Tuvia Tenenbom : « j’ai été désinformé sur les ultra-orthodoxes. Ils sont plus ouverts et plus tolérants que les progressistes »

Tuvia Tenenbom - Jean Patrick Grumberg

L’auteur de Best Sellers Tuvia Tenenbom, né dans une famille haredim de Bnei Brak, et qui vit entre l’Allemagne et les Etats-Unis, est à Jérusalem pour la sortie de son nouveau livre « Ultra-orthodoxes et heureux » (Haredi vétov lo).

Interviewé sur Israel HaYom, ce jeudi, voici son témoignage :

« Les ultra-orthodoxes sont aujourd’hui plus ouverts que les progressistes, que les sionistes religieux, que les gauchistes – ils sont les plus accueillants. Ce que j’ai le plus aimé, c’est leur sens de l’humour, surtout les hassidiques. Je me promène dans les rues et je ris. Vous voyez une personne dans la rue le Chabbat, tout le monde vous chante « Shabbat shalom, a -Goten Shabes », où voyez-vous l’acceptation de l’autre comme ça ? Et ce ne sont pas des missionnaires, ils ne veulent pas vous rapprocher d’eux.

J’ai réalisé ici [NDLR A Mea Shearim, quartier ultra-orthodoxe de Jérusalem] à quel point j’étais victime de la désinformation sur la société ultra-orthodoxe. Je me sens chez moi ici parce que nous avons les mêmes ancêtres. Nous avons les mêmes sensibilités. Quand je vois des enfants de 4 ans marcher dans la rue et pousser la poussette de leur frère de 2 ans – je leur dis bravo, quelque chose va grandir à partir d’eux ».

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 » Il y a une grande différence entre le monde ultra-orthodoxe et les politiciens ultra-orthodoxes. Ceux qui sont à Bnei Brak ou à Jérusalem, cela les intéresse-t-il ? Si vous faites deux types de lois – une pour la communauté ultra-orthodoxe et une pour tout le monde, tant que vous ne leur faites pas de mal, cela ne les intéresse pas. J’en suis la preuve – ils savent exactement qui je suis. Ils savent que je ne mange pas de nourriture glat kosher, et ils me laissent entrer et se comportent très gentiment.

Alors qu’il était dans l’écriture de ce livre, en décembre 2011, j’ai eu la chance de m’asseoir dans un restaurant de Jérusalem avec Tuvia Tenenbom pour un long entretien. Voici ce qu’il me disait :

« Je viens de New York, comme tu sais, et la mentalité d’aujourd’hui est progressiste, pourtant il n’y a pas grand-chose que je puisse dire, si cela peut saper les progressistes. A Mea Shearim, j’ai trouvé que c’était plus ouvert que le monde progressiste. C’est très amusant de le voir, de le sentir.

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« Oui. Et il n’y a pas que les progressistes qui le disent. Je veux dire, tout le monde le dit. Ils disent que les haredim sont fermés d’esprit, ils disent ‘ne restez pas là’ [à Mea Shéarim], gardez vos distances’…

Et puis vous réalisez que ce n’est pas comme ce que vous voyez dans les journaux, dans les médias. Et vous réalisez que les journalistes qui écrivent sur l’endroit [Méa Shéarim], ils ne connaissent pas vraiment. Ils viennent pour deux heures, trois heures, et c’est tout.

Et, ils se font une impression. Mais de toutes façons, ils l’utilisent pour confirmer leurs préjugés. Et c’est très facile d’aller dans un endroit pendant deux heures ou une demi-heure, et d’écrire un article. Mais c’est différent si vous vivez avec eux.

Donc à partir de ça, je les ai trouvé plus chaleureux. Le collectif est très important pour eux. Et, et c’est comme, quand tu t’assieds là et que tu vois par toi-même, tu les vois et tu vis avec eux, tu vois qu’ils s’occupent de leurs affaires. »

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