Pourquoi avoir visé Kerem Shalom, “vignoble de la paix” ?

Il faut dire que ce qui est arrivé est à peine croyable. Dépasse l’entendement, dirait-on. Voyons.

La Maison-Blanche veut à tout prix mettre fin au conflit à Gaza, très impopulaire auprès d’une partie des démocrates. Ce conflit plombe la campagne de Joe Biden, qui brigue un second mandat. Oubliant les engagements pris après le 7 octobre, Les Etats-Unis pèsent de tout leur poids pour amener Israël à accepter les demandes du Hamas. Ils exigent également un accroissement sensible du nombre de camions qui entrent chaque jour dans la Bande de Gaza.

L’organisation terroriste ainsi confortée campe sur ses positions — comptant pour arriver à ses fins sur l’intense pression internationale exercée sur le gouvernement israélien, alors que la mobilisation des familles et des proches des otages ne faiblit pas. De fait, à la veille de la journée du souvenir de l’Holocauste, alors que la réponse du Hamas à la proposition élaborée avec l’aide de l’Egypte se fait attendre, le débat fait rage en Israël et jusqu’au cœur du gouvernement, dont certains membres menacent de démissionner si une réponse positive du Hamas est rejetée.

Tout peut encore arriver.

Sans doute pas assez vite pour Yahya Sinwar et ses cohortes. Se sont-ils dit qu’il fallait accentuer encore la pression ? En tout cas, ils ont pris une bien curieuse décision. Selon Le Figaro,

« Trois soldats israéliens ont été tués et 12 blessés dimanche par des roquettes tirées par la branche armée du Hamas autour de Kerem Shalom, principal point de passage de l’aide humanitaire depuis Israël vers la bande de Gaza », a indiqué à l’AFP l’armée israélienne. Parmi les blessés, «trois soldats sont grièvement» touchés, a-t-elle précisé. Les brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du Hamas, ont revendiqué ces tirs, qui ont conduit Israël à fermer le passage utilisé pour acheminer l’aide vers Gaza. 

C’est arrivé, rappelons-le, à la veille de la journée du souvenir de l’Holocauste. Un pur hasard ?

Passons sur le fait que les lanceurs de roquettes se trouvaient à Rafah, tout près de la zone humanitaire.

Mais pourquoi viser Kerem Shalom – “vignoble de la paix” – ce point de passage par lequel transitent chaque jour des centaines de camions chargés de tonnes d’aide alimentaire pour les habitants de Gaza ? Faut-il croire à un calcul machiavélique — les Israéliens vont fermer ce point au moins temporairement et vont être accusés de chercher à affamer les pauvres gazaouïs ? En tout cas, l’organisation terroriste s’est lourdement trompée.

En vain, ce brave Antonio Guterres a volé à son secours, déclarant : « Une “invasion” de Rafah, ville du sud de la bande de Gaza où Israël a promis de mener une vaste opération terrestre, serait “intolérable”. »

Le gouvernement a donné le feu vert à cette opération. En quelques heures, l’armée israélienne a pris le contrôle du côté gazaouïs du point de passage de Rafah avec la frontière égyptienne. « Tsahal », nous dit Le Figaro, « avait coordonné son opération avec les organisations humanitaires ». En moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, le Hamas a annoncé qu’il était prêt à accepter un accord.

Cette fois, c’est en position de force qu’Israël mènera les négociations.

© Michèle Mazel pour Israël24 7.org

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