C’est l’histoire d’un vieux monsieur aux cheveux blancs, père de cinq enfants et grand-père de douze petits-enfants. Un rescapé. Shlomo Mansour avait à peine trois ans lorsque, enfant à Bagdad, il avait survécu au Farhoud, mot arabe qui signifie dépossession violente, pogrom.
Vous avez sans doute oublié cet épisode de la Seconde Guerre mondiale si vous en avez jamais entendu parler. Le 1er juin 1941, un pogrom d’inspiration nazie a éclaté à Bagdad, mettant fin à plus de deux millénaires d’existence pacifique pour la minorité juive de la ville, installée là bien avant l’avènement de l’Islam. On reproche aux Juifs à la fois de soutenir l’Angleterre et d’être sionistes. Hadj Amin al-Husseini, le Mufti de Jérusalem réfugié à Bagdad, jette de l’huile sur le feu.
C’est au cri de « Allah Akhbar » qu’une foule haineuse sème la panique dans les quartiers juifs, surpris en pleine célébration de la grande fête de Shavouot, violant, tuant, pillant et incendiant. L’armée et la police irakienne laissèrent faire pendant deux jours avant d’intervenir ; les troupes britanniques qui encerclaient la ville ne bougèrent pas.
Shlomo réussira après bien des péripéties à arriver en Israël. Il s’établira dans le kibboutz de Kissoufim, paisible communauté agricole située pratiquement le long de la frontière séparant Israël de la bande de Gaza.
Très tôt le 7 octobre 2023, jour de la grande fête de Simhat Tora, des milliers de terroristes du Hamas ont déferlé sur le sud d’Israël. Fanatisés et drogués, dit-on, au Captagon, c’est au cri de « Allah Akhbar » qu’ils ont violé, torturé, massacré, allant jusqu’à brûler vifs plusieurs de leurs victimes. Ils sont repartis après avoir pillé et incendié – et surtout en emmenant des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants pour leur servir d’otages.
Shlomo s’était barricadé avec sa femme dans la pièce forte de sa maison. Les terroristes n’ont eu aucun mal à en venir à bout. Il n’a pas opposé de résistance mais ils l’ont giflé violemment, sans respect pour ses cheveux blancs, l’ont menotté et l’ont traîné – en pyjama – vers les véhicules qui les ramenaient à Gaza.
Pendant de longs mois, la famille a vécu dans l’incertitude la plus complète, ne recevant aucun signe de vie et aucune indication sur son sort. La Croix-Rouge Internationale, qui se prête si complaisamment aujourd’hui aux mises en scène du Hamas lors de la libération d’otages, n’a pas une seule fois rendu visite aux captifs – certains encore retenus après plus de cinq cents jours.
Les enfants, les petits-enfants de Shlomo voulaient pourtant croire au miracle. Il n’a pas eu lieu. Le 11 février, ils ont été informés que, selon des éléments concordants, le vieil homme avait été assassiné le jour même de sa capture, sa dépouille conservée pour servir de monnaie d’échange.
Ce n’est que le 26 février que son cercueil a été remis à Israël dans le cadre de la première phase de l’accord de cessez-le-feu.
Le Farhoud n’avait pas été condamné en son temps – c’était la guerre. Le Secrétaire général des Nations Unies, lui, a trouvé une infâme légitimité aux atrocités du 7 octobre.
© Michèle Mazel pour Israël 24 7.org
Michèle Mazel est diplômée de Sciences-Po et licenciée en Droit, et a été boursière Fullbright en science politique. Pendant plus de trente ans, elle a accompagné de par le monde son mari, le diplomate Zvi Mazel, qui fut notamment ambassadeur d’Israël en Egypte, en Roumanie et en Suède. Elle en a tiré la matière de nombreux ouvrages – thrillers et romans. Elle contribue régulièrement à plusieurs organes de presse.