Des extraits d’une réunion intense au sein du gouvernement ont été diffusés dans l’émission israélienne Ulpana Shishi, mettant en lumière l’affrontement entre le chef d’Etat-major de Tsahal Eyal Zamir et le Premier ministre Benjamin Netanyahu concernant la poursuite des opérations à Gaza.
Ces échanges reflètent des tensions au sein du cabinet de guerre israélien sur la gestion du conflit et ses implications à long terme.
Contexte
Les extraits diffusés par Ulpana Shishi font référence à une réunion restreinte du cabinet de sécurité israélien, probablement tenue fin juin ou début juillet 2025. Ils indiquent que l’armée israélienne juge que le conflit à Gaza a « atteint ses limites », tandis que Netanyahou insiste pour poursuivre les opérations militaires si aucun accord n’est conclu. Cette divergence d’approche est au cœur de l’affrontement : Tsahal freine, Netanyahou veut aller jusqu’au bout et libérer Gaza et Israël de la menace que représente le Hamas et les autres groupes terroristes affiliés.
- Position d’Eyal Zamir :
Le chef d’état-major, Eyal Zamir, a exprimé des réserves sur l’escalade des opérations à Gaza, soulignant les risques pour les otages et les limites stratégiques des actions militaires actuelles.
Il a posé une question provocatrice à Netanyahou : « Souhaitez-vous un gouvernement militaire ? », qui indique son inquiétude face à la perspective d’une présence prolongée ou d’une administration militaire israélienne à Gaza après la fin des combats majeurs.
Zamir a également critiqué les dirigeants politiques et leur volonté d’anéantir totalement le Hamas, qualifiant le Hamas d’« ennemi mort » et insistant sur la priorité de libérer les otages – donc par des concessions au Hamas, parmi lesquelles le retrait de Tsahal de Gaza.
Ainsi, Zamir cherche à limiter l’engagement militaire israélien. - Position du Premier ministre Benjamin Netanyahou :
Netanyahou, en revanche, maintient une ligne dure, affirmant que mettre fin à la guerre à Gaza « n’est pas une option envisagée » sans un accord global satisfaisant.
Sa demande à Zamir, « Préparez un plan pour l’évacuation de la population », indique une volonté d’intensifier les opérations, potentiellement en déplaçant les civils de Gaza-Ville et du nord de l’enclave pour les séparer du Hamas et faciliter des actions militaires – chose qui aurait dû être faite depuis deux ans, mais qui a été rendu impossible avec l’ancien chef de Tsahal et l’ancien ministre de la Défense Gallant.
Cette directive fait écho à un ordre d’évacuation signalé par des médias israéliens le 29 juin 2025, lequel n’aurait donc pas été suivi d’effet par l’armée.
Cela confirme ce que j’explique depuis plus d’un an : Netanyahou n’est plus le même homme depuis le 7 octobre. S’il existe bien un esprit du 7 octobre, le Premier ministre l’a laissé derrière lui, contrairement à de nombreux influenceurs de gauche, ainsi qu’une partie de la presse israélienne, qui est rapidement revenue à la même logique et aux mêmes erreurs qui ont vu le massacre de 1 200 Israéliens le 7 octobre.
Au réveil du 8 octobre, le Premier ministre a analysé la situation de manière indépendante, débarrassé de l’influence douteuse du responsable de la sécurité Ronen Bar (dont il s’est débarrassé), des mauvais conseils de l’ancien chef d’Etat-major de l’armée Herzi Halevi (qu’il a poussé à démissionner) et du ministre de la Défense Yoav Gallant (que la gauche l’a empêché une première fois de limoger en bloquant le pays, puis que Bibi a réussi à licencier juste après une offensive massive réussie). Il a alors décidé de donner la priorité à la destruction complète des capacités militaires du Hamas, même au prix d’une escalade, et a décidé des mesures radicales pour contrôler la situation sur le terrain, libérer les otages et changer la réalité de Gaza. Il a décidé que le Hamas ne gouvernerait plus jamais Gaza.
A l’inverse, la puissance et l’efficacité avec laquelle Tsahal a remporté une victoire décisive contre le Hezbollah, qui est pourtant infiniment plus puissant et organisé que le Hamas, et a réduit en pièces de manière fulgurante, en 12 jours, les capacités militaires du plus puissant pays musulman du Moyen-Orient, l’Iran, met en évidence son attitude extrêmement conciliante envers « les pauvres Palestiniens de Gaza », héritée de plusieurs décennies d’une idéologie de gauche qui refuse de voir les Arabes pour ce qu’ils sont vraiment, qui refuse de voir qu’ils ne vivent que pour tuer des juifs et voler leur Terre, et qui traverse tous les organes dirigeants de Tsahal.
L’affrontement entre Zamir et Netanyahou révèle plusieurs points de tension stratégiques et politiques :
- Gouvernement militaire à Gaza :
Zamir met en garde contre les conséquences d’une administration militaire israélienne à Gaza, une option évoquée lors de la réunion du cabinet restreint. Un tel scénario impliquerait un contrôle direct par les FDI, similaire à l’occupation israélienne de Gaza avant le désengagement de 2005, et la gauche est horrifiée à l’idée que suite à cela, des Israéliens s’installent de nouveau pour vivre à Gaza – c’est leur grand cauchemar, après avoir échoué – à grand renfort de médias – à déshumaniser et diaboliser la société israélienne de Judée Samarie. Zamir, à l’instar de ses prédécesseurs, met en avant des défis logistiques, financiers et humains majeurs, ainsi qu’un degré de danger élevé. Soit les mêmes arguments que ceux contre l’habitat juif en Judée Samarie.
- Coût humain et politique : Une occupation prolongée risquerait d’augmenter les pertes civiles, les critiques internationales, les accusations de colonisation et les manifestations antisionistes.
- Risque pour les otages : Zamir a souligné que l’extension des opérations pourrait mettre en danger les otages détenus par le Hamas, un point sensible pour l’opinion publique israélienne et le gouvernement.
- Fardeau logistique : Gérer une population de 2 millions de personnes dans une zone de guerre nécessiterait des ressources massives, que les FDI pourraient juger insoutenables à long terme.
- Évacuation de la population :
La directive de Netanyahou de préparer un plan d’évacuation suggère une stratégie visant à vider certaines zones de Gaza (notamment Gaza-Ville et le nord) pour permettre des opérations militaires intensives.- Objectif tactique de Netanyahou : Isoler les combattants du Hamas en réduisant la présence civile, facilitant les frappes et les incursions terrestres.
- Préoccupations humanitaires de Tsahal : Une évacuation massive a toujours été refusée par Tsahal, car elle soulève des préoccupations humanitaires majeures, déplacements forcés, crises de réfugiés et condamnations internationales, même si c’est une solution efficace pour empêcher le Hamas de se cacher parmi la population, puis en sortir pour tuer des soldats israéliens.
- Divergences stratégiques :
- Zamir veut sortir du conflit, la libération des otages et une réduction des engagements militaires, estimant que le Hamas est affaibli (« un ennemi mort ».
- Netanyahou veut une solution maximaliste. Il refuse de mettre fin à la guerre sans la destruction totale du Hamas afin de réduire à néant ses chances de reconstruire sa puissance, de se réinstaller et de reprendre le contrôle de Gaza – expliquant que les soldats, les pertes, auraient été pour rien. Cette position reflète également son discours de fermeté face à l’Iran, et c’est à lui, et à lui seul, que l’on doit la destruction de la capacité nucléaire de la dictature islamique par les Etats-Unis de Trump. Sans son discours constant depuis 15 ans, le président Trump n’aurait pas été convaincu de l’importance de se débarrasser de cette menace d’extermination des juifs, et plus largement, sur la paix mondiale.
Pendant de longs mois, les médias ont tenté de convaincre Netanyahou d’arrêter la guerre à Gaza en forçant des débats sur l’avenir de Gaza (« qui dirigera Gaza le jour d’après ? »), et en faisant croire que l’opinion publique israélienne était divisée entre ceux qui soutiennent la poursuite des opérations et ceux qui, comme Zamir, craignent un enlisement.
Tout cela n’était que manigance. Netanyahou a résisté et n’a pas répondu au « jour d’après », car c’était, et c’est toujours prématuré. Et si l’opinion publique est effectivement divisée, elle ne l’est pas à moitié comme les médias tentent de le faire croire, en faisant un effet de miroir grossissant sur la minorité de gauche qui appelle à déposer les armes face au Hamas.
La situation évolue rapidement. Ce matin, nous apprenions que le cabinet de guerre a été le témoin d’un vif échange entre le ministre Smotrich et Zamir, le premier ayant accusé le chef des armées de ne pas avoir totalement exécuté les ordres de la direction politique. Le Premier ministre est intervenu, a tapé du poing sur la table – littéralement – et la décision a été prise dans le sens désiré par le Premier ministre.
On peut craindre qu’elle soit appliquée à reculons par le chef des armées.
Conclusion
- Les tensions entre les FDI et Netanyahou reflètent un dilemme profond qui pervertit la démocratie et méprise les citoyens : qui dirige le pays, les fonctionnaires ou les élus ?
- Pendant combien de temps les Israéliens accepteront-ils d’être trompés ? On leur fait croire qu’ils élisent des dirigeants sur un programme, on leur fait croire qu’ils vivent en démocratie, que le peuple décide, puis l’Etat profond se met en marche et bloque les décisions majeures et applique une politique de gauche.
- Netanyahou a promis et il poursuit une victoire militaire totale. Tsahal bloque et cherche une issue négociée. La position de Zamir suggère que l’armée n’est toujours pas libérée de l’Etat profond, et que des « élites » non-élues sont encore aux commandes.
- Une escalade réussie à Gaza, combinée à l’affaiblissement de l’Iran et l’élimination de la menace du Hezbollah risque de donner une victoire politique décisive, immense, à la droite, avec en perspective la souveraineté sur la Judée Samarie, la réinstallation juive à Gaza, et la remise au placard du projet post-sioniste des progressifs israéliens.
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24/7.org
