Un activiste israélien d’extrême gauche demande des armes pour protéger les Arabes contre les Juifs

Lors d’une conférence de la Knesset consacrée à la « violence des pionniers » [il s’agit des Juifs qui décident de vivre sur les terres ancestrales d’Israël délimitées par les traités internationaux de la Société des Nations, et plus tard désignées comme territoires disputés, dont le sort n’a toujours pas été déterminé] l’activiste israélien d’extrême gauche Haim Shadmi – il se situe politiquement à gauche du Meretz – a exhorté dimanche les membres de la Knesset à « nous donner la permission d’utiliser des armes. Nous ferons le travail pour les Palestiniens. Nous ne ferons de mal à personne. Nous ne ferons de mal à personne. Si vous n’êtes pas capables de faire le travail, nous sauverons des vies. »

Il est toujours difficile à comprendre pourquoi, dans tous les pays, les activistes de gauche s’intéressent surtout à l’étranger, à l’Autre, beaucoup plus qu’à ses concitoyens. Difficile à comprendre, mais pas impossible – ce n’est pas l’objet de cet article que d’en débattre.

Lors de la conférence, qui a duré deux heures, se tenait à la Knesset sur le thème de la « violence des pionniers », et qui était organisée par les membres de gauche de la Knesset, Shadmi a déclaré qu’il ne comprenait pas ce qui se passait, en employant le vocabulaire des antisionistes et des Palestiniens.

Au lieu de présenter la situation sous l’angle israélien, il s’est placé du point de vue des Palestiniens.

« il y a un débat comme si l' »occupation » et la « violence des colons » n’avaient commencé qu’au cours des dernières années…. . Qu’est-ce que c’est, une conférence qui ne fait que parler ? Où sont les solutions ? »

  1. Le mot occupation est à la fois inexact, et surtout lourdement chargé de sous-entendu négatif : il présente Israël comme s’il occupait illégalement un territoire qui n’est pas à lui. C’est factuellement faux : le territoire est « disputé » selon le droit international et « occupé » par les Israéliens ET les Arabes palestiniens.

    En 2013, dans un jugement que l’OLP et l’Autorité palestinienne ont accepté (ils ne se sont pas pourvus en cassation), la Cour d’Appel de Versailles qui jugeait de la légalité du du tramway de Jérusalem construit par des entreprises françaises que l’OLP poursuivait en justice, a conclut que l’occupation par Israël était légale, mais que ni l’OLP ni l’AP n’avait de droits protégés par les traités internationaux sur ces terres.
  2. Le mot colon évoque la colonisation, mais Israël n’est pas un colonisateur – s’il l’était, il figurerait sur la liste des pays colonisateurs de l’ONU. Vérifiez, Israël n’y est pas. Et pourtant, l’ONU n’est pas particulièrement tendre avec Israël (la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, entre autres, figurent sur cette liste).

« Les citoyens de l’Autorité palestinienne ont besoin de cette protection de la part des résidents juifs de Judée et de Samarie », a-t-il dit.

Des réactions inattendues

Quelques heures plus tard sur Twitter, Shadmi a réagi :

« 1. Quand un ministre du gouvernement nous demande d’être le « bouc émissaire » des politiciens et de faire une partie de leur travail ;

  1. Quand l’État d’Israël sait très bien ce qui se passe dans les territoires depuis 30 ans ou plus : quand elle roule des yeux sur le « raffinement des procédures » et autres ;
  2. Quand un soldat donne une arme (!) à un colon ;

« L’État d’Israël admet qu’il abandonne ses citoyens et les Palestiniens. Donc l’État va nous permettre de sécuriser les Palestiniens et nous-mêmes et nous équiper en armes.

« Assez de rouler les yeux et d’être innocent. Soit c’est un État souverain, soit c’est une république bananière. Soyez un État souverain.

Tous ceux qui interprètent mes paroles comme si j’avais dit « armes » dans le but d’attaquer ou avec l’intention d’acquérir des armes – sont malheureux et roulent des yeux. J’ai adoré leurs cris.

« Ceux qui se taisent lorsque des militants ou des Palestiniens sont blessés – comment Ahmad Tibi l’a dit dans la discussion – vont-ils appliquer la loi du sud aux Palestiniens ? » a-t-il écrit.

Conclusion : la liberté d’expression doit être protégée

Les Israéliens d’origine française ont culturellement beaucoup de mal avec l’idée que ce genre de propos soient autorisés au sein de la Knesset. C’est parce qu’ils viennent d’un pays où la liberté d’expression ne fait pas partie du patrimoine le plus cher aux Français, comme son fromage, et que culturellement, ils ne lui accordent pas une très grande valeur. En France, la liberté d’expression est assez limitée. Aux Etats-Unis, elle est inscrite dans la Constitution comme un droit fondamental, et Israël est plutôt sur cette ligne, ils doivent le comprendre et s’ajuster.

Je dois donc expliquer à quoi sert exactement la liberté d’expression, car les gens en ont une mauvaise idée.

Ainsi, les Israélo-Français doivent comprendre trois ou quatre choses :

  1. Ils vivent dans un pays qui politiquement, socialement, philosophiquement, a décidé que la liberté d’expression est très importante, beaucoup plus importante qu’elle est considérée en France. Le pays veut la protéger, ils doivent modifier leur regard et éduquer leurs enfants à cette idée.
  2. La seule preuve que la liberté d’expression existe, c’est que des gens comme cet activiste, dont les propos sont à la frange, dont les propos sont difficiles à digérer, ont la liberté de dire ce qu’ils veulent.
  3. Lorsque toutes les opinions peuvent s’exprimer librement, chaque Israélien est un peu plus averti et mieux exposé aux idées. Il peut formuler une meilleure opinion que si la censure était passée par là.
  4. A ce titre, je suis ravi que ce militant pour les Arabes et contre Israël puisse s’exprimer : cela fait d’Israël un pays plus libre, et quand les extrêmes sont visibles, il est plus facile de savoir ce qu’ils ont dans la tête, et de s’en éloigner.

© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org

Source : JewishPress

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