie, est orchestré par des migrants africains résidant à Tel Aviv. La justice a montré de la clémence envers un Érythréen, accusé de gérer l’introduction de femmes africaines en Israël via la Jordanie, en lui accordant une libération sous contrôle judiciaire. Celui-ci a ainsi pu exploiter cette situation pour faire passer des armes de Syrie.
Ce récit digne d’un film pourrait alimenter un scénario captivant, mais il est malheureusement fondé sur des faits réels, dont l’impact menace la sécurité des citoyens israéliens. La semaine dernière, le média a révélé qu’un migrant érythréen de Tel Aviv était impliqué dans la contrebande d’armes au départ du territoire syrien.
Cependant, le dossier judiciaire et leur enquête approfondie révèlent que cette affaire n’est que la partie émergée de l’iceberg.
Selon le procès-verbale déposé devant le tribunal de Nof Hagalil, le 6 octobre dernier, Sarèh Ngushe est arrivé en compagnie de Guitoum Arpiny dans la région de la frontière syrienne, avec un scooter électrique.
À proximité de la zone de Tel Fares, l’un d’eux se serait rendu jusqu’à la frontière, où il aurait reçu des armes de la part d’un individu situé en Syrie. Peu après, ils ont été arrêtés sur l’autoroute 87, près du croisement Kesset, avec cinq pistolets à bord, après avoir été repérés lors de dispositifs de surveillance.
Une infiltration en toute liberté
Il apparaît que Ngushe, marié et père de trois enfants, aurait dû être assigné à résidence dans le cadre d’un autre dossier. Pourtant, alors qu’il était sous contrôle à domicile à Tel Aviv, il a profité de cette situation pour orchestrer la contrebande d’armes syriennes.
Ce n’est pas tout : il aurait également dirigé une opération d’entrée clandestine en Israël de femmes africaines en provenance de Jordanie, via la mer Morte.
Les documents judiciaires révélés en janvier 2025 indiquent que, sur une période de deux ans, Ngushe aurait supervisé l’accueil de deux femmes africaines blessées lors de leur traversée, qu’il aurait maintenues dans un logement du sud de Tel Aviv contre paiement d’environ 15 000 dollars par personne. Initialement poursuivi pour des infractions graves d’enlèvement, il a finalement été inculpé pour aides à la migration clandestine.
Trois autres personnes, dont un couple d’Érythréens exploitant une épicerie à Tel Aviv, ont été également mises en cause ; elles ont été condamnées à des travaux d’intérêt général. Le procès du chef de la filière est en cours.
Une libération sous surveillance et une nouvelle tentative
Après environ un mois en détention, Ngushe a été libéré sous contrôle judiciaire avec un bracelet électronique. Des migrants africains ont même accepté de se porter garant pour lui, ce qui soulève des questions sur la vigilence exercée par le système judiciaire. Toutefois, quelques mois plus tard, il a déposé une requête auprès du tribunal pour faire levier sur ses conditions, après avoir reçu un rapport qui recommandait une libération limitée à quelques concessions minimes. En dépit de l’opposition du parquet, le juge Alaâa Massarwa a autorisé la suppression de son bracelet et lui a permis de sortir quotidiennement de 9h à 12h pour chercher un emploi.
Moins de trois mois après, Ngushe a profité de cette libération pour orchestrer une nouvelle opération de contrebande d’armes, cette fois dans le cadre de son contrôle judiciaire. L’arrestation aurait pu se produire à tout moment puisque cette tentative a été menée à 9 heures du matin, ce qui aurait pu lui permettre de prétendre qu’il cherchait du travail en cas d’interception.
Ce qui apparaît, c’est un réseau d’immigrés africains établis à Tel Aviv et dans d’autres régions du pays, formant des cellules pour faciliter l’entrée de migrants et d’armes de la Syrie, tout en étant relâchés par la justice malgré leur implication dans des activités à forte dimension sécuritaire.
La situation met en lumière une défaillance grave aux frontières israéliennes : un migrant africain, infiltré via le désert du Sinaï, a réussi à faire passer des femmes d’origine africaine en provenance de Jordanie, puis à faire passer des armes en provenance de Syrie.
Ce secteur, qui autrefois était considéré comme limité aux enjeux migratoires, évolue aujourd’hui vers des préoccupations sécuritaires majeures. La semaine dernière, l’armée israélienne a identifié deux suspects tentant de faire passer cinq armes depuis la Syrie, confirmant la poursuite de cette tendance alarmante.
