Parcours : de professeur de lycée au terrorisme pour Daesh, l’identité de l’auteur de l’attentat de Be’er Sheva.
Des réunions secrètes dans des mosquées et des cachettes, prêchées par des éducateurs et des activistes des médias sociaux, sous l’œil de la police et du Shin Bet, une cellule secrète d’ISIS dirigée par le terroriste qui a assassiné quatre personnes à Be’er Sheva a opéré dans le Néguev.
Le terroriste qui a assassiné quatre personnes dans le centre commercial de Be’er Sheva, Muhammad Abu al-Qayan, un enseignant de 34 ans, père de cinq enfants, était la figure dominante de la cellule secrète d’ISIS dans la ville de Hura, dans le Néguev.
Il était à la fois l’esprit vivant de la cellule et son maître spirituel. Des dizaines de militants se pressaient pour l’entendre parler, se pressant à ses cours et à ses discours dans les mosquées et les maisons privées au cours de l’année passée. Les réunions étaient top secrètes.
« Je me souviens qu’il nous montrait des vidéos avec les discours du chef d’ISIS, Abu Bakr al – Baghdadi. Il nous excitait et nous disait qu’il était très important de rejoindre l’organisation et de l’aider à mettre en œuvre sa « Torah », a révélé A., l’un des participants aux réunions secrètes organisées par Abu Alqian.
« Il nous disait que les activités des combattants de l’organisation sont légales et que c’est un bonne action de rejoindre ISIS, qu’ils mettent réellement en pratique le Coran. Son objectif était que nous voyagions avec lui jusqu’à ‘Omra’. Il était très charismatique et déterminé et les gens le suivaient. »
La ville de Hura était devenue un lieu où pas mal de ses habitants sont devenus pratiquants : le vendredi après-midi, Abu al-Qayan prononçait un discours à la fin de la prière dans l’une des mosquées devant des centaines de fidèles alors qu’il transmettait des messages sur l’importance de rejoindre ISIS .
« Les gens étaient très influencés par lui, ils l’attendaient à la fin du discours et lui demandaient de leur enseigner les enseignements d’ISIS », raconte M., un autre participant.
« Muhammad était très prudent, il n’acceptait pas n’importe qui dans sa cellule secrète. Il choisissait les personnes en qui il croyait, celles qui étaient prêtes à voyager avec lui en Syrie et à combattre pour ISIS. Il y a eu une grande dérive avec lui. Tout était secret. »
La cellule secrète a fonctionné pendant environ deux ans : une ou deux fois par semaine, surtout la nuit, des dizaines de militants se réunissaient dans la maison située à côté de l’une des mosquées, et ils se rassemblaient autour d’Abu al-Qayan. L’un des participants qui a été emporté par l’idéologie d’ISIS était le Dr Othman, un médecin spécialisé de l’hôpital Barzilaï, qui avait envisagé un avenir brillant dans la médecine, mais au lieu de ça, il est devenu très fort religieusement et voyait en Muhammad son gourou.
L’appel d’Abu Al-Qayan aux jeunes pour qu’ils rejoignent l’organisation en Syrie a emporté plusieurs résidents de Hura, dont le Dr Othman. En quelques mois, Othman et un proche ont rejoint ISIS en Syrie.
« Muhammad et certains de ses étudiants ont obtenu des passeports au ministère de l’Intérieur. Il a même aidé un de ses étudiants à obtenir un prêt de 10 000 NIS pour régler ses dettes en Israël, afin de pouvoir l’accompagner en Syrie en toute tranquillité. Son plan était d’arriver dans la soirée en Arabie Saoudite, d’y rester une journée, de trouver une cachette, et d’entrer en contact avec des personnes qui l’aideraient, lui et ses étudiants, à se rendre en Syrie », a déclaré A..
Abu al-Qayan ne s’est pas contenté de cela : il a envoyé des messages sur son compte Twitter à des personnes qu’il connaissait afin qu’elles puissent l’aider, lui et ses étudiants, à rejoindre la Syrie et les rangs d’ISIS.
Les coordinateurs de terrain du GSS et les coordinateurs des minorités de la police du Néguev ont commencé à recueillir des informations sur les activités d’Abu al-Qayan au sein de la cellule. Une source de sécurité a admis qu’ils ont agi dans une sorte de course contre la montre pour rassembler toutes les informations sur les activités de l’enseignant prêcheur : dans les mosquées, les réseaux sociaux et les réunions secrètes avec ses étudiants afin de l’arrêter avant qu’il ne quitte Israël. Le plan des membres de la cellule secrète était de partir pour l’Arabie saoudite en plein pendant ramadan.
« Pendant deux ans, nous l’avons suivi, nous avons recueilli beaucoup d’informations sur le terrain et sur les réseaux sociaux. Nous avons compris à quel point cet homme était dangereux et influent pour les jeunes qui voulaient le rejoindre pour un voyage en Syrie. Notre crainte était que des dizaines de jeunes influencés par lui et son idéologie s’envolent pour la Syrie. Que se serait-il passé s’ils avaient été faits prisonniers ? Ils auraient provoqué un grand chaos », affirme un haut fonctionnaire de police qui a participé aux détails de l’enquête. « C’était la plus grande cellule opérant en Israël, et dans le plus grand secret. Il était difficile de s’infiltrer ou de collecter des informations sur eux. Même lors des interrogatoires, ils ne craquaient pas si vite. Ce sont des gens normaux, certains enseignants ou universitaires qui étaient bien conscients de leurs actions. Les prédicateurs, comme Abu al-Qayan, ce sont des gens très dangereux, car ce sont eux qui poussent les jeunes à rejoindre ISIS. »
- Au cours du mois de juin 2015, le Shin Bet et la police ont arrêté Abu al-Alqayan et cinq de ses élèves, dont des enseignants dans des écoles de la région, trois semaines seulement avant qu’ils ne prévoient de se rendre en Arabie saoudite et de là en Syrie.
- Le bureau du procureur a décidé qu’il voulait faire un exemple, ce qui signifie qu’Abu al-Qayan et ses hommes devaient être punis très sévèrement afin de dissuader d’autres personnes de former des cellules similaires qui inciteraient les gens à rejoindre ISIS.
Il convient de noter que lorsque le phénomène de l’adhésion à ISIS a commencé il y a des années, la justice et la police ont traité avec indulgence tous ceux qui ont rejoint l’organisation et sont rentrés en Israël, ou ceux qui avaient l’intention de s’envoler pour la Syrie et ont été arrêtés, avec des peines allant de six mois à un an et demi. Les jeunes qui se sont envolés pour la Syrie et ont rejoint ISIS et sont revenus en Israël ont été condamnés à trois ans et demi de prison.
La décision du ministre de la Défense de déclarer ISIS comme une organisation terroriste en septembre 2014 a cependant entraîné une aggravation des peines.
- À ce jour, environ 40 Arabes israéliens ont rejoint ISIS.
- On estime qu’au moins six d’entre eux ont été tués dans les combats, et le sort de la plupart des autres est inconnu.
Abu al-Qayan avait récemment signé un accord de plaidoyer, selon lequel il avouerait certaines des charges. L’accusation avait demandé qu’Abu al-Qayan soit condamné à une peine sans précédent allant jusqu’à cinq ans de prison. Pour l’accusation, le fait même de prêcher l’adhésion à ISIS et à la cellule secrète qu’il a créée n’est pas moins grave que de rejoindre l’organisation elle-même.
Le juge Yoel Eden a condamné Abu al-Qayan à quatre ans de prison – la peine la plus sévère infligée en Israël à des citoyens ayant diffusé les enseignements d’ISIS ou rejoint l’organisation.
« L’accusé a profité de son statut honorable dans la communauté pour prononcer des sermons dans la mosquée à l’intention des fidèles afin d’apporter un soutien à l’organisation [ISIS]. Il a servi de prédicateur à l’organisation et a transmis des contenus liés à celle-ci », a souligné le juge.
Muhammad Jaleb Ahmad Abu al-Qayan, né en 1988, habitant de Hura, ancien enseignant au lycée de Hura, arrêté pour interrogatoire le 2 juin 2015, qui a reconnu avoir soutenu Daesh et assisté à des réunions de partisans de Daesh à Al Hura a donc tué quatre personnes ce mardi 22 mars. Il a été abattu. A Gaza, on a distribué des bonbons, et aucun média n’en parle, car ils veulent que les Palestiniens passent pour des victimes, et les Israéliens pour des tueurs.
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org